Le Réseau des Journalistes Guinéens pour la Protection Sociale, REJGUI-PS en sigle, une plateforme qui regroupe des journalistes venus de plusieurs médias, a été créé en juin 2019 ainsi qu’un site spécialisé dans le traitement des informations à dimension sociale.
En effet, depuis cette date, plusieurs actions ont été posées, notamment le traitement de façon professionnelle, des informations liées au social en Guinée.
Après un an d’existence du réseau, Mamadou Oury Diallo, son président, fait l’état des lieux de la plateforme et évoque des perspectives, dans la veine de la poursuite des objectifs visés.
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Mosaiqueguinee.com : rappelez-nous la genèse de la mise en place du Réseau des Journalistes Guinéens pour la Protection Sociale (REJGUI-PS) ?
Merci à la rédaction de Mosaiqueguinee.com de nous donner l’opportunité de revenir sur les douze mois d’existence du REJEGUI-PS, en même temps, les douze mois d’existence du site d’informations sociales, guineeactusocial.com. L’idée est partie du fait que, comme on le sait dans la presse, on est dans l’élan de spécialisation des journalistes. C’est pourquoi, à ce jour, vous avez plusieurs structures de journalistes spécialisés, qui existent. On a été amené à faire le constat que, le plus souvent, le focus est mis sur des informations à connotation politique au quotidien, économique et le plus souvent sportive. Le plus souvent aussi, ce qui concerne les questions de vulnérabilité sont passées sous silence. La preuve est que, quand vous partez sur des sites d’informations, qui sont le plus souvent généralistes, vous regardez les fenêtres, les rubriques dédiées aux questions d’ordre social, sont toujours à la queue. Souvent, c’est les faits divers ou quand c’est les débris. C’est à cause de tous ces aspects et plusieurs autres non cités qu’on s’est dit qu’il faut créer un groupe de journalistes qui soient spécialisés sur des questions de protection sociale, qui puissent se former sur ces sujets, en devenir des spécialistes et véhiculer des informations liées à ces thématiques, de façon la plus spécialiste et la plus accessible à la population. C’est ainsi que le réseau a été créé et on s’est aussi dit, qu’il nous fallait un instrument de travail. C’est ainsi, on s’est dit de créer, dans un premier temps, un site d’informations spécialisées qu’est aujourd’hui, guineeactusocial.com. C’est un site qui est spécialisé uniquement sur des sujets d’ordre social.
Quel bilan dressez-vous aujourd’hui des douze mois d’existence du REJGUI-PS ?
Douze mois d’existence aujourd’hui, pour nous c’est une satisfaction. Parce que, durant ces douze mois, nous avons profité pour faire un peu de contenu, ce qui paraissait au départ, impossible pour certains, étant donné que ces genres d’informations ne tombent pas tous les jours comme les informations politiques, économiques ou sportives. L’actualité d’ordre social ne tombe pas tout de suite, mais on s’est habitué à ce rythme de départ qui fait que chaque fois que nous percevons, que nous sentons une information qui rentre en ligne de compte avec notre thématique, nous la traitons et la mettons à la disposition de nos lecteurs. On a pu faire du contenu, le site ne s’est pas arrêté comme le pensaient certains. On a donc gagné le premier défi. Le second a été de faire connaitre sur l’écosystème médiatique a aussi été réussi, parce que nous avons réussi aujourd’hui à appartenir à une des associations de presse en ligne de la place. Maintenant beaucoup de choses restent à faire, notamment en termes d’espace à occuper, mais on peut déjà dire qu’on est satisfait de ce premier défi qu’on s’est lancé de créer là où il n’y en avait pas, une plateforme spécialisée sur des informations à dimension sociale.
Le coronavirus impacte aujourd’hui tous les secteurs d’activités de par le monde. Quel est, à ce jour, votre regard sur l’impact d’ordre social de cette pandémie dans notre pays et comment vous avez eu à traiter des sujets y afférentes ?
En tant que journalistes spécialisés dans le domaine de la protection sociale, dans le domaine de sécurité sociale, il faut dire que nous avons plusieurs regards sur cette pandémie. Dans la mesure où, quand on parle de protection sociale, il y a beaucoup d’aspects. Il y a la question de santé communautaire, de santé alimentaire et aussi de vulnérabilité, qui nous intéressent et que nous traitons. Or, la pandémie de Coronavirus a frappé de multiples secteurs d’activité. Donc, nous traitons la pandémie en tant que maladie et aussi, les effets qu’elle cause. Ce qui fait que chaque jour, nous traitons des informations liées au virus, dans notre pays. L’autre aspect de la maladie, ce sont les conséquences. La pandémie est venue bousculer l’ordre des choses. D’abord, les activités économiques qui, pour la plus part, ont été arrêtées. Et les conséquences, justement, sont le fait que certains se sont retrouvés sans emploi ou en congé technique. Cela a aussi impacté le secteur informel qui se nourrit de la vente de ces services. Quand les gens n’ont pas de revenu, ils ne peuvent pas acheter. De ce côté aussi, il y aussi des conséquences. C’est ainsi qu’on parle du retour de la pauvreté, de la famine comme l’OMS l’entrevoie. Donc, nous nous focalisons sur ces sujets, à dire, oui aujourd’hui, la maladie fait beaucoup de dégâts sur le terrain. Il y a des gens qu’on a interviewés qui sont aujourd’hui en chômage, qui étaient pourtant le soutien de leurs familles. Pire, c’est que ces gens ne bénéficient pas du soutien et de l’accompagnement social, de leur employeur et aussi, n’ont aucune visibilité sur ce que prévoit l’Etat pour eux, comme il était annoncé et on le voit dans d’autres pays comme la France. Malgré l’annonce dans le plan de riposte proposé par le gouvernement, il y en a qui se retrouvent aujourd’hui en chômage depuis deux mois, notamment des enseignants des écoles privées dont les fondateurs n’assurent pas le salaire et l’Etat n’a rien prévu concrètement pour eux, jusqu’à date. C’est des sujets auxquels nous nous intéressons, parce qu’ils sont profondément d’ordre social. Notre constat sur ce domaine-là aujourd’hui, c’est que l’impact de la maladie est vaste, multisectoriel et les réponses ne sont pas encore à la hauteur du dégât créé par la pandémie. Et pourtant, la réponse véritable doit venir de l’Etat. Nous, nous avons questionné le plan de riposte pour savoir, depuis qu’il a été rendu public jusqu’à date, pourquoi telle activité n’a pas été réalisée ? Par exemple dans le plan, il y a le volet social, des activités qui sont prévues depuis le mois d’avril en termes de distribution de kits sanitaires ou de vivres, qui ne sont toujours pas réalisées.
A vous entendre, on a comme l’impression qu’avec Coronavirus, votre médias a plutôt eu une pléthore d’informations à traiter alors que d’autres en manquaient ?
Oui bien sûr ! Ça nous a permis de traiter beaucoup de sujets qu’on ne l’avait fait avant. Parce qu’aujourd’hui, même des sites qui parlent beaucoup plus politique, ne parlent que des questions liées au Coronavirus. Tous les secteurs se trouvent aujourd’hui dans un seul sens, à cause de cette histoire de Coronavirus. Il y a 48 heures seulement, le président a pris un acte pour créer deux fonds pour les entreprises et PME frappées par le virus. C’est la même chose qui se devrait pour les simples citoyens qui sont dans les ménages, pour beaucoup qui ont perdu leur travail ou qui évoluent dans l’informel et subissent les conséquences directes du virus.
Quelles sont les perspectives du réseau, pour sa deuxième année d’existence ?
Je crois que, l’objectif premier, c’est de toujours continuer à faire connaitre le réseau. Parce que, ce n’est pas facile de venir dans un écosystème où les gens sont habitués à des médias généralistes, et imposer le type de médias qui est le nôtre. Nous sommes connus dans le milieu médiatique. Maintenant que cela est fait, il faut que tous les partenaires qui agissent dans le domaine de la protection sociale sachent qu’il y a ce portail qui existe. Parce que, quand une institution comme Plan-Guinée, UNICEF, ENABEL ou même ANIES ou CENA, font des activités humanitaires à l’intérieur du pays ou même à Conakry, c’est clair qu’elles n’auront pas le même échos sur un médias d’informations générales qu’une information liée à Cellou Dalein Diallo, qui sont publiées au même moment. Mais si ces informations sont publiées sur une plateforme qui ne publie que des informations liées à ce domaine, c’est sûr que votre information sera lue. Notre objectif pour cette deuxième année, consiste donc à gagner des partenariats avec ces institutions et aussi de leur montrer la plateforme comme un portail unique où ils peuvent venir communiquer, en termes d’appui social. Nous prévoyons aussi de bénéficier de beaucoup de formation car, celui qui dit journaliste spécialisé, parle de formation et de renforcement de capacités. Nous sommes une vingtaine de journalistes venus de plusieurs médias, on cherchera donc à avoir beaucoup plus de formation sur les protections sociales.
MohamedNana Bangoura