Pour la petite histoire, c’est en 1967 que Miriam Makeba, en compagnie du président Ahmed Sékou Touré, lors d’une tournée au Foutah, a découvert Dalaba, aussi appelé Suisse de l’Afrique.
Et c’est le quartier ‘’chargeur’’ qu’elle avait choisi pour s’installer.
Celle qu’on surnommait Maman Africa, a vécu des moments heureux dans cette ville qui, comme elle le disait, lui rappelait son pays d’origine, l’Afrique du Sud.
C’est avec précaution que nous avançons vers la porte d’entrée de la case, guidés par les gardiens du temple.
La porte grince, mais la serrure répond encore. C’est par la cuisine de Miriam Makéba, que la visite commence. Les seaux, les cuisinières et autres ustensiles, sont encore visibles.
On se dirige, en suite dans le magnifique salon circulaire, meublé d’une grande table en bois, sa bibliothèque contenant quelques livres, des journaux et des lettres adressées à Madiba.
Ses fauteuils et un immense tapis en velours rouge, occupent tout le salon. Le plafond en pailles teintées, les murs gravés de signes géométriques, construits par des ingénieurs peulhs.
Plusieurs personnalités ont été reçues dans ce somptueux salon, au nombre desquelles des artistes, des activistes mais aussi des hommes politiques, comme l’ex président ghanéen Kwame Nkrumah ou encore le guinéen Sékou Touré.
Dans la chambre que Miriam a occupée la toute première fois, malgré quelques vols, certains de ses objets personnels sont toujours là. A l’image de son téléphone, son lit en fer, ou encore les tiroirs.
A l’extérieure de la maison, le garage, au-dessus duquel, une grande véranda, qui servait à la fois de lieux d’inspiration et de répétition pour Miriam Makéba.
A cause de sa générosité, les habitants de Dalaba l’avaient choisie comme “citoyenne d’honneur de Dalaba”.
« Quand elle voyageait, en rentrant à Dalaba elle apportait beaucoup de cadeaux à la population. Elle payait de habits, du riz et beaucoup d’autres choses. C’est ce qui lui a valu l’admiration de tous les citoyens de la ville. Aussi, elle assistait quasiment à toutes les cérémonies », témoigne Mamadou Tely Diallo, un des gardiens de la case.
Miriam a vécu à Dalaba quinze ans durant. Elle a été naturalisée guinéenne dans les années 1960, juste après avoir été expulsée de l’Afrique du Sud pour son combat antiapartheid.
Trente-cinq ans après son départ et onze ans après sa mort, sa villa est abandonnée à elle-même. Une case qui pourtant attirait de nombreux visiteurs, à cause surtout de sa magnificence.
Les gardiens qui s’occupaient de son entretien, ont dû abandonner, parce qu’ils n’étaient plus payés.
« C’est au temps de Sekou Touré que suis venu ici. A l’époque, c’est le gouvernement qui nous payait. C’est depuis le décès du président qu’ils ont cessé de nous payer. Après ça, Miriam Makéba, a instruit une certaine Fatou Diarra de nous payer. Elle aussi, trois mois après, elle a arrêté. Je suis resté ici pendant quinze mois, sans rémunération. C’est en ce moment que j’ai décidé de rentrer auprès de mes enfants », a confié Boubacar Sidigui Diallo, un autre gardien.
Jusque-là, toutes les actions de réfection de la maison, sont assurées par les gardiens. Leur rêve, voir les lieux se transformer en véritable centre culturel, hyper convoité en Guinée.
Alpha Mamoudou Barry, de retour de Dalaba pour mosaiqueguinee.com