Attention ! Si l’on n’y prend pas garde, les réseaux sociaux risquent de nous plonger dans des abîmes.
Monsieur le Ministre, je vous écris cette missive, en cette période cruciale de la vie de notre chère Nation, non seulement pour vous féliciter suite à votre nomination à la tête de ce Ministère hautement stratégique, mais aussi attirer votre attention sur le danger qui guette notre patrimoine commun. Si des mesures idoines et efficientes ne sont pas prises conformément aux dispositions constantes de la loi sur la cybercriminalité contre les dérives verbales des personnes sur les réseaux sociaux, nous nous acheminons tout droit vers la catastrophe.
Monsieur le Garde des Sceaux, ce support social constitue aujourd’hui un danger et une véritable menace pour la paix, la quiétude sociale et même une menace pour la démocratie dans notre pays. Le bien vivre ensemble est ébranlé par les agissements de certaines personnes sur la toile.
Si, sous d’autres cieux, ce nouvel acteur de la communication digitale permet de tutoyer du doigt les manèges aberrants des dirigeants, de la classe politique, des citoyens et de rapprocher davantage les uns des autres, force est de constater qu’ici chez nous, il est essentiellement consacré à mettre face à face des communautés pourtant vivant ensemble depuis des siècles, pour des considérations purement d’ordre politique.
Ailleurs, les médias sociaux sont un canal d’accès à l’information, un moyen de communication, d’échanges des populations sur des questions d’intérêt national. C’est aussi un espace pour tisser de nouvelles amitiés, établir et renforcer les relations existantes mais aussi, un espace privilégié pour faire la promotion des valeurs cardinales sociétales.
La triste réalité de chez nous fait que, pour des fins politiques, des individus ont détourné cet univers de communication de sa noble mission d’informer, de sensibiliser des populations et de renforcer le tissu social. Ici, il sert plus à attiser les tensions intercommunautaires que de mettre des guinéens ensemble.
Il suffit juste d’avoir des opinions contraires à celles de ces esprits maléfiques, pour qu’ils vous accusent de tous les péchés d’Israël, tout en vous injuriant et vous traitant de tous les noms d’oiseau.
Monsieur le Ministre, depuis belle lurette, des propos à relents ethniques et monstrueux sont légion, au vu et au su de tous, sur les réseaux sociaux.
Ces pyromanes au service des politiques en manque de repère s’adonnent à cœur joie et en toute impunité à ces pratiques en déphasage total avec nos valeurs sociétales. Ils tirent à boulets rouges sur des communautés pour des fins politiques.
A quoi a réellement servi l’adoption par l’Assemblée Nationale de la Loi N°L/2016/037/AN Relative à la Cyber-Sécurité et la Protection des données à Caractère personnel en République de Guinée, si les propos injurieux ,des propos à caractère communautaire continuent d’empoisonner de belle l’opinion publique sur la toile?
Pourtant, l’adoption de cette loi avait suscité une lueur d’espoir face à la répression des comportements dommageables sur les réseaux sociaux, notamment la diffusion des données à caractère personnel, la tenue des propos outrageants et la promotion de l’ethnocentrisme.
À un moment donné, la Justice, par le truchement de la Direction de la Police Judiciaire, avait pris son bâton de Pèlerin en ouvrant une véritable chasse aux sorcières contre ces individus extrêmement dangereux pour l’unité nationale, qui se livrent à ces pratiques de nature à fragiliser davantage un tissu social presqu’affecté pour ne pas dire en lambeau.
Vraisemblablement, ces actions de la Justice ont eu des répercussions positives sur les démarches des uns et des autres sur la batiste pendant un laps de temps.Malheureusement, cette bataille ouverte aux cybercriminels n’a pas eu long feu ; elle n’a été qu’un petit feu de paille.
Ces attitudes néfastes des internautes méritent d’être réprimandées à tous les niveaux car, nous avons de plus important à faire que d’attiser les tensions interethniques ou de traiter tels guinéens d’autochtones et tels autres d’allochtones.
Les fibres sociales sont affectées aujourd’hui à telle enseigne qu’en rajouter, c’est d’inéluctablement nous conduire tout droit à des querelles fratricides.
Mettre en branle de nos jours l’armada judiciaire, notamment les parquets que plus d’un trouve amorphes, contre ces individus n’œuvrant aucunement pour la consolidation du tissu social, serait l’un des plus grands services que vous pourrez rendre au vaillant peuple de Guinée car, cela disciplinera la toile.
De l’autre, il est impérieux aujourd’hui pour l’Etat d’équiper davantage la Direction de la Police Judiciaire des outils de démantèlement des faux profils afin de dénicher en un temps record ces esprits lucifériens se cachant souvent derrière de faux comptes pour inciter les gens à la violence et au rejet de l’autre. Notre avenir en dépend.
Pour rappel, la radio mille collines a joué un rôle nocif de premier plan dans le génocide rwandais. Et les réseaux sociaux vont beaucoup plus vite que les radios.
Pour terminer, Monsieur le Ministre, je voudrais vous souhaiter plein succès dans cette nouvelle fonction. Nous évaluons le poids des charges qui pèsent sur vos épaules mais, nous avons la ferme conviction que vous relèverez le défi car, vous n’êtes pas étranger au sérail judiciaire ; Votre apologétique parcours dans ce milieu délicat parle de lui-même.
En un mot, le vaillant Peuple de Guinée a foi en vous, surtout du fait du patriotisme dont vous avez fait montre à l’Agence Judiciaire dans la défense et la protection des intérêts de l’Etat.
Veuillez agréer, Monsieur le Ministre, l’expression de ma très haute considération.
Sayon MARA, Juriste