Les réactions des analystes politiques et chroniqueurs internationaux se multiplient, suite au coup d’État militaire qui a renversé le régime du président Ibrahim Boubacar Keita au Mali, le mardi dernier.
Dans une interview accordée à mosaiqueguinee.com, ce jeudi 20 Août, le président de l’Association Guinéenne des Sciences Politiques Kabinet Fofana, s’en est expliqué. Il a notamment abordé l’impact du coup de force dans le positionnement de la CEDEAO dans la crise qui s’est enlisée en juin. Lisez
1- De son avis sur l’irruption de l’armée au sommet de l’Etat malien ?
C’est très regrettable cette interruption du pouvoir civil par l’armée parce que la direction civile de l’armée est un des principes sacro-saints de la démocratie. Si l’armée malienne est connue pour son obsession pour les coup d’État en raison de ces coups de force à répétition, mais on ne s’attendait pas à cette irruption, brusque, de l’armée dans la crise. Il faut donc questionner les raisons ayant déterminé cette précipitation. La première explication en plus du contexte sociopolitique délétère favorable donc à un coup de force, ne serait-elle à la réforme programmatique de l’armée entreprises par le président IBK? C’est un élément qui explique d’une certaine façon le mécontentement de l’armée malienne.
La deuxième raison serait bien le rapport des Nations-Unies incriminant des hauts gradés de l’armée notamment dans le trafic de drogue. Ces facteurs aidés par la situation sécuritaire et les manifestations, ont possiblement surdéterminé le coup de force.
Par ailleurs, ce qui arrive au Mali atteste d’une fragilité de nos institutions et de nos États. L’incapacité de nos États à pouvoir s’investir dans une orthodoxie démocratique exigeant aux militaires à rester hors de la compétition politique. C’est donc un recul démocratique aussi bien pour la sous-région que pour le Mali qu’on pensait sorti de la spirale des coups d’État.
2- De l’avalanche de réactions de la CEDEAO et la communauté internationale, sur fond de sanctions?
Les condamnations des organisations internationales sont de principe. La première des choses qu’elles font est de réprouver le coup. Ensuite les bonnes offices se mettent en route. Elles ont eu à recourir à des manières fortes pour, soit faire accepter les résultats des urnes en Gambie. Est-ce qu’elles feront autant dans le cas malien ? Ce qui est moins probable quand on sait que récemment la CEDEAO a été récusée dans la crise post-électorale en Guinée-Bissau.
3-Quelles sont les pistes qui seront suggérées par la CEDEAO au Mali après le coup d’État
C’est difficile d’en dire mieux après le coup. On peut penser à l’organisation d’élections anticipées. Même si cette piste ne changerait en rien au mal déjà fait sinon qu’elle pourrait donner une raison morale aux mutins d’avoir interrompu le pouvoir d’IBK. Elle présente néanmoins le mérite de vite résoudre la discontinuité constitutionnelle.
D’aucuns esquissent un retour d’IBK aux affaires. Acceptera-t-il ? Les mutins seraient-ils favorables à cette position ? Que dire de l’aile dure des manifestants qui exigeait la démission du président IBK? Ce sont là des questions auxquelles seront confrontées les parties prenantes.
Interview réalisée pour mosaiqueguinee.com par Saidou Barry