L’ancien président de la République Nicolas Sarkozy a été mis en examen pour « association de malfaiteurs » dans l’enquête sur des soupçons de financement libyen de sa campagne présidentielle en 2007, selon le Parquet national financier.
L’ancien chef de l’État Nicolas Sarkozy a été mis en examen lundi 16 octobre à l’issue de quatre jours d’audition pour « association de malfaiteurs » dans l’enquête sur des soupçons de financement libyen de sa campagne présidentielle en 2007, a confirmé ce vendredi le Parquet national financier à l’AFP, après une information de Mediapart.
« Innoncence bafouée »
« J’ai appris cette nouvelle mise en examen avec la plus grande stupéfaction […]. Mon innocence est à nouveau bafouée par une décision qui ne rapporte pas la moindre preuve d’un quelconque financement illicite », a déclaré Nicolas Sarkozy dans un message publié sur Facebook.
Cette nouvelle poursuite, révélée par le site d’information en ligne, est la quatrième dans ce dossier pour l’ancien président de la République, qui s’était dit « totalement innocent dans cette affaire » et victime d’un « complot » après les mises en examen prononcées en mars 2018 pour « corruption passive », « recel de détournement de fonds publics » et « financement illégal de campagne ».
Une enquête à tiroirs
L’affaire du financement libyen présumé de la campagne 2007 de l’ancien président de la République a démarré en 2012 et donné lieu à une enquête à tiroirs.
Au printemps 2012, des accusations de financement libyen de la campagne 2007 de Nicolas Sarkozy, lancées l’année précédente par le fils de Mouammar Kadhafi, Seif al-Islam, se précisent : Mediapart publie des documents affirmant que Tripoli aurait, en 2006, donné son accord pour un financement de 50 millions d’euros. Nicolas Sarkozy porte plainte contre Mediapart. Une enquête pour « publication de fausse nouvelle » se soldera par un non-lieu.
Le 3 mai, l’ex-Premier ministre libyen al-Baghdadi al-Mahmoudi, emprisonné en Tunisie, affirme, selon des propos rapportés par ses avocats tunisiens, que la Libye a bien financé la campagne 2007 de Nicolas Sarkozy.
Dans la soirée, un avocat français disant également le représenter dément qu’il ait tenu ces propos. En décembre, l’homme d’affaires franco-libanais Ziad Takieddine, poursuivi dans une autre affaire, affirme devant un juge détenir des preuves de ce financement libyen.
Le 19 avril 2013, le parquet de Paris ouvre une information judiciaire contre X.
Les tableaux de Guéant
Fin avril, le Canard Enchaîné révèle qu’une perquisition chez Claude Guéant a permis de découvrir un versement de 500 000 euros depuis l’étranger effectué sur un compte de l’ex-homme de confiance de Nicolas Sarkozy. Claude Guéant justifie cette somme par la vente de tableaux de maître à un avocat malaisien.
En mai, L’Express révèle qu’un virement suspect de 25 000 euros, provenant de Jordanie sur un compte de Claude Guéant, a été découvert le même jour. Le 7 mars 2015, l’ancien ministre est mis en examen pour faux et usage de faux, et blanchiment de fraude fiscale en bande organisée. Un homme d’affaires saoudien, Khalid Ali Bugshan, est également mis en examen, soupçonné d’avoir joué un rôle dans le versement des 500 000 euros.
Nouvelles accusations
En septembre 2016, le carnet de Choukri Ghanem, ancien ministre libyen du Pétrole retrouvé mort noyé quatre ans plus tôt, est transmis aux enquêteurs. Il mentionne trois versements en 2007 destinés à Nicolas Sarkozy, totalisant au moins 6,5 millions d’euros.
Le 15 novembre, Ziad Takieddine affirme avoir personnellement remis 5 millions d’euros en liquide, provenant de Libye, en 2006 et 2007 à Nicolas Sarkozy et Claude Guéant. En février 2020, Claude Guéant fera condamner Ziad Takieddine pour diffamation.
Ce dernier est mis en examen le 7 décembre 2016, pour complicité de corruption et de trafic d’influence notamment. Le 8 janvier 2018, l’homme d’affaires franco-algérien Alexandre Djouhri, soupçonné d’avoir servi d’intermédiaire, est arrêté à Londres.
Mises en examen
Le 21 mars, Nicolas Sarkozy est mis en examen pour « corruption passive, financement illégal de campagne électorale et recel de fonds publics libyens ». Il fait appel. Bachir Saleh, ex-argentier de Mouammar Kadhafi, évoque le 22 mai sur France 2 des versements occultes du régime libyen à Nicolas Sarkozy.
Le 29 mai, Eric Woerth, ancien trésorier de la campagne, est mis en examen pour complicité de financement illégal. Claude Guéant est de nouveau mis en examen le 17 septembre, pour « corruption passive » notamment.
Le 31 janvier 2020, Alexandre Djouhri est mis en examen, notamment pour « corruption active », et placé en détention provisoire en France, où il a été extradé. Remis en liberté pour raisons médicales, il est assigné à résidence.
Thierry Gaubert, ancien collaborateur de Nicolas Sarkozy, est mis en examen pour « association de malfaiteurs » le 31 janvier 2020. Le 24 septembre, la cour d’appel de Paris rejette les recours déposés par Nicolas Sarkozy et ses proches, validant ainsi l’enquête. Le 12 octobre, Nicolas Sarkozy est mis en examen pour « association de malfaiteurs », à l’issue de quatre jours d’audition par les juges chargés de l’enquête.
La rédaction avec AFP