L’enjeu le plus constant dans une élection présidentielle américaine étant le vote des “swing states” qui sont les États qui pourraient être remportés par le candidat démocrate ou républicain selon l’attitude électorale des minorités et des indécis, le candidat Donald Trump, convaincu que si les minorités votent massivement cela risquerait d’être largement en sa défaveur, semble adopter une stratégie inédite : créer le doute sur la fiabilité du système électoral en ayant dans son viseur le vote par correspondance qui est historiquement favorable aux démocrates, pour atteindre son objectif qui est de créer un taux d’abstention considérable des électeurs du camp adverse a cause du manque de motivation lié a la crise de confiance comme cela avait été le cas en 2016.
Alors, n’espérant pas obtenir leur soutien, il aura ainsi l’avantage de leur abstention éventuelle sans avoir à s’inquiéter sur ses partisans qui se mobilisent toujours avec un fort taux de participation. Il faut rappeler que c’est à ce niveau surtout que l’ingérence Russe avait été très préjudiciable à la candidate démocrate Hillary Clinton car les faux comptes sur les réseaux sociaux et les fausses informations (”fake news”) relayées par les médias classiques avaient significativement désorienté et démotivé ses électeurs.
L’agressivité de Trump dans le débat en utilisant le langage de la virulence et du mépris, obéi à une stratégie qui consiste à séduire davantage ses soutiens inconditionnels dont les conservateurs évangélistes et la droite extrémiste qui montre de plus en plus un caractère suprématiste assumé. D’ailleurs ses électeurs traditionnels sont souvent perçus comme incultes, peu ouverts et figés dans leur façon de penser. Ce qui rend quasiment impossible pour un centriste progressiste de grignoter dans un tel électorat.
Les attaques qui conduisent à situer Joe Biden dans l’extrême gauche, qui est une position favorable aux programmes de gratuité soutenus par les partisans de Berni Sanders, sont une façon de diviser le camp démocrate et faire rejeter son candidat par les industriels et le milieu de la finance; ce sont des tenanciers de l’économie dont le soutien est déterminant pour la victoire d’un candidat.
Enfin sa ligne radicale de “la loi et l’ordre”, c’est pour instaurer la psychose et la peur au sein des populations pour leur faire croire que les récentes protestations contre le racisme et les inégalités, représentent une menace pour la sécurité nationale. C’est pourquoi d’ailleurs il traite souvent les protestataires d’anarchistes. Et cela l’amène à espérer convaincre les Americains qu’il est le Président qui peut mieux les protéger face aux différentes menaces internes et celles liées aux enjeux de la géopolitique mondiale. Donc il lui faut créer des crises même artificielles si nécessaire pour se proposer comme étant la solution.
Aliou BAH
Ancien boursier du département d’État sur le processus électoral américain
MoDeL