A Macenta, des violences intercommunautaires ont fait au moins 11 morts et plusieurs personnes blessées, durant le week-end du 26 et 27 décembre 2020.
Le ton est monté d’un cran entre les Tomas et les Tomas Mania, deux communautés majoritaires qui cohabitent depuis des siècles et qui ne s’entendent plus sur la paternité et l’héritage historique de la ville.
Le calme est revenu dans la cité et l’un des médiateurs à ramener la quiétude se nomme Lucien Beindou Guilao. En compagnie du ministre d’État Oyé Guilavogui et des sages de la localité, ils ont pu désamorcer la poudrière.
Dans un entretien qu’il a accordé à mosaiqueguinee.com, Lucien Guilao a d’abord déploré les violences, avant de revenir sur ce qui s’est passé. Enfin, tout en indexant les auteurs, il a invité, une fois encore, ses concitoyens, à cultiver la paix.
Mosaiqueguinee.com : Bonsoir Lucien Beindou Guilao? Les violences meurtrières de Macenta ont fait une dizaine de morts, des blessés et plusieurs dégats matériels. Comment en est-on arrivé là?
Lucien Beindou Guilao : « Ce qui s’est passé est inadmissible, il faut qu’on soit clairs là-dessus. Pour moi, il s’agit d’un conflit entre deux membres d’une même famille et non un conflit interethnique. Et, c’est une honte pour nous, nous avons tous encaissé que ce qui s’est passé était inadmissible. Nous avons mené des démarches, le gouverneur en tête de liste, pour que le calme revienne. C’est tout le monde qui perd quand il y a des morts, ils ont senti la nécessité d’appeler et d’œuvrer pour la paix. C’est une affaire de famille et ils sont tous tombés d’accord qu’ils sont en famille, qu’il s’agit des oncles et des cousins d’une même famille, qui doivent s’assoir autour d’une même table pour la manifestation de la vérité. Et, également, mettre les points sur les i, pour que ça ne se répète plus. Les sages ont compris que la violence n’était pas nécessaire. Il y a des morts, la destruction des biens et des blessés. Macenta est une ville qui a toujours sollicité du gouvernement, son appui pour son développement. Et si on se met encore à disputer au point qu’il y ait des morts, ça ne sera pas une bonne chose et on ne bénéficiera pas des programmes du gouvernement et des partenaires techniques. Ils ont compris la nécessité de se revoir, pour de mettre les points sur les i afin que tout ça ne se répète plus dans l’avenir. Si vous constatez, il n’y a que cette situation qui embête Macenta et il faut l’enlever définitivement.
Mosaiqueguinee.com : Vous êtes un fils de la localité. Selon vous, quel est l’homme qui doit présider le pouvoir patriarcal ?
Lucien Beindou Guilao : «Cela ne me concerne pas. Je n’ai pas la compétence de dire qui doit être patriarche et qui ne doit pas l’être. Mais, comme je l’ai dit tantôt, c’est entre oncle et neveu. Je pense qu’après, on sera tous d’accord. Mon rôle est de participer au retour de la paix. Et ça, j’ai été plutôt à l’aise. Figurez-vous que je connais très bien le patriarche Dao Koïvogui et je connais Elhadj Bakary Kourouma. Si je ne les connaissait pas très bien, j’aurai eu des problèmes à les aborder mais heureusement».
Mosaiqueguinee.com : un message en l’endroit des habitants de Macenta
Lucien Beindou Guilao : « L’appel que nous lançons, c’est que les jeunes, les communautés, ne doivent pas être sensibles aux manipulations. Il faut faire remarquer que tout ce qui arrive là, n’est pas le fait d’un naïf, d’un enfant ou d’un fou. Ce qui arrive là est l’œuvre de cadres, des hommes intelligents, intellectuels qui mettent les gens de Macenta à l’épreuve de la manipulation, qui ne sont pas forcément préparés pour faire face. Des deux côtés, c’est le même sentiment. Chacune des communautés indexe les intellectuels»
Interview réalisée par Mohamed Bangoura