Monsieur le député,
Parlez de ce que vous savez. Vous ne savez apparemment pas grand chose des questions de procédure pénale. Il y a quelques années, votre « guide », comme l’appellent certains, avait opté pour la stratégie du silence et du boycott de son procès pour protester contre ce qu’il considérait, à juste raison, comme une comédie judiciaire. Cette décision faisait suite au retrait de ses nombreux avocats( guinéens, sénégalais, nigériens, maliens, français) qui n’avaient pas accepté le rejet par la Cour de Sûreté de l’État des exceptions de procédure qu’ils avaient soulevées. Ce n’était pas une question d’humeur. C’était une manière pour lui d’éviter de prendre part à la chronique d’une condamnation annoncée.
Votre « guide » s’était rendu compte que sa condamnation était déjà programmée en dépit de la vacuité de son dossier. Il ne voulait pas de par son attitude cautionner une parodie de justice.
Bon nombre de Guinéens avaient approuvé et salué à l’époque sa décision. Son procès était politique et il ne fallait pas s’attendre à une décision judiciaire juste et équitable. C’est le même constat que font aujourd’hui ses opposants illégalement détenus pour des motifs éminemment politiques.
Par ailleurs, le fait d’apprécier deux ou trois décisions de justice ne signifie pas que le fonctionnement de la justice est exempt de critiques. D’ailleurs, les décisions de justice qui innocentent des opposants sont si rares qu’elles méritent d’être citées en exemple pour encourager d’autres juges à faire preuve du même courage dans la prise de leur décision.
Il faut noter que les juges qui ont eu parfois le courage de rendre des décisions en toute impartialité sont très souvent marginalisés, stigmatisés, blacklistés et considérés comme « complices » des avocats de l’opposition. Le mot « complice » a été lâché lors d’un récent procès par un magistrat au sujet de ses collègues ayant rendu des décisions favorables à des opposants.
Le Collectif d’avocats qui défend les détenus politiques est conscient qu’il est impliqué dans un procès politique.
L’attitude de l’avocat ne peut être la même dans un procès politique et dans un procès ordinaire.
Me Mohamed Traoré, coordonnateur du collectif des avocats des opposants arrêtés, ancien bâtonnier