« Nous constatons que la situation s’aggrave et nous avons donc décidé de suspendre jusqu’à nouvel ordre tous les vols entre le Brésil et la France », a expliqué le Premier ministre Jean Castex lors de la séance de questions au gouvernement à l’Assemblée nationale.
Depuis février, la situation ne cesse de s’aggraver au Brésil en raison de l’émergence d’un variant local du virus, appelé P1, considéré comme plus contagieux et plus mortel, mais encore très minoritaire en France.
Ce mardi sur RFI, le président du groupe Les Républicains à l’Assemblée nationale Damien Abad avait fait part de son incompréhension concernant le maintien des lignes entre la France et le Brésil : « Je ne vois pas comment au moment où on confine les Français, on puisse maintenir cette liaison aérienne ». La veille, en effet le ministre délégué aux Transports Jean-Baptiste Djebbari avait justifié l’existence de ces vols par le respect du droit, le Conseil d’État ayant disposé que les ressortissants français « au nom de la liberté de circulation, devaient pouvoir continuer à venir ».
Les pays face à la crainte des variants
Le variant brésilien préoccupe médecins et scientifiques, surtout en raison de sa plus grande résistance aux vaccins existants contre le Covid-19. Le Brésil n’a pas réagi à la décision de la France, ou presque, rapporte Martin Bernard à São Paulo. Le ministère des Affaires étrangères a sobrement noté que les politiques sanitaires adoptées dans le cadre de la pandémie sont du ressort exclusif des gouvernements. Il reconnaît aussi que la crainte de nouveaux variants peut motiver des « mesures rigoureuses ». Le Brésil a lui-même fermé ses frontières avec le Royaume-Uni et avec l’Afrique du Sud.
De son côté, la communauté française s’étonne du caractère radical de cette mesure. Oui, « la situation pandémique que nous vivons au Brésil est catastrophique », estime l’Alliance Solidaire des Français de l’Étranger, mais des mesures de quarantaine auraient pu, selon elle, être suffisantes. Pour la communauté d’affaires, c’est la douche froide. Une mesure « affligeante », affirme un dirigeant, qui estime que cette décision pourrait même avoir une connotation politique à l’égard du gouvernement Bolsonaro.
Capucine Morsch, web-entrepreneuse française, a eu du mal à croire que son voyage au Brésil serait vraiment annulé. C’est la deuxième fois qu’elle doit faire une croix sur un grand voyage professionnel depuis le début de la pandémie. Elle devait partir à Rio dans les prochains jours, et retrouver sa mère par la même occasion.
« On ne peut plus se projeter. Un jour ça va, un jour on peut plus rien faire… C’est très embêtant, surtout que là, c’était deux voyages à caractère professionnel. On perd de l’argent, de l’énergie, du temps. Et puis, c’est stressant parce qu’on peut plus partir en voyage professionnel, en vacances, on peut plus partir nulle part », déplore-t-elle au micro de Sarah Cozzolino.
La France sera à un nouveau tournant le 26 avril
Avec plus de 99 000 morts et près de 6 000 malades du coronavirus soignés en services de réanimation, la France subit toujours la troisième vague de coronavirus et les indicateurs ne montrent pas d’amélioration à l’hôpital, laissant ouvertes les questions sur un relâchement des contraintes.
Le président Emmanuel Macron avait estimé qu’une réouverture progressive et sous contrôle des terrasses de cafés et restaurants et de certains lieux culturels pourrait débuter mi-mai. Une première étape charnière est attendue le 26 avril, avec le retour en classe pour les enfants du primaire, après trois semaines de fermeture des écoles.
En plus de la fermeture de nombre de magasins jugés non essentiels, les Français sont censés rester chez eux pendant les deux semaines de vacances scolaires qui ont commencé le week-end dernier. Les voyages entre régions sont interdits et couvre-feu à 19h a été imposé dans l’ensemble du pays, dans l’espoir de freiner l’épidémie.