Opposants, avocats et société civile, tous s’accordent à dire que le Premier ministre se donne de plus en plus de libertés avec la vérité. Comme cette sortie récente du Premier ministre chez nos confrères de Djoma FM, où Kassory Fofana déclare sans sourciller, je cite : « J’ai tout fait pour faire la lumière sur les cas de morts survenus avant mon arrivée. Mais les juges d’instruction, les procureurs n’ont pas pu, parce que cette opposition bloque toute manifestation de la vérité. Elle terrorise les victimes pour qu’elles refusent de témoigner. Quand le juge d’instruction vient sur les lieux du crime pour interroger les victimes, personne ne parle », fin de citation.
Des propos qui ont eu une résonance négative dans l’opinion. Provoquant du coup une levée de boucliers chez les familles des victimes et leurs conseils.
Et comme du berger à la bergère, Me Thierno Souleymane Baldé, avocat des victimes, n’a pas fait dans la dentelle, dans sa réplique à ces propos de Kassory.
En disant de but en blanc : « L’affirmation de M. Kassory Fofana selon laquelle les juges d’instruction sont venus sur les lieux des crimes, mais que personne n’a parlé est totalement fausse ». Sur le site d’Africaguinee.com qui rapporte la réaction du robin, celui-ci a expliqué avec le menu que les différentes plaintes déposées au TPI de Dixinn n’ont tout simplement pas prospéré. Comme s’il renvoyait Dr Kassory à mieux se pourvoir. Dans sa volonté de jeter l’opprobre sur l’opposition, dans le seul but de dédouaner son gouvernement. Car ces tueries ne peuvent s’effacer d’un trait de plume. Il va falloir tôt ou tard que les circonstances de toutes ces morts soient élucidées.
Et Me Mohamed Traoré, avocat des bonnes causes, y va dans le même sens en relevant je cite : « lorsqu’un nombre aussi élevé de jeunes et d’adolescents sont tués pour avoir simplement pris part à des manifestations, donc dans l’exercice d’un droit constitutionnel, c’est accablant et surtout peu honorable pour un gouvernement. Comment peut-il justifier ou tout au moins expliquer ces actes et l’impunité dont semblent bénéficier leurs auteurs ? En rapprochant les propos du Premier ministre de ceux d’autres ministres notamment celui de l’Intérieur, on s’aperçoit que l’État a opté pour la stratégie de la dissimulation de la vérité, de la négation de la réalité ».
D’ailleurs le président de l’Union des forces démocratiques de guinée (UFDG), Cellou Dalein Diallo a trouvé ces propos de Kassory, choquants pour la décence.
Qu’il ne reconnaissait plus ce Kassory qui était pourtant auparavant, d’une grande probité morale. Qu’il en soit réduit à répéter des choses qui plairaient à Alpha Condé, prouve jusqu’où le président était capable de prendre le contrôle sur ses collaborateurs. Comme le gourou domine ses disciples.
Cette déclaration du Premier ministre sur les tueries avait été précédée de sa sortie devant les honorables députés, lors de son discours de politique générale, prononcé le 08 avril dernier, en marge duquel, il réfutait les allégations, mettant en cause le gouvernement dans les opérations de démolition des habitations dans le grand Conakry. Il avait même à la stupéfaction générale, fait comprendre que ni lui ni le chef de l’Etat n’était au courant de ces casses. Des opérations d’envergure pourtant lancées avec tambours et trompettes par le ministre de la Ville et de l’urbanisme, Dr Ibrahima Kourouma qui risque de finir comme l’agneau sacrificiel.
On aurait simplement classé ces boulettes dans le registre du grand bêtisier politique, si elles ne semblaient pas laisser échapper des arrières pensées d’un Premier ministre qui, comme son gouvernement, semble exceller dans le déni et la défausse.
Mais venant de Kassory, rien ne doit dorénavant nous surprendre. Comme s’il s’était brulé les vaisseaux, en jouant à Pinocchio.
Mamadou Dian Baldé
