Amnesty International vient d’en remettre une grosse louche sur les violations des droits humains en Guinée, dans un rapport publié récemment. L’ONG a profité de l’occasion pour dresser un réquisitoire assez sévère contre le régime de Conakry qui, à en croire le contenu de ce rapport, n’aura pas été à la hauteur des attentes en matière de droits humains.
A l’origine de ce mal, Amnesty International pointe du doigt « le projet de modification controversée de la Constitution et des résultats contestés de l’élection présidentielle ».
Dans la foulée, l’ONG déplore que des membres des forces de défense et de sécurité, ayant ôté la vie à des dizaines de personnes lors de convulsions politiques, provoquées par le projet de troisième mandat et la présidentielle du 18 octobre demeurent impunis. Et qu’en lieu et place, ce soit des membres de partis politiques d’opposition et des militants prodémocratie qui soient arrêtés et détenus arbitrairement.
Amnesty International n’a pas non plus manqué de relever les restrictions imposées dans le cadre de la lutte contre la pandémie de Covid19, en termes de « droit à la liberté d’expression et au droit de réunion pacifique ».
Sans oublier que « le droit à la santé des prisonniers était mis à mal par une surpopulation chronique et des conditions de détention déplorables », peut-on lire dans le même rapport.
Cet enfer des opposants et des militants prodémocratie aura duré de mars à octobre 2020.
Dans le registre des homicides illégaux, Amnesty a pu dénombrer une quarantaine de victimes, tombées entre le 21 mars et le 30 novembre de l’année dernière. Par la faute d’un usage disproportionné de la force par les forces de défense et de sécurité contre des manifestants. Parmi les personnes tuées figurées également des hommes en uniforme.
Le pouvoir de Conakry se voit surtout reproché son caractère chatouilleux. Le fait de passer par pertes et profits les bévues commises par des hommes en treillis.
La preuve manifeste de cet état de fait serait le refus du gouvernement de situer l’opinion sur les homicides de manifestants. A cela il faut ajouter le retard accusé dans du procès des auteurs présumés du massacre du 28 septembre 2009 au stade de Conakry. Alors que l’information judiciaire s’est achevée depuis 2017.
Ce rapport bien que battu en brèche par Conakry, ne serait que l’arbre qui cache la forêt du peu d’efforts consenti en matière de droits humains, depuis l’avènement d’Alpha Condé au pouvoir en 2010.
Comme si l’on était tombé de charybde en Scylla.
Mamadou Dian Baldé