Les pratiquants du traditionnel métier de tisserand, deviennent moins nombreux dans des localités du pays. C’est le cas de Dinguiraye où la confection du tissu (leppi) se réduit considérablement faute de concepteurs suffisants.
Les quelques tissus que conçoivent ces tisserands, sont pour la plupart envoyés dans des localités de Dinguiraye pour être vendus à l’occasion des marchés hebdomadaires.
Rencontrés le samedi 22 mai 2021 par notre rédaction, ces tisserands qui ont érigé leur atelier en pleine aire, nous ont décrit leurs conditions de travail.
À les observer, le premier constat qui frappe aux yeux, c’est leur exposition aux intempéries de la nature.
Djiby N’diaye communément appelé Mabö, est leur premier responsable : « Compte tenu du manque apparent de moyens à notre niveau, nous sommes confrontés à de sérieuses difficultés. D’abord, nous n’avons pas de place appropriée. Par exemple, là où nous y sommes, c’est sous un orangier, que nous avons monté notre atelier. Et c’est grâce aux fils du frère Madany Cissoko qui nous ont prêté cet espace. Donc, nous les tisserands qui sommes au centre-ville ici, nous souhaitons exercer notre métier ensemble sur un espace commun. Mais, pratiquement nous n’avons pas de place. Nous sollicitons l’obtention d’une place. Ensuite, nous manquons de matériels de travail. Nous tendons la main au gouvernement et aux bonnes volontés pour ça. Nous avons suffisamment la volonté de travailler, mais, nous manquons de moyens », a-t-il fait savoir.
Assis au milieu de ses 33 bois, manœuvrant la navette entre les mains droite et gauche à tour de rôle, Diouhè Bhoye Diallo et ses collègues sont en majorité des natifs de Labé. Il invite les pères de famille à intégrer leurs enfants dans ce métier.
« Comme l’a dit tout de suite notre chef, nous sommes confrontés à d’énormes difficultés dont le manque criard de fonds de fonctionnement, malgré nos sollicitations. Néanmoins, nous ne nous décourageons pas. Je pratique ce métier depuis plus de 10 ans à Dinguiraye. Mais, personne n’a envoyé son enfant auprès de nous ici pour apprendre. De nos jours, ce métier tend vers la disparition au centre-ville ici. Le jour où nous qui sommes venus du Fouta nous rentrerons chez nous, il n’y aura pas de tisserands ici. Je demande aux pères de familles d’envoyer leurs enfants pour apprendre ce métier qui est purement traditionnel », a-t-il lancé.
Diankorka Diallo sollicite de l’État et des bonnes volontés, la construction d’un hangar pour leur permettre de travailler à l’intérieur.
« Sinon, avec les conditions actuelles de travail, nous ne pourrons pas travailler pendant la saison pluvieuse », a plaidé ce tisserand.
Mamadou Sagnane