Malgré les mesures annoncées par le ministère de l’éducation nationale, la première journée du Baccalauréat Unique a été marquée par un certain nombre d’anomalies.
Des sujets du BAC photographiés se sont retrouvés sur la toile, mais aussi des téléphones ont été saisis, dans certains centres à travers le pays.
Aboubacar Mandela Camara qui déplore cette situation pointe du doigt l’inconscience des personnes qui se sont livrées, à ces actes jugés peu orthodoxes.
« Par rapport à l’utilisation des téléphones dans les centres, l’initiative des détecteurs de métaux est salutaire. Le problème est que le mal est plus profond que ça. Les détecteurs de métaux peuvent détecter les téléphones mais pas la cécité morale, et l’irresponsabilité professionnelle. Aujourd’hui notre système éducatif est caractérisé par une immoralité totale de l’ensemble des acteurs (élèves, encadreurs, enseignants). Il y a même certains parents d’élèves qui sont impliqués également dans ces réseaux mafieux», a-t-il déploré d’entrée de jeu, au micro de mosaiqueguinee.com, ce vendredi 23 juillet 2021.
Ce consultant en éducation regrette le modus operandi des acteurs du système éducatif guinéen, en matière de choix des sujets.
« Par rapport à la fuite des sujets, tout enseignant sait que ces sujets-là peuvent être connus avant même la tenue des examens. Généralement dans les écoles, la direction choisit le meilleur enseignant dans chaque domaine, pour lui demander de produire un sujet qui pourrait être donné au BAC, la direction dépose ce sujet-là au niveau de la DCE ou de la DPE et ainsi de suite. Dans cette chaîne, les épreuves vont forcément tomber dans les mains d’un cadre véreux qui va les utiliser pour ses fins. N’oubliez pas que ces réseaux mafieux aujourd’hui ne sont pas seulement constitués d’acteurs de l’éducation, il y a même des acteurs externes qui utilisent ces examens pour se faire des centaines de millions. C’est comme si nous n’étions pas au 21ème siècle, on donne les épreuves-là aux inspecteurs régionaux pour les envoyer à l’intérieur du pays», a-t-il fait remarquer.
Au-delà de trouver des agents honnêtes et prêts à signaler des cas de fraude dans les différents centres d’examen, cet enseignant-chercheur estime qu’il est nécessaire de battre une campagne de sensibilisation en l’endroit des acteurs, sur les enjeux liés à la fraude.
Hadja Kadé Barry