La poursuite des discussions au sein du cadre de dialogue relancé par le premier ministre guinéen, le sursis accordé à la Guinée par la CEDEAO, en vue de fournir un calendrier acceptable pour le déroulement de la transition et bien d’autres sujets brulants de l’heure que notre rédaction avons bien voulu aborder avec le président du parti Génération Citoyenne.
Dans cette interview, l’ancien vice-président de la 9ème législature sous Alpha Condé dénonce un manque de volonté politique de la part du Comité National du Rassemblement pour le Développement afin d’œuvrer pour un retour rapide à l’ordre constitutionnel.
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Mosaiqueguinee.com: M. Soumah le premier ministre annonce la poursuite du dialogue politique même si certains leaders politiques restent encore dubitatifs sur la question. Dites-nous ce que vous pensez de la démarche ? Etes-vous optimiste quant à l’aboutissement de cette initiative ?
Fodé Mohamed Soumah: Le postulat est que la GéCi s’est retirée de son alliance politique et du G58, suite aux atermoiements disparates multiples. On ne peut pas vouloir d’une chose et de son contraire. Les coalitions politiques représentatives avaient sollicité une rencontre tripartite : entités politiques, gouvernement et CNRD, avec l’accompagnement d’un facilitateur. Mais nous tournons en rond depuis 10 mois, alors qu’il nous suffisait de les regarder faire avec leur CNT, les concertations et autres assises nationales, pour qu’ils sachent que la classe politique est incontournable. Cette transition se terminera par des élections qui aboutiront au retour à l’ordre constitutionnel. Donc, comment être optimiste quand on voit le résultat de la 1ère rencontre avec le méli-mélo des religieux et autres corporations ? Du reste, la GéCi ne se sent plus concernée car elle n’appartient à aucune coalition. Désormais, nous interviendrons et répondrons au nom de la Génération Citoyenne si nécessaire.
À l’issue du 61e sommet de la CEDEAO tenu à Accra, les dirigeants Ouest-africains ont rejeté le délai des 36 mois adopté par le CNT comme durée de la transition. Dans leurs résolutions, ils ont désigné l’ancien président béninois Thomas Boni Yayi comme facilitateur de l’institution auprès de la Guinée tout en donnant un ultimatum d’un mois à la junte, afin de présenter un nouveau calendrier. A quoi peut-on s’attendre à votre avis ?
A rien que nous ne sachions déjà ! La junte a décidé de rester droit dans ses bottes, tout en sachant que cette durée ne serait pas acceptée. Nous ne sommes pas face à un marchandage ou la question de la souveraineté nationale. Nous parlons du peuple qui va subir les conséquences d’un blocus et des sanctions pour lesquelles le pays n’est pas préparé. J’exhorte les autorités à respecter les 5 priorités annoncées par le Président de la transition et qui ne peuvent pas excéder une année si les propositions de la GéCi sont suivies. La révision de la Constitution de 2010 et celle des listes électorales, suivies des 3 élections dont les locales et Législatives couplées. Pendant que le Burkina a fait le toilettage de sa constitution en quelques jours par des patriotes bénévoles, nous en sommes encore à constituer l’équipe chargée de produire une nouvelle constitution. C’est une preuve manifeste de mauvaise volonté qui ne passera pas. D’autant plus que le porte-parole du gouvernement a déclaré que la transition ne démarrera qu’avec la promulgation du décret qui donnera le la.
Ces derniers jours la capitale guinéenne présente une image peu reluisante due aux ordures qui jonchent les artères. Pour débarrasser Conakry de ces tas d’immondices, le président de la transition a suspendu le conseil des ministres et instruit les chefs de département de descendre sur les lieux. Pensez-vous que c’est la meilleure formule ?
La surprise a été totale quand on sait que non seulement l’Etat est une continuité, mais encore que des solutions idoines existent. Où sont la gouverneure, les maires, les chefs de quartiers et les milliers d’emplois que généreraient la mise en place de PME-PMI ? Sans compter les centres de traitements et de recyclage pour produire de l’engrais et de l’électricité à l’instar de nombreux pays ? Franchement, ça nous ramène aux hectares octroyés aux ministres pour nourrir je ne sais qui, alors que nous disposons de plus de 6 millions de terres cultivables ou la villégiature à l’intérieur du pays organisée par le gouvernement ?
À la faveur d’un point de presse animé par la Cour de Répression des Infractions Économiques et Financières le vendredi 15 juillet 2022, le Procureur Spécial a annoncé que l’ancien premier ministre guinéen Kassory Fofana à lui seul est reproché d’un détournement de plus de 46 millions de dollars et de 81 milliards GNF, sans tenir compte de ses compagnons. Comment réagissez-vous à ces déclarations de Aly Touré ?
Je ne vais pas m’égarer à discuter de propos qui auraient dû être tenus bien avant. C’est une entorse à la procédure judiciaire qui devrait commencer par l’instruction, le procès, l’acquittement ou la condamnation ? In fine, c’est extrêmement préoccupant de voir les plus hauts dignitaires du pays embastillés sans coup férir, à commencer par le PRG, le PM, le Président de l’Assemblée nationale, les ministres de la défense et de la sécurité, etc. Sans chercher à dédouaner qui que ce soit, je dis que ça fait réfléchir toute personne qui souhaiterait investir en Guinée ou s’investir pour la nation. Les manœuvres allant dans le sens du deux poids deux mesures, l’exil forcé de leaders politiques de 1er plan, de l’humiliation, de l’injustice… sont manifestes.
Interview réalisée par Hadja Kadé Barry