Les avocats de l’ancien président de l’Assemblée nationale, Amadou Damaro Camara étaient devant la presse ce mardi 19 juillet pour répondre au procureur spécial de la CRIEF Aly Touré, qui accuse leur client avec deux autres députés, du détournement de 15 milliards GNF.
D’entrée, Me Santiba Kouyaté et ses collègues, ont tenu à préciser que le procureur spécial, dans sa communication, a préféré s’inscrire dans une dynamique d’intoxication de l’opinion au lieu d’informer.
« Le procureur spécial de la CRIEF devait aller plus loin pour dire que sur le montant de 15 milliards GNF reprochés à Amadou Damaro Camara, qu’il y a 6 milliards GNF sur le compte de l’Assemblée Nationale domicilié à la Banque Centrale de la République de Guinée. Il devrait le dire parce que c’est un élément objectif qui se trouve au dossier. Le procureur spécial aurait dû dire également que sur le site de Koloma, il y a eu des réalisations qui sont tangibles. Autre chose, le procureur spécial aurait dû dire qu’il existe au dossier de la procédure, des pièces comptables qui sont versées. Quand vous faites la somme de 6 milliards GNF se trouvant sur le compte de l’Assemblée Nationale à la BCRG, si vous faites la somme des montants contenus dans les pièces déjà versées au dossier et le montant qui a été donné aux différents prestataires qui ont évolué sur le terrain, vous allez comprendre aisément qu’il existe un montant excédentaire de plus de 700 millions GNF sur le compte de l’Assemblée Nationale à la BCRG. Voilà des éléments objectifs du dossier. Si la loi lui donne le pouvoir d’intervenir pour informer, il doit informer. Mais nous avons constaté que le procureur, au lieu de donner des informations tirées des éléments objectifs du dossier, a plutôt préféré s’inscrire dans une dynamique d’intoxication de l’opinion », a lancé Me Santiba Kouyaté.
Poursuivant, ces hommes en robe se veulent rassurants. Pour eux, leur client Amadou Damaro Camara ne se reproche de rien. La gestion qu’il a faite de la subvention de l’institution qu’il avait la charge de diriger, est vérifiable sur le terrain et sur le compte du parlement.
« Nous le disons et nous le répétons, monsieur Amadou Damaro ne se reproche de rien dans ce dossier. Il était question de construire le nouveau siège de l’Assemblée Nationale à Koloma. Pour la construction de ce siège qui devrait être financée par l’Etat chinois, la contrepartie de la Guinée était de 15 milliards GNF. Et tenez vous bien, le montant de 15 milliards GNF n’était pas versé sur un compte spécial. L’Assemblée Nationale n’a qu’un seul compte où tous les montants de subvention sont versés. Ce compte est domicilié à la BCRG. Toutes les recettes et dépenses de l’Assemblée Nationale sont versées sur ce compte où les retraits sont effectués au compte de l’Assemblée Nationale. Donc, on ne saurait dire que monsieur Amadou Damaro Camara a détourné un franc de ce montant. Tout ce qu’on dit est vérifiable », a-t-il rassuré.
Par ailleurs, Me Santiba a invité le procureur spécial Aly Touré à faire preuve de retenu dans ses prises de parole, car chacune de ses sorties provoque de la stigmatisation des familles des accusés.
« Quand le procureur fait de telles interventions, il faudrait poser le problème sous l’angle social. Ceux qui sont en détention ont des familles, des enfants, des épouses et des frères. A chaque sortie du parquet spécial, ce sont ces personnes là qui sont prises en partie dans des quartiers. Ils sont indexés, stigmatisés et on leur dit votre père a volé l’argent du peuple, votre mari a détourné l’argent du peuple. Ce qui constitue une stigmatisation et une violation du principe de la présomption d’innocence. Chaque intervention du procureur spécial, ce n’est pas d’informer mais plutôt d’intoxiquer. Il faut que cela s’arrête. Si le procureur doit intervenir pour donner des informations, il faut qu’il donne des informations en se fondant sur des éléments objectifs tirés du dossier », a-t-il lancé.
MohamedNana Bangoura