« Un prix du service et non de la ressource »
🔵 Le prix de l’eau pour les pauvres: comment concilier droit d’accès et paiement d’un service?
🔴🔴 Le paiement de l’eau est un sujet polémique.
« Entre ceux qui prônent l’accès gratuit et les partisans d’une tarification au coût intégral, il y a un gouffre d’incompréhension. Les premiers s’accrochent au principe d’un droit universel à l’eau potable. Les seconds soulignent que, sans rémunération des services d’eau à hauteur des coûts supportés, ceux-ci se dégradent, au détriment souvent des plus démunis.
Dans le monde actuel, ce sont en fait les populations des quartiers défavorisés qui dépensent des sommes considérables pour une consommation d’eau minimale. Un tel constat conduit à s’interroger sur la pertinence des subventions aux services d’eau et sur l’efficacité des mécanismes tarifaires qui sont censés garantir la desserte des plus pauvres.
Certes, l’eau n’est pas une marchandise au même titre que les œufs, le beurre ou le vin. Il n’empêche que fournir de l’eau potable représente effectivement un coût, au moins celui du service fourni ; si celui-ci n’est pas assumé par quelqu’un, l’eau ne coulera pas au robinet.
Par ailleurs, il reste difficile de classer l’eau dans une catégorie spécifique de « biens » au sens économique du terme : si elle n’est pas un bien « privé » classique, comme n’importe quelle denrée alimentaire, elle n’est pas non plus un bien « public » comme l’air que l’on respire, caractérisé, dans les définitions des économistes, par des propriétés de « non-rivalité » et « non-exclusivité ».
Comprendre la nécessité de prendre en charge, d’une manière optimale, le coût de fourniture de l’eau potable (dit « coût d’approvisionnement » par les techniciens) demeure indispensable à la mise en œuvre d’une solution réaliste et effective au problème du raccordement à un réseau d’adduction d’eau des populations défavorisées. On doit tenir compte aussi du fait que la facturation de l’eau aux usagers limite l’incitation au gaspillage de ce qui reste fondamentalement une ressource commune ».
🔴 Les conséquences du système actuel : un taux de desserte en stagnation. Depuis 20 ans, certains quartiers et villes n’ont pas accès à l’eau potable. Vous le comprendrez donc pourquoi.
En effet, la sous-facturation massive de certaines tranches de la population entraîne un déficit important pour l’exploitant du service.
Si ces quartiers n’ont pas d’eau, c’est parce que déjà avec le déficit actuel, si on venait à augmenter encore le nombre de sous-facturés, cela ne ferait que creuser le déficit et sera encore difficile à gérer. La SEG n’a donc aucun intérêt à desservir d’avantage d’autres ménages vu qu’elle est une entreprise qui doit être en mesure de supporter ses cours d’exploitation.
Des populations prêtes à payer pour un service de qualité
Par ailleurs, plusieurs études ont montré que les communautés urbaines et rurales des pays en Guinée étaient prêtes à payer un prix supérieur à celui des tarifs actuels des systèmes collectifs d’approvisionnement afin d’obtenir un service de meilleure qualité ou plus fiable.
La gratuité des services n’est donc pas forcément une revendication des usagers défavorisés.
Pourquoi les factures ont flambé par endroit ?
La plupart des ménages sont facturés au forfait, et ce mécanisme de facturation a des conséquences pour les usagers et pour l’entreprise. Vous payerez toujours moins ou plus.
Cette tarification est appliquée surtout en milieu péri-urbain pour inciter les usagers à ne pas utiliser une alimentation autonome. Elle est aussi utilisée dans les collectivités qui comptent une nombreuse population saisonnière.
La partie fixe correspondant à une sorte d’abonnement, donne droit à un forfait de consommation. Ce dernier est facturé dans tous les cas, que le volume d’eau soit consommé ou non. Seule la quantité consommée en supplément est comptabilisée selon un prix par mètre cube.
Depuis le 1er janvier 1994, cette pratique du forfait est en principe interdite dans plusieurs pays sauf dérogations. Mais en Guinée, c’est toujours le cas pour plus de 79% des usagers.
Ce qui s’est passé est très simple, aujourd’hui il se trouve que ce sont les agents de zone qui déterminent la consommation des ménages. Généralement, les gens sont facturés selon le revenu de la personne, l’état de son bâtiment ou les relations avec les agents de zone.
Du coup cette tarification forfaitaire fantaisiste avec l’ancien tarif ne pose pas de problème. Quelqu’un qui est facturé avec 40 m3 avec l’ancienne tarification ne payera en moyenne que 90,000 GNF à 100,000 GNF.
Faites un pas en arrière et calculer 40 m3 ce qui fait en moyenne 40,000 litres par mois. Êtes-vous sûre que vous pouvez consommé une citerne de 40,000 litres par mois ?
Êtes-vous d’accord que 40,000 litres soit vendu à 90,000 GNF ? Je pense que sincèrement non.
Nous avons compris qu’il faut passer chez l’ensemble de nos abonnés pour réévaluer la consommation à travers la pose de compteur ou le réajustement normal du forfait en prélude du réajustement.
Ensemble, nous allons échanger, trouver des mécanismes de réajustement pour permettre à chacun de payer ce qu’il consomme.
Cela passe forcément par l’installation des compteurs. Depuis 20 ans, certains abonnés ont payé plus que ce qu’ils ne devaient et d’autres par contre ont consommé assez et payé moins.
Nous avons entamé la restructuration de la société, un plan de transformation sur cinq ans a été validé et dans ce plan, l’usager est au cœur de la transformation.
Tout usager doit systématiquement demander à ce qu’on pose un compteur de consommation chez lui.
Tout usager à l’obligation de gérer son compteur et doit avoir accès donc au compteur.
Quand vous constatez une consommation inhabituelle, faites appel à nos services compétents pour évaluer s’il n’y a pas de fuite.
Notre objectif, c’est d’améliorer la desserte et cela passe forcément par des concessions de part et d’autre.
🔴🔴🔴 L’eau est au cœur du changement climatique
Si rien n’est fait pour lutter contre le changement climatique, 600 millions de personnes supplémentaires souffriront de sous-alimentation.
Les changements climatiques menacent de réduire à néant les progrès effectués ces dernières années dans la lutte contre la faim et la sous-nutrition. Sécurité alimentaire et lutte contre le changement climatique sont indissociables !
« Comme je le dis souvent, l’eau est le marqueur du dérèglement climatique. De par ses manques, mais aussi ses excès. D’un côté, c’est ce qu’on observe dans le Lot : des sécheresses à répétition, et de nombreux feux de forêts. De l’autre, c’est ce qu’il s’est passé au Pakistan : des pluies diluviennes entrainant des phénomènes de mini tornades