Dans un post sur le réseau social Meta, le juriste Sékou Oumar Camara porte de graves accusations contre l’ancien Bâtonnier Me Mohamed Traoré dans le cadre de l’organisation du concours d’accès et d’aptitude à la profession d’avocat en Guinée. En réaction à cette sortie, le Bâtonnier Traoré l’invite à la bienséance et à prendre de la hauteur après son double échec au CAPA. Dans une interview qu’il a accordée au Directeur de Publication de votre quotidien en ligne, Me Traoré donne sa version des faits et annonce une plainte contre l’intéressé.
Bonjour Me Traoré ? Dans un post sur sa page Facebook, titré « Pourquoi Mohamed Traoré a-t-il une dent contre moi ? », Sékou Oumar Camara vous accuse d’avoir entrepris des manœuvres pour ne pas qu’il accède à la profession d’avocat en Guinée. Qu’en est-il réellement ?
Comme vous, j’ai lu cette publication de Monsieur Sékou Oumar Camara à travers des captures d’écran que des amis m’ont envoyées. Il n’était d’ailleurs pas à sa première publication contre ma personne. Jusqu’à présent, je n’avais pas jugé nécessaire de lui répondre puisqu’aux dires d’un certain nombre de personnes qui le connaissent, il n’a pas toutes ses facultés mentales. Par ailleurs, il m’a semblé que c’était le Barreau qui devait réagir à ma place puisque les faits qu’il me reproche sont liés aux fonctions de Bâtonnier que j’ai exercées. Mais le Bâtonnier Djibril Kouyaté n’a pas vu les choses de cette manière. Comme Monsieur Sékou Oumar Camara commence à s’en prendre à lui aussi, il verra les choses autrement désormais. Pour revenir aux griefs de Monsieur Sékou Oumar Camara, il faut noter qu’il s’est présenté au concours du certificat d’aptitude à la profession d’avocat (CAPA) en 2016, après un séjour à l’étranger. Le jury de ce concours était composé de Me Mamadou Souaré Diop, le Bâtonnier élu le 23 décembre dernier, Me Jean Moussa Sovogui, rapporteur du jury, Me Ibrahima Kalil Keita et Monsieur Fodé Bangoura, l’actuel Premier président de la Cour suprême. Il y avait deux types d’épreuves : des épreuves écrites d’admissibilité et des épreuves orales d’admission. Pour passer les épreuves d’admission, il faut obtenir au moins 12 de moyenne aux épreuves d’admissibilité. À l’issue des épreuves écrites, Monsieur Sékou Oumar Camara n’a pas été déclaré admissible. Depuis lors, il avait semblé tourner la page. Par la suite, Me Djibril Kouyaté m’a succédé en 2019. En 2020, Monsieur Sékou Oumar Camara publiait même mes tribunes dans son journal » Les Affiches Guinéennes ». On interagissait même sur certains sujets d’ordre juridique via Facebook. En 2021, il s’est porté candidat au CAPA organisé sous le bâtonnat de Me Djibril Kouyaté. Comme en 2016, il a échoué. Depuis lors, il s’est lancé dans une campagne de diffamation et de calomnie à l’endroit des institutions ordinales et de ma personne. Il a pensé peut-être que je pouvais être impressionné par ses attaques sur le réseau social Facebook. Quand je lis certaines déclarations et observe certains faits de Monsieur Sékou Oumar Camara, je doute fort qu’il soit un bon juriste. En effet, il conteste les résultats d’un premier concours six ans après son déroulement. Et plus tard, il prend part à un autre concours qui a été organisé par le même Barreau. C’est une reconnaissance implicite des résultats du premier concours auquel il a pris part. Par ailleurs, comment peut-il dire que le Président du jury d’un concours peut engager pour lui un recours contre les résultats du même concours ? Soit, il est de mauvaise foi, soit il est allé à la Faculté de droit un jour de fête de ramadan.
Après la publication des résultats, SO Camara dit qu’il vous a rencontré et que vous aviez promis d’exercer son propre recours mais en vain. Est-ce vrai ?
Encore une fois, Sékou Oumar Camara est un simple mégalomane. J’étais le Président du jury de ce concours de 2016, comme le prévoit le décret qui régit l’organisation du CAPA. Qui peut imaginer qu’avec cette qualité, je puisse introduire un recours contre les résultats de ce même concours pour le compte d’un candidat ? Je pense que ceux qui disent que Monsieur Sékou Oumar Camara n’est pas normal n’ont pas tout à fait tort.
Il vous accuse d’avoir manipulé le Bâtonnier Kouyaté lors d’un second concours d’accès à la profession d’avocat en Guinée. Qu’est-ce qu’il s’est passé ?
C’est une insulte pour le Bâtonnier Kouyaté de penser ou de dire qu’il peut être manipulé dans l’exercice de ses fonctions. En 2021, il n’a même pas été Président du jury alors que la loi lui en donnait le pouvoir. Il a nommé un autre avocat comme président du jury et a mis en place une commission d’organisation. Il est resté à l’écart de l’organisation matérielle et pratique du concours. Comment pouvais-je le manipuler alors que lui-même n’avait pas la mainmise sur l’organisation du concours ? Jugez-en vous-même.
Le plaignant dit vous avoir adressé en Novembre, une demande d’explication sur ce qu’il qualifie de « comportement non éthique à son égard et que vous auriez répondu à l’huissier : « qu’il se plaigne où il veut » » ?
Monsieur Sékou Oumar Camara qui aime bien écrire m’a fait appeler un jour par un huissier de justice pour me dire qu’il a une demande d’explications à me remettre. J’ai répondu que je n’ai pas d’explications à fournir à Monsieur Camara et que, dans tous les cas, j’ai agi en tant que Bâtonnier de l’Ordre des Avocats de Guinée. Il devrait donc s’adresser au Barreau et non à ma personne. Pour le juriste qu’il prétend être, je crois qu’il devait comprendre cela. Je vois pourquoi, il a échoué deux fois au CAPA
Enfin en Décembre, il note avoir demandé au Bâtonnier de prendre des mesures contre vous, parce que « l’individu n’a ni la science ni la conscience d’un avocat ». ? Que répondez-vous ?
Je dois rappeler à Monsieur Sékou Oumar Camara que je suis un juriste et un avocat dans le vrai sens du mot. Ce ne sont pas ses élucubrations qui m’enlèveront cette qualité. Il le sait d’ailleurs puisqu’il déclare lui-même qu’il a voulu à un moment donné former une association d’avocats avec moi. Comment peut-on s’associer à un » individu qui n’a ni la science ni la conscience d’un avocat » ? Ce type baigne dans la contradiction. Il est une incohérence indigne d’un juriste. En réalité, Monsieur Sékou Oumar Camara m’en veut pour une autre raison. En effet, il est en conflit avec un de mes amis qu’il accuse à tort d’abus de biens sociaux. Je suis l’un des avocats des avocats de ce dernier. Et mes confrères et moi avons découvert certaines choses compromettantes pour lui dans ce dernier. Nous lui avons posé des questions embarrassantes et allons sûrement engager des poursuites contre lui pour faux et escroquerie au jugement. Il est très remonté pour cette autre raison contre ma personne.
Après ces accusations, que compte faire Me Mohamed Traoré ?
J’ai déjà demandé à mon confrère Me Pépé Antoine Lama de déposer plainte contre Monsieur Sékou Oumar Camara pour injure et diffamation. J’ai renoncé à beaucoup de choses afin d’avoir une réputation dont mes proches seront fiers un jour. Je ne laisserai pas un frustré la souiller. Il répondra de ses mensonges grossiers et de ses injures devant le juge. Il voulait même être dispensé de l’examen à cause de son master. Je lui ai dit que seuls les docteurs et les agrégés de droit sont dispensés du concours. C’est pourquoi tous les docteurs en droit qui ont déposé leurs dossiers d’inscription au Conseil de l’Ordre ont été inscrits sans concours. Ils sont nombreux aujourd’hui, les docteurs en droit. Monsieur Sékou Oumar Camara n’est pas docteur en droit. Il devait passer le concours. Il l’a fait deux fois, il a échoué. Il doit avoir la décence de se taire pour chercher les causes objectives de son double échec pour mieux se préparer au lieu de chercher des boucs-émissaires.
Interview réalisée par Mohamed Bangoura