Le procès intenté contre l’Adjudant-chef Moriba Camara accusé d’avoir tué le jeune Thierno Mamadou Diallo lors d’une manifestation contre le réajustement du prix du carburant à la pompe, est entré dans sa phase de réquisition et plaidoiries à l’audience criminelle du tribunal de première instance de Dixinn ce lundi 13 février 2023.
A l’entame de son réquisitoire, le représentant du ministère public a soutenu dur comme fer que ce sont les tirs de l’adjudant Moriba qui ont atteint le jeune collégien. Partant de cela, il a requis 25 ans d’emprisonnement contre lui.
D’après lui, l’accusé a reconnu avoir été celui qui a tiré à l’endroit où la victime se trouvait.
« C’est ce tir qui a atteint Thierno Mamadou Diallo. Il y a des rapports d’expertises de la police. Et lui-même il a reconnu que ce jour-là, il avait une arme et il était le seul à tirer ce jour sur les lieux. Il a dit qu’il a tiré en l’air. Mais ça, c’est très facile. Il ne peut pas vous dire ici qu’il a tiré sur la victime », a expliqué le substitut du procureur Mamadou Hady Diallo. A ce stade il a maintenu que tous les éléments de l’infraction de meurtre sont établis. Par conséquent : « nous vous demandons de retenir l’adjudant-chef dans les liens de l’infraction de meurtre. Et le condamné à 25 ans de réclusion criminelle », a-t-il requis.
De son côté, la partie civile a sollicité 10 milliards de GNF pour indemniser la famille de la victime. Selon Me Thierno Souleymane Baldé ce sont effectivement les tirs de l’accusé qui ont coûté la vie au jeune.
« Nous tenons à ce que la justice soit faite. Nous ne faisons l’objet d’aucun doute que ce sont les tirs de l’adjudant-chef Moriba Camara qui ont coûté la vie à Thierno Mamadou Diallo. Ces collègues ont affirmé que c’est lui qui a tiré à l’endroit où se trouvait la victime (…) Nous sollicitons 10 milliards GNF pour indemniser la famille de la victime », a-t-il sollicité.
De leur côté, les avocats de la défense ont quant à eux tenté d’extirper son client des faits de meurtre mis à sa charge. Le premier Me Abdourahmane Dabo a indiqué à l’audience qu’aucune pièce versée au dossier n’incrimine leur client.
« Aucun témoin n’a dit que c’est l’adjudant-chef Moriba Camara qui a tiré sur la victime. Donc en l’absence des éléments de preuves, nous vous demandons l’application de l’article 544 de code de procédure pénale », dira-t-il.
A sa suite, son confrère Me Kabinet Kourala Keïta mettra en cause le rapport de la police avant de demander l’acquittement du policier. Selon lui, le rapport fourni n’est qu’un simple colmatage de la police pour dit-il accabler l’accusé qui est à la barre.
« Je vous demande de constater que les documents fournis n’ont pas été établis dans la règle de l’art. Je vous demande de prononcer l’acquittement pur et simple pour délit de crime non constitué à son égard », a-t-il renchéri.
A l’issue de ces interventions, l’adjudant-chef Moriba, prenant la parole en dernier a signalé qu’il est un agent assermenté dont la mission est de préserver la vie des citoyens guinéens. Il a alors invité le tribunal à constater son innocence et de le libérer.
« Qu’ils vous plaise de constater mon innocence et de me libérer », a-t-il demandé.
Le président du tribunal Amadou Sy a mis l’affaire en délibéré pour décision être rendue le 27 mars prochain.
Alhassane Fofana