Depuis quelques temps, la Banque mondiale et S&P Global Market procèdent au classement mondial des Ports à conteneurs sur la base des données recueillies sur places.
Les résultats de l’édition 2022 ont été publiés le 18 mai 2023. Il ressort que le port à conteneurs de Conakry arrive en tête des performances dans la sous-région ouest africaine. Même si l’Afrique dans l’ensemble a encore du chemin à faire, la suprématie sous régionale de Conakry est une grande prouesse dont les origines remontent en 2007 quand le ministre des Transports de l’époque, Monsieur Boubacar Sow a exhumé des ténèbres où il était enfoui depuis une dizaine d’années et initié une autre voie pour financer le projet d’extension du port à conteneurs de Conakry.
Intitulé « Indice mondial de performance des ports à conteneurs (CPPI) 2022 », ce rapport compare les performances de 348 ports à conteneurs dans le monde selon leur efficacité, en mesurant le temps écoulé entre l’arrivée en rade d’un navire et son départ du poste d’amarrage, une fois l’échange de cargaisons effectué.
Les 2 institutions soulignent que la majorité des ports du continent pâtissent de la durée excessive des cycles de chargement-déchargement, qui fait peser un risque constant de perturbation sur la chaîne logistique.
Hormis deux ports situés en Afrique du Nord et le port de Djibouti, les infrastructures portuaires africaines figurent parmi les moins performantes au monde en 2022.
Il en ressort que cinq ports d’Afrique du Nord figurent dans le Top 10 des ports à conteneurs les plus performants du continent.
Le port marocain de Tanger Med occupe le premier à l’échelle africaine et le 4è rang à l’échelle mondiale. Ce port situé au cœur d’une zone économique spéciale, qui s’étend sur près de 2000 hectares et accueille plus de 500 entreprises opérant notamment dans les filières automobile, aéronautique, textile et agroalimentaire, a tous le atouts pour continuer à jouer le 1er rôle en Afrique et dans le monde où il a gagné deux rangs dans le classement mondial par rapport à l’édition 2021 de l’indice.
A l’échelle Africaine, Tanger Med est suivi par Port Said (Egypte), qui occupe la 10è position dans le classement mondial, le port de Djibouti (26è rang mondial, 3ème en Afrique), le port de Berbera au Somaliland (144è mondial, 4ème en Afrique), le port de Casablanca/Maroc (159è, 5ème en Afrique), le port El Dekheila/Egypte (172è, 6ème en Afrique), le port de Damiette/Egypte (173è, 7ème en Afrique).
La performance du Port à conteneurs de Conakry
Dans ce classement général, la Guinée occupe la 189è position mondiale, le 8ème rang en Afrique et surtout le 1er en Afrique de l’Ouest et devance, pour la première fois, son dauphin, un de ses concurrents directs qui l’a souvent dominé en l’occurrence le très vieux port AOF de Dakar, classé 9ème à l’échelle Africaine et 196è mondial. Le port de Matadi en RD Congo ferme, quant à lui, le Top 10 africain.
Cette performance Guinéenne, qui déclasse également ses autres concurrents d’envergure comme le port de Freetown/Sierra Leone (226è, 15ème en Afrique) ou celui de San Pedro en Côte d’Ivoire ( 296è mondial et 30ème en Afrique) n’est pas tombée du ciel. Elle est la résultante d’un projet conçu depuis les années 1990, mais surtout d’une volonté politique et d’une vision exprimées en 2007 par le gouvernement de consensus issu des manifestations et mouvements de protestation généralisés contre la mauvaise gouvernance en Guinée.
Dans l’intérêt de notre histoire, il faut rendre à César ce qui lui est dû.
L’on se souvient que lors d’un point de presse organisé quelques jours seulement après sa nomination au ministère des Transports, Monsieur Boubacar Sow avait annoncé ses priorités et objectifs à court, moyen et long termes qui s’articulaient sur l’acquisition de 100 bus pour le transport urbain et interurbain, le désenclavement et la desserte des Îles voisines de Conakry, la modernisation de l’aéroport de Conakry Gbessia ou l’extension du port à conteneurs de Conakry pour une meilleure compétitivité.
Par rapport au dossier de l’extension du port à conteneurs dit ‘’3ème projet portuaire’’ et qui traînait depuis plus de 10 ans dans les tiroirs à cause des tergiversations sinon du refus des partenaires au développement dubitatifs qu’étaient la KFW Allemande, l’Agence Française de Développement et la Banque Européenne d’investissements à mettre la main dans le portefeuille, le nouveau ministre a pu initier et trouver une autre approche finalement payante avec des investisseurs privés.
Avec un coût estimé à 500 000 euros sur une concession de 25 ans, l’investissement devrait élargir le terminal à conteneurs, porter sa longueur à 345 mètres environ sur une profondeur de près de 15 mètres susceptible d’accueillir des navires de 4ème génération avec une capacité de 5 000 conteneurs.
Cette initiative, comme prévu, a suscité l’intérêt de nombreux investisseurs spécialisés en la matière. Le mécanisme a permis de sortir d’une décennie de blocage et de
sélectionner un des soumissionnaires qui a intégralement financé les travaux d’extension du port à conteneurs de Conakry en lieu et place des 3 grandes institutions, qui lui confèrent aujourd’hui une grande capacité concurrentielle face à ses homologues de la sous-région.
Le ministre Sow négocia avec l’inde l’acquisition des 100 bus que l’on surnomma ‘’bus Kouyaté’’, et pris attache avec la Banque d’investissements et de Développement de la CEDEAO pour doter le pays d’une Société de transport urbain.
Pour la transformation de ce qui était une aérogare à l’époque, comparativement à ceux des voisins et aux standards internationaux requis, et donner à l’aéroport Ahmed Sékou Touré de Conakry, le visage moderne qu’il dégage aujourd’hui, il initia également une forme de redevance financée par les exploitants et usagers eux-mêmes.
Les travaux de modernisation ont consisté, en 16 mois, à la séparation des flux départ et arrivée avec la réduction du nombre de passagers et de personnel dans les aires de manœuvres des avions. Ce qui a nécessité l’extension de l’aire de trafic sur une surface de 11.000 m2 pour pouvoir installer deux passerelles télescopiques fixées à une extension d’un autre bâtiment d’un niveau pour une grande salle d’embarquement. Un Escalator et un Ascenseur furent installés. En lieu et place d’un hangar on a eu un bel aéroport au moment où aucun pays voisin en dehors d’Abidjan ne disposait de passerelles télescopiques et de télé affichage pour le confort des passagers
En ce qui concerne le désenclavement et la desserte des îles, ce fut une première avec l’acquisition des traversiers par l’entremise des partenaires norvégiens de GUINOMAR.
Mais, à côté de ces promesses effectivement tenues, le ministre des Transports de l’époque s’était enfin engagé de trouver un site pour la construction d’un grand aéroport international moderne répondant aux exigences contemporaines.
Mais, si le site a été identifié à Maferinyah, les termes de référence élaborés avec l’assistance de l’OACI, ce projet aussi s’est bien rangé dans les tiroirs où il dort tranquillement depuis le départ de l’initiateur et du gouvernement de Consensus en juin 2008.
A Condé Diarra