Le musèlement de la presse et la restriction liée à l’accès aux réseaux sociaux sont entre autres des questions qui ont été passées au crible par le célèbre écrivain guinéen ce mercredi 31 janvier 2024.
Tierno Monénembo a tenu à alerter l’opinion sur « la dictature » en cours dans le pays.
L’auteur du roman les Crapauds-brousse a énuméré les signes d’une gouvernance autocratique qui s’installe graduellement.
« Je commence par dénoncer la persécution que subissent actuellement les journalistes guinéens et exprimer ma solidarité à l’ensemble de ces journalistes persécutés en particulier ma solidarité avec notre frère Pendessa, qui a été arbitrairement arrêté et injustement incarcéré. Et j’exige sa libération immédiate et sans conditions. J’ai l’impression que depuis qu’il est venu au pouvoir notre général d’armée n’a cessé de nous lancer des signaux, de nous adresser des messages à peine codés. J’ai l’impression que la lecture est toute faite, les guinéens savent très bien ce qui se passe. Qu’est-ce qui se passe ? C’est la construction devant nous tous d’une dictature, certainement l’une des plus féroces que le pays a connue. Cette construction là est manifeste, on la sent se préparer, on la sent venir. On sent déjà sa férocité. Un régime qui commence par fermer tous les moyens de communication, commence par arrêter les journalistes, par interdire la chose la plus indispensable aujourd’hui à la communication (internet), c’est une dictature forcément, ce n’est pas un régime qui a de bonnes intentions pour son pays », a-t-il alerté.
Les guinéens sont donc prévenus poursuit l’intellectuel qui pense qu’il est bien possible d’empêcher la junte de matérialiser son projet.
« C’est évident, il suffit d’un minimum pour imposer un respect du chronogramme de la transition, pour imposer des élections à date, des élections régulières et transparentes. Je voudrais simplement dire aux guinéens demain quand le pire sera là, devant nous tous, sur nos têtes à nous tous, personne ne dira qu’il ne savait pas. Toutes les dictatures qui ont été faites en Guinée ont été faites par les guinéens eux-mêmes. Vous savez, il n’y a pas un seul dirigeant bon sur la terre. Le seul dirigeant bon c’est celui dont on contrôle le pouvoir, dont on limite le pouvoir. Tout homme qui arrive au pouvoir est un pauvre en puissance. Regardez bien les pays normaux, on n’applaudit jamais le président. Sinon, il va tuer tout le monde. Je vous assure mes chers compatriotes que la Guinée ne survivra pas avec une 6ème dictature », prévient-il.
C’est le moment ou jamais d’agir insiste l’écrivain « si on laisse faire Mamadi Doumbouya le pays est foutu. Il faut que les guinéens prennent leurs responsabilités aujourd’hui sinon il sera trop tard », a conseillé Tierno Monénembo.
Hadja Kadé Barry