Arrivé vendredi 26 janvier 2024 par bateau, le sous-secrétaire d’Etat adjoint pour l’Afrique de l’Ouest au Secrétariat d’Etat américain a adressé aux autorités guinéennes le message très clair de Washington sur le respect de la liberté de la presse et du calendrier de transition conclu avec la CEDEAO.
Après avoir passé cinq jours à Conakry, Michael Heath n’a pas rencontré le président de la transition mais il a échangé avec le président du conseil national de la transition Dr Dansa Kourouma, le chef de la diplomatie guinéenne Dr Morissanda Kouyaté, des acteurs de la société civile ainsi que 10 journalistes guinéens.
« Il faut donc qu’il y ait cette liberté d’expression, la liberté de la presse pour que les populations aient accès aux informations », a-t-il martelé devant des journalistes.
« Je suis venu depuis vendredi, mais je n’ai pas rencontré le président Mamadi Doumbouya. Par contre, j’ai pu rencontrer le président du CNT et le ministre des affaires étrangères. Nous avons échangé sur beaucoup de questions, surtout celles relatives à la liberté d’expression. Nous avons aussi débattu des questions économiques. La liberté d’expression est très très importante, car elle joue un rôle majeur dans le développement d’un pays. Nous avons également parlé du calendrier de la transition sur la base de l’accord conclu entre le gouvernement et la CEDEAO. Normalement, cela est prévu pour 2025. C’est dans ce cadre que nous avons notre organisation qui s’appelle IFES qui prête main forte au gouvernement dans le cadre de la révision de la loi électorale ainsi que le projet de Constitution. Je crois bien que la Constitution pourrait être disponible au grand public en avril. Donc, c’est dans cette même lancée que nous nous sommes dit qu’il est très important que les canaux de communication soient ouvertes car, cela pourrait permettre au public de pouvoir s’imprégner de la Constitution et de partager son opinion. Il faut donc qu’il y ait cette liberté d’expression, la liberté de la presse pour que les populations aient accès aux informations. Nous savons également qu’il y eu des cas de violence politique. Généralement, cela est dû aux propos haineux, incitant à la violence. Il est très important que cela soit minimisé pour pouvoir créer un environnement favorable. Parce que ces propos pourraient être préjudiciables non seulement à l’Etat, mais aussi à la population », a souligné le diplomate américain.
Mais M. Heath ne se limite pas là. Les explications données par les autorités guinéennes à propos du musellement de la presse et la limitation de l’accès aux réseaux sociaux ne tiennent pas la route.
« Les récentes actions contre divers groupes de médias et la limitation de l’accès aux médias sociaux en Guinée marquées par des incohérences juridiques et des justifications opaques, contreviennent aux normes internationales en matière de droits de l’homme et aux propres engagements de la Guinée à cet égard. Nous exhortons les autorités guinéennes à participer, à la lumière de leur engagement renouvelé en faveur d’un retour rapide à l’ordre constitutionnel, à prendre toutes les mesures nécessaires pour rétablir la liberté d’expression et la liberté des médias. Les États-Unis restent déterminés à soutenir la Guinée sur la voie de la mise en place d’une gouvernance démocratique », a-t-il insisté devant les médias.
S’agissant du respect du chronogramme de la transition, Michael Heath se veut clair : « Les Etats-Unis sont impatients de voir la tenue des élections transparentes en Guinée ».
« Au cours de ma rencontre avec ces autorités, elles nous ont rassuré de respecter le calendrier électoral établi par la CEDEAO. Vous devez savoir qu’il y a eu des contretemps. Ils ont également mentionné qu’il y a des étapes qui sont inclues tout au long de ce processus. Il s’agit donc de l’élaboration de la Constitution. Ils sont en train de travailler sur l’avant-projet de la Constitution et, ensuite, il y a l’établissement du fichier électoral. Il faut passer par le référendum et il va falloir qu’ils adoptent certaines lois. Tout cela entre dans le cadre de la préparation des élections pour le retour à l’ordre constitutionnel. Nous sommes impatients de voir la tenue des élections transparentes ici. C’est vrai qu’à cause du coup d’état, nous avons imposé certaines restrictions à la Guinée. Mais qu’à cela ne tienne, il y a certaines assistances que nous apportons dans le cadre de la préparation des élections. Nous avons offert déjà 15 millions de dollars américains aux associations qui prêtent main forte au pays dans le processus. Nous offrons aussi de l’assistance dans le domaine de la santé et de la construction des infrastructures », a fait remarquer le sous-secrétaire d’Etat adjoint pour l’Afrique de l’Ouest au Secrétariat d’Etat américain qui a quitté Conakry le mercredi 31 janvier 2024.
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