Amnesty international a publié son rapport sur la situation des droits humains en Guinée de 2019 à 2024, ce mercredi 15 mai.
Ce rapport met en avant la responsabilité des autorités guinéennes en ce qui concerne les entraves à la liberté d’expression et de réunions pacifiques, des conditions de maintiens de l’ordre et des obstacles aux droits des victimes à la fois à la réparation, à la santé et à la justice.
Le rapport d’Amnesty international rappelle que depuis les grandes manifestations de 2019 contre la modification de la constitution qui permettait à l’ancien président Alpha Condé de briguer un troisième mandat, les droits à la liberté d’expression et de réunions pacifiques on été particulièrement restreints par les différentes autorités.
« Entre 2019 et 2021 comme vous le savez, les manifestations ont été quasiment, systématiquement interdites et de nombreux membres du FNDC avaient été arbitrairement arrêtés puis détenus simplement pour avoir appelé à des manifestations contre la modification de la constitution », s’est souvenue Samira Daoud lors de la conférence de presse
Après le coup d’État du 05 septembre 2021, poursuit la directrice régionale Amnesty international Afrique de l’ouest et du centre, le régime de transition mis en place par les militaires du CNRD a décrété le 02 mai 2022, l’interdiction de toutes les manifestations sur la voie publique de nature à compromettre la quiétude sociale et l’exécution correcte des activités contenues dans le chronogramme de la transition.
En plus de l’interdiction des manifestations, la liberté d’expression a été sérieusement entravée.
« Depuis la mise en place du régime de transition, l’accès à l’internet et en particulier les réseaux sociaux à été régulièrement coupé ou perturbé, le signal des radios les plus écoutées à été brouillé ou interrompu, l’accès à des sites d’informations empêché, des médias privés télévisés ont été retirés des plateformes de diffusion, des journalistes aussi, des syndicalistes des membres des forces vives ont été détenus arbitrairement pour avoir exercé leur droit à la liberté d’expression », a dénoncé l’ONG.
Malgré cet environnement particulièrement hostile aux libertés, de nombreuses personnes ont bravé des interdictions pour manifester. Ce qui selon Amnesty, a débouché sur des cas des morts.
« Entre 2019 et 2021, ce sont au moins 66 personnes qui avaient été tuées au cours des manifestations et un bien plus grand nombre encore de personnes avaient été gravement blessés lors de la répression par l’armée, la police et la gendarmerie au cours des manifestations qui portaient principalement sur le changement constitutionnel et la réélection du président Alpha Condé », ajoute Samira Daoud.
L’usage excessif de la force débouchant sur des cas de morts n’a pas cessé même après le départ d’Alpha Condé du pouvoir, révèle Amnesty international.
« Depuis septembre 2021, sous la transition du CNRD, ce sont au moins 47 personnes qui ont été tuées selon notre décompte. Et un plus grand nombre encore de personnes qui ont été blessés toujours par les mêmes corps au cours des manifestations en faveur soit du retour à l’ordre constitutionnel ou pour demander le respect des droits humains. Sur les 47 personnes tuées, 75% d’entre eux ont moins de 25 ans et 40% ont été des mineurs de moins de 18 ans. Les blessés ont été victimes principalement de tirs d’armes à feu et dans une moindre mesure de cartouche de gaz lacrymogène. Certaines personnes ont été percutées par des véhicules des forces de défense et de sécurité », a affirmé la directrice régionale Amnesty international Afrique de l’ouest et du centre.
L’ONG international des droits de l’homme informe que ses chiffres émanent des enquêtes de terrain menées principalement dans la commune de Ratoma. Elle dit avoir sollicité plusieurs fois des autorités guinéennes un droit de réponse aux principales conclusions de son rapport, mais sans succès.
Sékou Diatéya Camara