Jeudi 05 septembre 2024, marquera le 3ème anniversaire de l’accession au pouvoir des forces spéciales guinéennes.
Une transition qui se prolonge du jour au lendemain, puisque le retour à l’ordre constitutionnel semble ne pas être à l’ordre du jour pour le Comité National du Rassemblement pour le Développement (CNRD).
À la veille de cet anniversaire, des acteurs de la société civile guinéenne regrettent déjà un recul sur plusieurs plans.
Ibrahima Balaya Diallo, du forum civil guinéen, dénonce de graves violations des droits humains, notamment la fermeture des médias et la suspension de la délivrance des agréments aux organisations non gouvernementales et mouvements associatifs.
« Je crois que le bilan du CNRD pendant ces 3 ans est visible sur le terrain. On n’a pas besoin de microscope en réalité, parce que tout simplement, si on regarde aujourd’hui le résultat de 3 ans de transition, c’est des médias qui sont brouillés, fermés et des licences retirées. Aujourd’hui, malheureusement même des associations et des ONGs sont concernées. Finalement, il y a une restriction totale des libertés dans le pays. On peut également comptabiliser une cinquantaine de morts, alors que le discours du 05 septembre nous avait dit qu’aucun guinéen ne mourra pour avoir manifesté. », a-t-il déploré lors d’un entretien accordé à notre rédaction, ce mercredi 04 septembre 2024.
Alpha Bayo, ancien coordinateur de la maison des associations et ONG de Guinée, soutient également que le tableau est sombre.
« Une transition caractérisée par les kidnappings, les disparitions forcées, les arrestations arbitraires, l’injustice. Le dernier cas en date c’est la situation de Foniké Menguè et Billo BAH, arrêtés et conduits à une destination inconnue depuis le 09 Juillet dernier. Le seul et unique responsable de la vie et la survie de Foniké Menguè et Billo BAH c’est le CNRD. », a également regretté cet activiste, avant de rappeler que récemment d’autres activistes ont été jugés et condamnés, pour avoir participé à une manifestation pacifique jugée interdite, alors que nombre d’acteurs de mouvements de soutien à l’endroit du président Doumbouya, sont protégés par les forces de l’ordre.
« Ils organisent des tournois dotés du trophée du président, ils font des réunions et manifestations publiques de soutien. Pour la célébration de l’an 3 du CNRD, l’argent circule à flot pour encore endormir la conscience du peuple. », poursuit-il.
De l’avis du président du Forum Civil Guinéen, ces dérives s’expliquent par le prolongement de la transition.
« Plus elle dure, elle pose problème. La transition, c’est pas un mandat. Les guinéens même le disent. Aujourd’hui, 3 ans après, on est en train de prendre le chemin d’un mandat, car plus de 2 ans ça fera 5 ans. C’est vraiment la durée d’un mandat en Afrique francophone. Tout cela prouve qu’aujourd’hui que nous avons un besoin immense de parler entre nous, parce qu’il ne s’agit pas de croire ou de penser que les membres du CNRD sont trop forts, personne ne peut les déloger et qu’ils vont faire ce qu’ils veulent jusqu’à la fin des temps. Non! On a vu des régimes qui paraissaient indémontables, mais qui, finalement se sont brisés comme un château de cartes. Il faut qu’on fasse très attention, le peuple aussi aura son mot à dire. », a-t-il prévenu.
À ce niveau, Alpha Bayo, fait remarquer que l’intégration du programme national de recensement administratif à vocation d’état civil parmi les 10 points du chronogramme de la transition, a été « une grosse arnaque ».
« Depuis l’adoption des résolutions du cadre de dialogue, les autorités peinent toujours à doter la Guinée d’un fichier électoral assurant la transparence du processus électoral. Le CNRD pense toujours tromper le peuple de Guinée en comptant sur le processus du RAVEC. On n’en veut plus. », a-t-il fustigé.
Pour cet activiste, tout porte à croire que le président de la transition s’est inscrit dans une logique de confiscation du pouvoir.
Hadja Kadé Barry