Le président de la République française a demandé à l’ex-commissaire européen de droite de « constituer un gouvernement de rassemblement au service du pays ». Soixante jours après le résultat des élections législatives, Michel Barnier, 73 ans, succède à Gabriel Attal.
La France a un nouveau Premier ministre. Après de très longues réflexions et de nombreuses pistes, Emmanuel Macron a finalement décidé de nommer Michel Barnier à la tête du gouvernement. Un homme de droite donc, avec une longue expérience à la fois en France et en Europe. Son profil avait été évoqué dès l’été mais sans que cela aille plus loin. Michel Barnier avait toutefois fait passer le message qu’il était disponible, tout en restant en retrait.
« Cette nomination intervient après un cycle inédit de consultations au cours duquel, conformément à son devoir constitutionnel, le président s’est assuré que le Premier ministre et le gouvernement à venir réuniraient les conditions pour être les plus stables possibles et se donner les chances de rassembler le plus largement », a fait savoir l’Élysée.
Xavier Bertrand, ex-ministre de Nicolas Sarkozy et président des Hauts-de-France, pressenti encore il y a peu pour le poste, a félicité l’élu et lui a adressé ces vœux de succès.
Le Rassemblement national (RN) a déjà fait savoir que le parti attendrait la déclaration de politique générale de Michel Barnier, avant de se positionner. Interrogée par des médias sur le dépôt éventuel d’une motion, Marine Le Pen a répondu ceci : « Non. (…) Nous avons posé un certain nombre de conditions, la première étant d’avoir un Premier ministre qui soit respectueux des électeurs du RN (…) je pense que M.Barnier correspond à ce critère. Pour le reste, sur les sujets de fond, nous attendrons de voir quel est le discours de politique générale de M. Barnier et la manière dont il mène les compromis qui sont nécessaires sur le budget à venir ».
Dans le camp présidentiel, Yaël Braun-Pivet, présidente de l’Assemblée nationale, appelle à la reprise du travail parlementaire au « service des Français ».
52 jours après sa démission, Gabriel Attal, a tenu à remercier les Français. Plus jeune Premier ministre, il laisse la place au plus vieux Premier ministre de la Ve République.
Le Nouveau Front populaire vent debout
À gauche, Mathilde Panot (LFI) considère que le président français ne respecte pas la « souveraineté populaire » et le « choix issu des urnes ». Même réaction de Jean-Luc Mélenchon qui estime que « l’élection a été volée au Français ». Et que ce n’est donc pas un Premier ministre issu du Nouveau Front populaire qui a été choisi malgré le résultat des législatives : « Ce sera un membre parmi d’autres, d’un parti qui a été le dernier à l’élection législatives (…) L’élection a donc été volée au peuple français, le message a donc été nié et maintenant nous découvrons un PM qui est nommé avec la permission et peut-être sur la suggestion du RN alors que le deuxième tour des législatives avait été consacré à faire échec au RN. »
Sur RFI, Thomas Portes, LFI, a détaillé : « Michel Barnier, c’est l’augmentation du temps de travail, c’est la retraite à 65 ans (…) les gens sont venus aux urnes pour dire qu’ils ne voulaient plus de cette politique-là. (…) Nous, on a enclenché la procédure de destitution. Je vous rappelle il y a une date importante, c’est samedi, sortez dans la rue pour ramener ce Président à la raison ».
Côté socialiste, Olivier Faure parle de « crise de régime ».
Chez les communistes, Ian Brossat a ironisé sur la personnalité choisie par Emmanuel Macron, engagé depuis 50 ans en politique, ex-ministre des Affaires étrangères, de l’Agriculture, député, sénateur LR.
Avec RFI