Depuis un bon moment, la Guinée est secouée, par une crise socio-politique sans précédent.
Les gouvernements, qui se sont succédé, ont toujours eu du mal à s’entendre, avec les autres acteurs de la vie nationale. À cela s’ajoute : un climat de méfiance entre les différentes communautés, qui, parfois engendre des conflits.
Pour mieux comprendre cette situation, le Mouvement Pour le Progrès (M.P.P), a mené une recherche, qui a été présentée, ce samedi 9 novembre 2024 à Conakry.
La genèse de la crise, selon le M.P.P
Pendant au moins 3 heures, Dr Fodé Cissé, président dudit mouvement, a laissé entendre que les causes de ce phénomène sont multiples et profondes.
La crise guinéenne est née des traumatismes, issus de l’ensemble des régimes, qui ont pour principale conséquence, le repli identitaire, selon les résultats de l’enquête.
« Nous, notre façon de comprendre cette crise, nous l’avons analysé sur toutes les facettes. Pour nous cette crise, contrairement à ce que beaucoup pensent, elle n’est pas un événement ponctuel. Pour moi et l’équipe, qui avons fait le travail, nous nous sommes rendus compte que c’est une crise organique, qui est le développement d’une très longue période historique de notre pays. Ça veut dire que depuis l’accession de notre pays à l’indépendance jusqu’aujourd’hui, il faut essayer de voir tout ce qui s’est passé. Cette crise touche les fondements de la société et nos rapports de domination. Et, si on ne fait rien, ça peut conduire à l’abîme, et c’est très dangereux pour notre pays. La crise d’abord réside dans notre mémoire collectif. Dans nos mouvais souvenirs que nous avons hérités, de notre histoire politique agitée. Et, ce sont ces souvenirs sombres-là, qui ont divisé les familles, qui ont éloigné les communautés les unes des autres, et qui ont installé des murs invisibles entre nous. Et, la conséquence, chacun s’est replié sur soi. On n’a plus confiance en l’autre, parce que l’autre, quelque part, a été ton bourreau, tu as peur de lui. », a expliqué Dr Fodé Cissé lors de cette conférence.
Le repli identitaire a affecté les systèmes politiques et de gestion du pouvoir, d’après cette étude, qui révèle également que la mauvaise application des principes de laïcité, en est une autre cause.
« Pourquoi on dit que la laïcité est mal observée ? Quand vous avez des croyants d’une religion, qui pensent qu’ils ont seuls le monopole de la vérité, ils deviennent fanatiques et intolérants vis-à-vis des autres. Au cours de notre enquête, nous nous sommes rendus compte qu’il y a certaines familles aujourd’hui, même quand vous voulez vous loger, vous demandez un local, on dit d’abord vous êtes de quelle religion ? Après la religion, tu es de quelle ethnie? Vous pensez que ceux qui sont victimes de ça, ils vont se sentir heureux ? », s’interroge-t-il.
Comment se comportent les acteurs de la crise ?
« C’est la tendance à satisfaire leurs propres besoins, qui est plus élevée, que la tendance à satisfaire les besoins des autres. C’est un peu le comportement des acteurs. », révèle l’enquête, qui classe la conquête et l’envie de contrôler le pouvoir, comme principal enjeu.
Le M.P.P propose des méthodes de résolution
Face à cette crise, le Mouvement Pour le Progrès conseille vivement la collaboration et la coopération.
Pour reconstruire également une nation forte dans la diversité, le mouvement a répertorié quelques pistes, notamment la résolution des questions mémorielles, la refondation de la famille, le renforcement de la laïcité et le renforcement de la confiance entre les forces de défense et de de sécurité et la population.
Hadja Kadé Barry