Le lourd héritage laissé par les gouvernements successifs dans le secteur de l’eau et de l’assainissement, caractérisé par des infrastructures vétustes et des déficits majeurs, impose aujourd’hui des réformes impératives. Malgré le caractère social de l’eau, à l’instar d’autres pays, ce secteur doit être capable de s’autofinancer, tout comme l’électricité. Or, en Guinée, cela fait plus de trente ans que ces services essentiels, au lieu de bénéficier de réformes et d’une modernisation nécessaire, sont restés dans un état d’abandon. L’État a souvent pris en charge le rôle de payer pour ces services, au détriment du devoir citoyen de contribution, ce qui a empêché le développement de systèmes financiers viables et autonomes. En conséquence, les infrastructures sont désormais obsolètes, nécessitant aujourd’hui un investissement colossal de plus d’un milliard de dollars pour combler le déficit.
Dans ce contexte de crise, le gouvernement a pris des mesures pour contrôler l’anarchie dans la prolifération des forages à travers le pays. Le mercredi 6 novembre 2024, le Ministre de l’Énergie, de l’Hydraulique et des Hydrocarbures a ouvert une réunion stratégique cruciale pour renforcer la réglementation et instaurer une gestion rigoureuse des ressources en eau, en particulier pour encadrer la prolifération des forages. Cette rencontre vise à organiser et rationaliser l’exploitation des ressources hydriques dans le Grand Conakry, où l’essor incontrôlé des forages affecte la stabilité des sols et la durabilité des nappes phréatiques.
Les principaux départements ministériels concernés – Énergie, Environnement, Santé, Commerce, Mines, Administration du Territoire, Urbanisme – étaient représentés, chacun exposant son rôle dans la délivrance des permis et le contrôle de la qualité de l’eau. Avec une estimation de 117 000 forages et 18 000 puits non régulés, la situation présente un risque écologique et structurel majeur.
Cette réunion a également souligné des avancées significatives en matière de mobilisation des ressources financières. Le Gouvernement a, par exemple, signé deux accords de prêt avec la Banque d’Investissement et de Développement de la CEDEAO (BIDC) en août 2024, pour un montant initial de 63 millions de dollars, dans le cadre d’un programme global de 307 millions USD pour le projet d’approvisionnement en eau potable du Grand Conakry. Ce financement bénéficie également à d’autres villes, notamment Beyla, Koubia, Fria, ainsi qu’aux régions de Haute-Guinée et de Guinée forestière.
En parallèle, des initiatives sont en cours pour mobiliser des partenaires dans plusieurs villes prioritaires – Kérouané, Guéckédou, Mandiana, Kissidougou, Faranah, Forécariah, Boké, et Siguiri – avec des contrats en EPC+F et BOT. Cette dynamique témoigne de la détermination du gouvernement à traiter la question de l’approvisionnement en eau de manière durable et rapide.
Les participants ont enfin souligné la nécessité de renforcer les collaborations entre ministères et de revoir les cadres réglementaires, afin d’assurer une gestion transparente, équitable et durable des ressources en eau. Ces efforts visent à réduire la dépendance aux forages privés, dont la prolifération incontrôlée compromet l’équilibre des ressources hydriques et l’intégrité de l’environnement, pour offrir aux citoyens un accès à l’eau répondant aux normes internationales.