La révélation d’un présumé détournement de fonds portant sur une affaire de plus de 700 milliards de francs guinéens, à la direction générale des douanes, a suscité un tollé au sein de l’opinion nationale.
Comme beaucoup d’observateurs guinéens, le président d’honneur de l’Association Guinéenne pour la Transparence (AGT), a donné son point de vue sur ce scandale, qui fait la Une de l’actualité en Guinée.
L’inefficacité des services de contrôle, un facteur favorisant le détournement de fonds
Dans un entretien accordé à notre rédaction, ce jeudi 19 décembre 2024, Mamadou Taran Diallo, s’est interrogé sur l’efficacité des services de contrôle de l’Etat.
Pour prévenir ou atténuer les cas de corruption ou de détournement de deniers publics, l’ancien ministre de la citoyenneté, pense que les structures étatiques, en charge de l’inspection, doivent jouer pleinement leur rôle.
« La première des choses, c’est qu’en tant qu’ancien gestionnaire et inspecteur de profession, je dis que toute entité publique, qui n’a pas un contrôle ou des obligations de compte et de vérification, peut être exposée à des risques de présomption de détournement de deniers publics. Est-ce que le ministère des finances effectue à la douane des missions de contrôle périodique et régulier ? Est-ce que l’inspection d’Etat, qui est aujourd’hui l’une des inspections supérieures de contrôle de l’Etat procède à des contrôles puisque même à la douane, il doit y avoir un corps de contrôle interne. Est-ce que ce corps de contrôle interne fonctionne et produit des résultats ? », s’est interrogé d’entrée l’ancien ministre des droits de l’homme et des libertés publiques.
Le principe de redevalibilité, ce sacerdoce de tout agent de l’Etat
L’activiste qui œuvre pour la transparence dans les mécanismes de gestion financière, rappelle ensuite qu’un agent de l’Etat, a l’obligation de rendre des comptes. C’est pourquoi, le président d’honneur de l’AGT soupçonne un dysfonctionnement dans le système de contrôle étatique.
« Vous savez, même si vous me confiez quelque chose, il faut que je vienne vous rendre compte ou que vous m’interrogiez. », a fait savoir Mamadou Taran Diallo, au micro de mosaiqueguinee.com.
Pour lui, la Cour de Répression des Infractions Économiques et Financières dispose probablement d’indices. Il croit fermement que c’est à la justice de faire son travail, pour mettre toute la lumière sur ce dossier.
« Ce qu’on peut demander en tant que citoyen, c’est qu’il y ait juste. Et qui dit justice, dit que quand vous, on vous convoque, on vous inculpe et on vous poursuit, vous avez droit qu’on mette devant vous des preuves pour que vous puissiez vous défendre. Et que sur la base de votre défense, qu’on puisse vous acquitter ou vous inculper puis vous condamner. Attendons, on ne sait si ces des rapports d’inspection ou de dénonciation. En dehors des rapports d’inspection, les citoyens peuvent dénoncer, et ces rapports et dénonciations doivent être contrôlés. Donc, puisque nous sommes au niveau de la justice, attendons de voir le contrôle que va donner la justice. Parce que c’est sur la base des preuves, dont elle dispose, qu’elle va juger, condamner ou acquitter. J’attends les conclusions de la justice, et je juge aux résultats et aux faits. », a-t-il martelé.
L’ancien ministre a tout de même insisté sur la nécessité de renforcer les corps de contrôle, pour exiger la redevalibilité et la responsabilité de l’ensemble des gestionnaires de l’Etat, du plus haut commis au dernier fonctionnaire.
Hadja Kadé Barry