À Conakry, la vente de carburant sur les marchés noirs a atteint des proportions alarmantes, mettant en danger la sécurité des citoyens et des commerçants.
Contrairement aux stations-service, soumises à des normes de sécurité strictes, les points de vente de carburant (essence et gasoil) se sont multipliés anarchiquement : carrefours, devant les garages, habitations, et même dans certaines boutiques d’alimentation.
Ce phénomène n’est pas nouveau. Au Port Autonome de Conakry, puis à Gbèssia, ces ventes illégales persistent depuis plus de vingt ans. Le long de l’autoroute Fidel Castro, notamment sur le tronçon aéroport-Kissosso, les étals de carburant prolifèrent, avec plus de 40 points de vente recensés par notre reporter.
À Songoyah, un carrefour a même été surnommé « gasoil » en raison de l’intensité du trafic. Sur la transversale T4, un arrêt de bus a été transformé en station locale, tenue par des femmes. À Mafanco corniche, la vente se fait à l’entrée même d’une station-service, en toute impunité.
Le stockage de ce liquide inflammable pose également problème. Faute d’entrepôts adaptés, les vendeurs stockent le carburant dans leurs habitations ou des baraques, sans aucune mesure de sécurité. Pour exercer ce commerce, il suffit de quelques litres de carburant, d’un bidon de 10 ou 20 litres et de bouteilles d’un litre. Aucune organisation ne semble réglementer cette pratique.
Les conséquences de ce commerce illégal sont dramatiques. Il y a un an, une jeune fille a perdu la vie dans un incendie causé par un stockage de carburant à Yimbaya. Un autre accident, tout aussi tragique, a eu lieu récemment à Kaloum.
Face à ces dangers, une question se pose : les interdictions précédentes de ce trafic étaient-elles définitives ou temporaires ?
Ibrahima Sory Kandja Bangoura