Il est illusoire de croire que le développement économique local repose sur la construction de superbes villas dans des zones rurales et des villages désertés par l’exode. Trop souvent, l’on bâtit des écoles, des centres de santé, des lieux de culte et même des résidences somptueuses dans des localités où la population, en particulier les enfants et les jeunes, se compte sur les doigts d’une main. Le résultat est sans appel : ces infrastructures, érigées à grands frais grâce aux contributions de ressortissants et d’initiatives individuelles, restent fermées. Et l’on s’étonne de voir ces écoles et centres de santé transformés en abris pour animaux domestiques.
Quand comprendra-t-on que la véritable richesse, la véritable dynamique économique, repose avant tout sur la présence d’hommes et de femmes vivant et travaillant sur place ? Plutôt que de rapatrier des fortunes dans des villages vidés de leur jeunesse, il est urgent d’œuvrer pour y ramener les jeunes, de les aider à s’y installer durablement et à y construire leur avenir. Comment ? Par des investissements productifs dans des secteurs stratégiques tels que l’agriculture, l’élevage et les services de proximité.
Une localité rurale ne peut se développer et être économiquement viable que si elle est peuplée d’hommes et de femmes en âge de procréer, de travailler, d’entreprendre et de bâtir une vie économique et sociale dynamique. Par exemple, si Timbi Madina est cité en exemple en termes de vitalité économique locale, c’est avant tout grâce à la productivité agricole (filière pomme de terre) et au peuplement. Ce phénomène est largement documenté dans les études sur l’économie rurale en Afrique.
Comme l’explique Serge Michailof dans Africanistan : L’Afrique en crise va-t-elle se retrouver dans nos banlieues ? : « L’absence d’opportunités économiques locales et l’exode rural massif qui en découle sont les plus grands freins au développement des territoires.
Les régions qui réussissent sont celles qui parviennent à retenir leur jeunesse et à lui offrir des moyens de subsistance durables. » Les sacs de riz, les boîtes de conserve ou les équipements électroménagers envoyés depuis les villes n’accompliront jamais le miracle du développement économique local. Ce dernier ne réside pas dans l’accumulation de biens urbains en milieu rural, mais dans la capacité de ce dernier à valoriser ses propres ressources. La clé du développement économique local repose sur la production, la transformation et la commercialisation des richesses locales. Il est temps d’ouvrir les yeux : sans une population active et dynamique, aucun développement durable n’est possible à l’échelle locale.
Plutôt que d’y construire des infrastructures vides à coût de milliards, créons les conditions d’un retour et d’une installation durable des populations rurales notamment la couche juvénile. C’est ainsi que nos territoires revivront et prospéreront.
Alghassimou Porédaka DIALLO
Expert en Développement Local, Certifié PMP, DASM et Google Project Management