Alors que les missions d’observation électorale continuent d’apprécier le calme et l’engouement populaire qui ont caractérisé le scrutin du 28 septembre, les guinéens devront encore s’armer de patience dans l’attente des résultats provisoires par la CENI.
Cette attente qui s’annonce d’ores et déjà longue et ennuyeuse pourrait susciter des craintes et des violences à la publication officielle des résultats globaux par la CENI.
Pendant ce temps, Conakry ressemble à une ville fantôme. Au marché de Madina, les commerçants se pressent à vider leurs boutiques et magasins de leur contenu par crainte des pillages qui pourraient advenir au moment des violences. « Je ne peux plus garder mes marchandises ici. Je préfère les envoyer chez moi jusqu’à ce que les résultats soient publiés », note Mamadou Baldé, un commerçant assis devant sa boutique fermée.
Partout sur les différents marchés de la capitale, l’on assiste à une paralysie de l’activité économique. Les citoyens rencontrés dans la rue m’ont confiés que la situation actuelle des marchés suscite des inquiétudes.
La nuit tombée, des postes de contrôle sont installés à tous les grands carrefours de Conakry. Djibril Soumah, gérant d’un restaurant en banlieue affirme être confronté depuis quelques jours à des désagréments au pont de Kipé aux environs de 22heures : contrôle de coffre de véhicule, fouille corporelle, présentation de pièces d’identité. Tout y passe.
Dans certains quartiers de la banlieue, les populations se couchent au même moment que les coqs. Le climat de peur et de terreur a fini par gagner les citoyens qui craignent des attaques ciblées. Depuis trois jours, l’on constate une forte affluence dans les gares routières. Alassane Fofana vit à Conakry depuis 5ans mais par crainte de violences à l’annonce des résultats, il décide de faire partir sa petite famille à Boké.
Rencontré samedi soir au parc de Madina en compagnie de sa femme et de ces trois enfants, ce menuisier de profession a déclaré que « depuis le jour du scrutin, il vit dans la peur et ne sait plus quoi à entendre des déclarations va-en-guerre des politiciens ».
L’ouverture des classes pour l’enseignement pré-universitaire s’est passée de la façon la plus timide. A l’école primaire de Dixinn Centre 1, ce sont les cadres de direction et les enseignants qui ont fait la montée des couleurs devant une dizaine d’élèves. « Je préfère retenir mes enfants encore à la maison. Rien n’est sûr tant que ces résultats ne sont pas donnés », déclare un parent d’élève. Le directeur de cette école affirme que ses 15 élèves qui se sont présentés dans son école le 3 Octobre sur un effectif de 253 élèves.
Conakry qui grouillait de monde et de véhicules aux heures de pointe dans les grands carrefours, connait depuis quelques jours, une circulation très fluide et une rareté sans précédent des engins roulants sur les principales artères.
Bah Sékou.