Malgré l’éviction d’Alpha Condé au pouvoir, la Guinée peine encore à se départir des remous sociaux plongeant le pays dans une instabilité politique déplorable, aux yeux de certains guinéens.
Pour bon nombre de leaders d’opinion, la Guinée est loin de voir le bout du tunnel vu le contexte actuel.
« Nous avons pensé que le changement qui a eu lieu, le 5 septembre dernier allait nous éloigner des problèmes auxquels nous étions confrontés », déclare El Hadj Djériba Diaby dans un entretien avec notre rédaction, avant d’indiquer que depuis près de 15 ans, les guinéens sont victimes de cette politique politicienne qui ternit l’image du pays à l’étranger.
« Nous sommes désormais reconnus comme un pays de violence. C’est très regrettable parce que malgré tous les problèmes, nous avons su partager tout ensemble. Mais, depuis l’avènement de la démocratie et le multipartisme, nous avons compris que notre pays n’a peut-être pas la chance d’être parmi les pays qui ont bénéficié d’une véritable démocratie. Il est vraiment dommage que les guinéens ne comprennent pas que nous sommes encore en retard sur le plan continental », regrette-il.
Pour l’ambassadeur de la paix, le retard de la Guinée n’est nullement lié à un régime encore moins à un président ou à un gouvernement.
« Nous sommes tous fautifs, et nous devons nous sentir tous coupables aujourd’hui de ce que nous vivons. Et, le guinéen malheureusement aime toujours rejeter la faute sur autrui, c’est la faute du président, du premier ministre… Personne ne peut fuir cette responsabilité », ajoute-t-il.
Cet activiste de la paix reste convaincu qu’il faudrait impérativement œuvrer pour une prise de conscience collective afin de faciliter la réussite de la transition « nous devons changer positivement notre manière de faire pour vivre ensemble sans violence ».
« Si les guinéens pensent que c’est le président qu’on doit changer tous les jours, si on n’arrive pas à comprendre que la violence n’a jamais construit un pays, nous n’allons jamais avancer. C’est l’amour du prochain, la justice, l’entente qui peuvent construire un pays. Chacun est coupable de quelque chose dans notre pays (l’État, la population). Chacun cherche à affronter son prochain », fait-il remarquer.
Pour combattre l’ethnostratégie en vue d’un décollage économique de la Guinée, qui regorge d’énormes potentialités, El hadj Djériba Diaby dit mener des démarches pour diligenter la mise en place d’une fédération nationale de la paix en Guinée.
« Nous n’avons pas de problèmes ethniques dans notre pays parce que même au niveau de l’axe Hamdallaye-Kagbelen, ce n’est pas seulement des peuls qui y habitent, toutes les ethnies sont représentées. Mais, ils sont en train de créer des faux problèmes pour nous diviser, et on se laisse manipuler par ces personnes dont nous ne pouvons citer parce qu’on ne sait pas exactement, quelle frange de la société est commanditaire de ces actes. C’est déplorable ! ».
« C’est pourquoi je suis en train de mener des démarches auprès des acteurs politiques, des leaders religieux et des opérateurs économiques pour installer une fédération afin que les personnalités de mon pays puissent devenir membres de la fédération internationale de la paix. J’ai fait la proposition à El hadj Mamadou Bobo Denken Diallo, Kerfala Camara KPC, El hadj Badrou, l’imam de Labé, El hadj Mamadou Saliou Camara, Mon seigneur Vincent Koulibaly, El hadj Sékhouna entre autres. Il nous faut 40 ambassadeurs pour créer cette fédération. Et nous ne pouvons avoir un bureau pour le moment sans compléter le nombre, afin de pouvoir continuer à sensibiliser les citoyens pour la consolidation de la paix en Guinée », a-t-il rassuré.
Hadja Kadé Barry