L’humanité célèbre ce mercredi 8 mars, la journée internationale des droits de la femme, une occasion pour les gouvernants de faire le bilan des acquis et de se fixer de nouveaux objectifs en faveur de la junte féminine. Dans une interview accordée à notre rédaction, la présidente du parti FAN et présidente de La Guinéenne en Politique, l’ancienne ministre Makalé Camara a plaidé en faveur des femmes pour qu’elles soient aussi au centre de la gouvernance du continent africain étant donné, selon elle, que les hommes ont montré leur limite.
Interview !
Mosaiqueguinee.com : En ce jour de journée internationale des droits des femmes, vous qui êtes une femme leader politique et modèle pour ce pays, quel est le sentiment qui vous anime ?
Hadja Makalé Camara : Quand on parle de fête, on parle forcément de réjouissance mais au-delà, on parle aussi d’introspection. Les femmes doivent regarder autour d’elle mais aussi descendre en elles-mêmes pour savoir quels sont les acquis et quelles peuvent être les perspectives. Dans ce cadre, je me réjouis à l’image de mes consœurs, parce qu’il y a une journée dédiée à la femme dans le monde pour l’avancement des droits humains de ces femmes. Mais je me pose aussi la question de savoir quelles sont les mesures, quels sont les pas qu’il faut poser les uns après les autres pour que la condition des femmes change et pour qu’elles puissent émerger et atteindre la condition masculine. Ainsi cette fête, cette fois basée sur la digitalisation, ce qui veut dire, l’informatisation, l’autoroute de l’information pour que les femmes puissent être informées sur les choses du monde et qu’elles puissent être entendues. Je pense que c’est un thème très important. Le E-information est, vraiment, ce qui est important aujourd’hui pour l’ensemble des peuples du monde.
Aujourd’hui, est-ce que vous êtes fières des conditions féminines des femmes guinéennes ?
Fier est un mot, mais je peux dire que si nous ne sommes pas arrivés où nous devons être, nous ne sommes plus là où nous étions hier. Depuis les années 92, j’ai été secrétaire d’Etat aux affaires sociales à la promotion féminine et à l’enfance. C’est pourquoi, il y a deux jours, l’actuelle ministre de ce département m’a gratifiée d’un diplôme d’honneur pour les services rendus à la nation dans le domaine de la promotion féminine. Les femmes sont parties de très loin et sont en train d’évoluer, elles sont en train d’avancer. Si nous sommes parvenues à mettre en place une association de femmes en politique, je suis sure que les femmes libérerons l’Afrique. Ce sont les femmes qui vont libérer ce continent. 64 d’indépendance pour la Guinée, voilà où nous nous sommes rendus, avec toutes les difficultés que nous connaissons, avec la CRIEF qui en jeu. Ça veut dire que les hommes ont atteint leur limite. Essayez les femmes aussi pour savoir ce que nous pouvons apporter à notre nation. L’indépendance même l’a été grâce aux femmes, à leur combat acharné. On vous citerait Mafory Bangoura, on vous citerait M’Balia Camara, on vous citerait la grève des 72 jours. Mais mieux, la femme révolutionnaire, Binta pilote à l’époque qui était la pilote attirée du président Conté et tant d’autres qui se sont démarquées da,s ce pays. Je pense à une certaine Jeanne Martin Cissé qui fut, pour la première fois pour une femme, présidente du conseil de sécurité des Nations-Unies. C’est important et c’est honorable. La femme politique évolue dans ce pays aujourd’hui, la LGP que j’ai l’honneur de présider regroupe 20 femmes venues de différents partis politiques, qui se donnent les mains pour faire avancer ce pays, mais aussi pour qu’elles puissent évoluer et faire rayonner la femme sur l’espace politique. Comme j’ai l’habitude de le dire, ce sont les femmes qui vont libérer ce continent et nous sommes sur ce chemin. Si les femmes qui sont les plus nombreuses de l’Afrique, acquéraient de la compétence, si ces femmes savaient ce que c’est la politique et savaient créer leurs partis politiques et les manager, elles allaient pouvoir diriger aux destinées de ce continent. Je pense que nous évoluons et continuerons à nous battre pour avoir ce que nous n’avons pas. Surtout, nous continuons de nous battre contre les violences faites aux femmes parce que là aussi, c’est un frein à notre émancipation. Le harcèlement sur les lieux de travail, la violence dans les foyers, les cas de viol sur les petites filles font que les femmes n’arrivent pas à évoluer comme elles le souhaitent dans nos sociétés. Mais puisqu’on en a conscience et que ces questions sont prises en charge, je pense que nous allons continuer d’évoluer jusqu’à ce que nous arrivions à percer le plafond de verre.
Concrètement, à votre avis, qu’est-ce qui doit être fait par les femmes et par les gouvernants pour changer la condition de la femme guinéenne ?
D’abord, la femme elle-même doit accepter d’être compétitive, en renforçant leur capacité, en renforçant leur compétence. Nous allons parler plutôt de discrimination positive, c’est-à-dire qu’il y ait beaucoup plus de femmes dans les instances de décision tout comme nous sommes en train de nous aujourd’hui au niveau du CNT, pour que la parité soit incluse dans la future Constitution. Mais ça ne suffit pas de donner la place aux femmes, elles doivent les prendre, parce qu’elles sont là, elles sont capables, c’est aux femmes de décider de leur destin. Et pour que cela soit, la lutte première, c’est l’information, c’est la formation. Quand on es à la hauteur, quand on peut concourir avec les hommes dans les domaines scientifiques, économiques et même politique, vous n’aurez pas besoin de dire prenez moi je suis femme, mais vous serez êtes prises par compétence et le reste suivra. Pour les gouvernants aussi, il faut donner de la chance aux femmes parce que la femme est capable, sincère. Vous verrez que c’est la meilleure gestionnaire, elle qui gère déjà le foyer, qui sait la communauté, saura gérer toute affaire qu’on va lui confier. Les gouvernants aujourd’hui, devront continuer à faire face aux femmes en leur donnant les moyens de leur indépendance. Ces moyens commencent à l’école, encouragez les jeunes filles à venir à l’école, ces moyens c’est sur les lieux de travail en évitant les harcèlements sexuels qui peuvent désinvestir la femme. L’Etat doit aujourd’hui faire face aux femmes parce que 52% d’une population est une dynamique à encourager, à exacerber, à solidifier pour que ça puisse être compris dans la capacité de ce pays à se développer. Nous demandons à l’Etat de faire face à la promotion de la femme et cela n’est pas d’acclamer les gouvernants ou de danser comme nous l’avons l’habitude de la faire lors des fêtes dédiées aux femmes, nous devons faire des propositions concrètes et je suis sure que la ministre des femmes va nous faire des propositions concrètes dans ce sens.
Très peu de femmes sont aujourd’hui en politique. Quel est l’appel que vous lancez aux femmes afin d’embrasser la politique ?
Je dirai que la plateforme La Guinéenne en Politique est créée aujourd’hui pour amener les femmes en politique, pour montrer qu’on peut faire la politique autrement. La politique ce n’est pas seulement la mamaya, ce ne sont pas seulement les campagnes électorales. La politique, c’est la compréhension de la gestion de son pays, c’est de savoir comment notre économie évolue, comment notre sociologie est profitable aux femmes et à nos enfants, c’est savoir que la gestion des affaires publiques de notre pays intéressent tout le monde et pour ce faire, il faut continuer de s’informer et de se former. Je demande aux femmes de venir dans la politique puisque c’est travers la politique qu’on acquiert le pouvoir et si les femmes veulent le pouvoir, si elles veulent participer à la gestion de la cité au même titre que les hommes, c’est à travers la politique qu’elles pourront le faire. Et la LGP est une plateforme qui tend à être une institution, est une porte ouverte à toutes les femmes de ce pays qui veulent embrasser la politique, qui veulent comprendre la politique, comprendre la gestion de la cité et des affaires publiques, de venir taper à cette porte qui est toujours ouverte pour que nous puissions mettre le pied dans l’étrier. J’invite surtout les femmes intellectuelles qui ont du mal à s’impliquer dans la politique, je ne sais pas de quoi elles ont peur et, cependant, pour avoir gérer leur vie ou une partie de leur vie, pour continuer de gérer, il faut venir en politique. Je lance donc un appel aux femmes des partis politiques, des organisations de la société civile et toute autre femme qui veut comprendre ce que c’est que la politique, la LGP est le lieu où il faut vraiment être dans ce pays.
Le mot de la fin !
Bonne fête aux femmes de Guinée, c’est notre fête, soyons heureuses, soyons bien dans notre peau. Avançons et surtout ayons confiance en nous même car seule la confiance est déterminante. Personne ne peut faire pour vous ce que nous ne pouvez faire pour vous-même.
Interview réalisée par Mônêmoundomma et MohamedNana Bangoura