En Guinée, 1,2 million d’enfants ne sont pas scolarisés et 89 % des filles scolarisées ne terminent pas le premier cycle de l’enseignement secondaire. En 2022, 159 000 candidats ont passé l’examen du BEPC et seulement 15 % l’ont réussi. Sur 93 000 candidats inscrits au baccalauréat, seulement 9,3 % ont réussi l’examen. 11 000 professeurs manquaient pour l’enseignement primaire et 4 500 pour le secondaire en 2021. Sur 14 pays d’Afrique francophone, la Guinée est classée au 12ème rang dans le rapport du Programme d’Analyse des Systèmes Éducatifs de la CONFEMEN1 de 2019. Cette étude évalue les élèves en lecture et en calcul au début et à la fin de leur scolarité primaire.
Une enquête menée par le programme d’amélioration des compétences fondamentales dans 10 écoles de la région de Kindia, a révélé que des élèves des classes de CE1, CE2 et CM1 ont des insuffisances dans leurs apprentissages. Dans les préfectures de Télimélé, Kindia, Forécariah, Coyah et Dubréka, de nombreux enfants n’ont pas atteint le seuil minimum de compétences en lecture et en mathématiques. Sur 1562 élèves testés, 295 ne savent pas distinguer les lettres de l’alphabet français, 652 ne savent pas lire toutes les lettres de l’alphabet français, 158 ne peuvent pas lire un paragraphe entier, 770 ne peuvent pas lire un nombre à deux chiffres et 465 enfants ne savent pas faire une soustraction.
Grâce au soutien du Comité national espagnol de l’UNICEF, l’UNICEF en Guinée appuie le Ministère de l’Enseignement Pré-Universitaire et de l’Alphabétisation pour le Programme d’Amélioration des Compétences Fondamentales (PACF) et l’initiative des Fondamentaux en Littératie et Numératie (FLN) dans 10 écoles primaires de la région de Kindia.
L’approche expérimentale Enseigner au bon niveau2 facilite l’acquisition des fondamentaux en lecture et mathématiques au niveau primaire. Cette méthode d’apprentissage accélérée permet de renforcer les compétences de l’enfant sans le faire changer de niveau de classe. Elle se passe en trois étapes successives. Dans un premier temps, l’enfant est évalué en lecture et en mathématiques. Ensuite celui-ci intègre un groupe d’apprentissage suivant son niveau et non par son âge. Enfin, le développement de ses compétences fondamentales se fait grâce à une méthodologie d’enseignement et d’apprentissage interactive et des activités ludiques adaptées à son niveau.
Les formateurs nationaux guinéens ont été formés par des experts de l’éducation de la Côte d’Ivoire où le projet est déployé depuis une dizaine d’année à l’échelle nationale couvrant plus de 50 000 écoles. Ces formateurs ont ensuite formé des enseignants dans 10 écoles pilotes guinéennes. « Les formateurs nous ont appris les techniques d’animation des cours et nous avons suivi un stage pratique », explique Houlématou Diallo, Enseignante au niveau CE2 à Kindia.
Djénab Camara, Enseignante au niveau CM1 à l’École primaire centre1 de Coyah témoigne des résultats positifs de l’approche basée sur les Fondamentaux en Littératie et Numératie (FLN). « Avant ce soutien scolaire, il y avait beaucoup d’enfants qui ne savaient pas lire les lettres de l’alphabet, mais maintenant ils peuvent lire les syllabes et les mots. J’aimerais que cette approche soit présente dans toutes les écoles du pays afin de permettre aux élèves de rattraper les apprentissages qu’ils n’ont pas pu acquérir. » Lorsque que le niveau de l’élève s’améliore, il change de groupe de compétences. « La formation des groupes ne prend pas en compte de la classe que fréquente l’élève, mais plutôt de ses lacunes décelées à l’issue d’un test. Les élèves des classes de CE1, CE2 et CM1 peuvent donc se retrouver dans un même groupe de compétences », précise Fanta Diané, Directrice de l’école primaire Doumbouya de Coyah.
« Nous avons 34 élèves de toute compétence confondue qui ont fait des progrès. Nous les avons donc fait évoluer de niveau. Nous le faisons au fur et à mesure des compétences apprises par l’élève, afin de créer un engouement pour les enfants à intégrer un niveau supérieur, Comme les enfants participent très activement pendant ces sessions d’apprentissage, leurs camarades de classe sont très intéressés et font régulièrement la demande d’intégrer ces activités extra-scolaires, » explique Aboubacar Yarie Camara, Directeur de l’école primaire de Dandayah, préfecture de Forécariah.
Avec l’UNICEF