En Conseil des ministres le jeudi 6 avril 2023, le Premier ministre, Dr Bernard Goumou s’est insurgé contre les ordonnances fantaisistes dans les structures sanitaires du pays. Le chef du gouvernement de transition a instruit les ministres en charge de la Santé, des Affaires étrangères et de l’Enseignement supérieur de mettre en place un programme spécifique, pour relever non seulement le niveau du personnel de santé et de doter les structures en équipements adaptés et conventionnels
Mamadou Pété Diallo, Dr Diaka Sidibé et Morissanda Kouyaté ont deux semaines pour présenter un projet dans ce sens. Pour évoquer la question, Mohamed Bangoura a interrogé Dr Mohamed Condé, le Coordinateur de la coalition national des professionnels de santé (CONAPROS).
Interview !
Mosaiqueguinee.com : Dr Mohamed Condé, Bonjour ? En conseil des Ministres le jeudi dernier, le PM Goumou a dénoncé les ordonnances fantaisistes dans les structures sanitaires. En tant que Coordinateur national de la CONAPROS, que vous inspire cette sortie du PM du gouvernement de transition ?
Dr Mohamed Condé : En tant que coordinateur national des professionnels de santé, j’aimerais dire que l’intervention du Premier ministre lors du dernier conseil par rapport à la qualification des soins dans nos structures sanitaire est une réalité et la CONAPROS s’est inscrite depuis sa création à la moralisation des professionnels de santé. Nous sommes touchés quand on dit que les médecins Guinéens font des prescriptions fantaisistes étant donné que nous avons les meilleurs médecins dont les avis sont demandés dans la sous-région et partout en Afrique et dans tous les domaines. Donc, nous incriminer de la sorte n’est pas une bonne chose.
Comment résoudre une telle équation tout en sachant que plusieurs services s’occupent de cette question au sein du Ministère de la Santé ?
Je pense que l’approche du premier ministre est à revoir pour la simple raison que le Ministère de la santé regorge des directions qui sont normalement chargées de veiller à la qualification des services. Nous avons les directions telles que la Direction Nationale des soins, des établissements publics et privés, la direction nationale de l’hygiène publique sans oublier l’inspection Générale de la santé. Toutes ces directions existent et à mon humble avis au lieu d’inviter les trois ministres à siéger autour de cette problématique, il serait important de mettre les moyens à leur disposition pour un meilleur résultat.
Faut-il élargir cette question aux cliniques privées fondées par des non-médecins ?
Il est important de signaler que nous avons nos structures sanitaires des non-médecins qui se permettent d’écrire des ordonnances. Sinon, les médecins connaissent les règles de prescriptions médicales et nos médecins font partie des meilleurs médecins de la Sous-région.
Dans la pratique, comment appliquer une telle décision face au mandat échu des membres du Conseil de l’ordre des médecins ?
Tant que nous n’allons pas mettre en place le Conseil National de l’ordre des Médecins de Guinée qui, normalement veille au respect de l’éthique et de la déontologie de la pratique médicale, ce combat sera difficile à mener sans oublier les autres ordres sociaux professionnels de santé.
Que faut-il faire pour mettre fin aux prescriptions fantaisistes dans les structures sanitaires ?
Pour éviter les prescriptions fantaisistes il faudrait que :
– Les médecins soient inscrits au Conseil National de l’ordre des médecins et ayant une attestation d’exercice de la pratique médicale
– Tous ces médecins mettent sur leur cachet le Numéro d’ordre d’inscription afin de détecter facilement le prescripteur
– Tous les pharmaciens désirant ouvrir une pharmacie soient inscrit à l’ordre des pharmaciens
– Toutes les écoles de santé répondent aux normes d’une structure de formation en santé
– Les moyens soient donnés aux différents DRS afin de lutter efficacement contre les pharmacies et cliniques clandestines car ce combat ne saurait être centralisé.
– Créer une direction Nationale de la Qualité des soins
– Tous les ordres sociaux professionnels et les ONG impliqués dans la moralisation soient associés aux différentes prises de décision pour une meilleure efficacité d’action.
Aussi, nous demandons à l’Etat de mettre les moyens matériels et financiers comme dans les autres pays voisins. C’est bien de critiquer la pratique médicale en Guinée mais je prie le Premier Ministre de partir dans nos hôpitaux et voir de lui-même dans quelles conditions travaillent nos médecins, infirmières, sages-femmes, aides-soignants etc. Avec ces conditions, on ne saurait parler de qualité de soins. Je finirai par dire que la qualité des services n’est pas seulement les prescriptions médicales mais elle doit exister dans tous les secteurs de santé et pour que cela soit, il faudrait une démarche qualité qui implique tout le monde du niveau stratégique au niveau opérationnel.
Merci à vous Dr Condé !
Je vous remercie !
Interview réalisée par Mohamed Bangoura