Tous les regards désormais tournés vers la cour suprême après la publication par la CENI des résultats provisoires globaux des dernières élections législatives en Guinée. A charge pour elle de dire le droit, rien que le droit au sujet d’un scrutin aux enseignements multiples, la sortie de crise est au bout, le peuple veut y croire.
Vous avez dit dire le droit, rien que le droit, la cour suprême sait qu’il ne saurait en être autrement, elle sait que de sa décision demeure suspendus le souffle et l’avenir immédiat de tout un pays, elle sait qu’il lui est interdit de se louper, le très introverti président Syma et son équipe intègrent heureusement, espère-t-on ce défi, cet impératif de vérité devenu finalement la passerelle obligée vers des lendemains qui enchantent, vers un avenir qui se scrute enfin dans une boule de cristal et non dans un écran de fumée. Une cassure d’avec un passé à tout point de vue trouble et sombre, s’impose. Par sa forte mobilisation dans une discipline saluée par plus d’un, le peuple de guinée, s’est bien montré en phase avec cette exigence de l’histoire le 28 septembre dernier. Le peuple savait qu’il avait à nouveau rendez-vous avec son destin, la coïncidence avec une date historique chargée de lauriers mais aussi de souillures, étant un motif supplémentaire de motivation. Ce peuple lassé d’être dindon de la plus grosse farce politique du continent, lassé d’être otage d’une guerre de tranchée sans fin à issue incertaine, lassé de vivre dans la grisaille d’une psychose sans fin, ce peuple dis-je, n’attend plus que la cour suprême le délivre enfin des fers de l’incertitude et de la surenchère avec ses rhétoriques irrémédiablement guerrières. Vous avez dit droit, rien que le droit, cette cour suprême espère-t-on, le dira, reste à savoir si le droit qu’elle dira contentera tout le monde, encore qu’il n’est pas fait pour être la tasse de thé de tout le monde. Mais à contexte particulier, conjectures particulières. La tâche qui l’attend cette institution, la plus grande de notre armature judiciaire, est on ne peut plus ardue, mais surtout complexe et délicate. Ardue, car elle ne sera pas du tout repos, complexe à cause du fatras de recours à traiter, délicate à cause de la nature de la décision à rendre mais surtout eu égard le jeu de dupes et la spirale sans fin d’accusations et de contre-accusations de fraudes, dans lesquels se sont inscrits les acteurs de cette grande comédie à double visage. D’un côté, un parti au pouvoir, rien d’étonnant au pays de tous les paradoxes et de toutes les excentricités, un parti au pouvoir supposé détenir le gouvernail de tout l’appareillage de commandement, qui se plaint de fraude qui aurait été planifiée et orchestrée par l’opposition, quand le chat crie à la morsure de la souris, passons, sommes-nous dans un scénario révulsé ou tout à fait politiquement correct où la neutralité exigée de l’administration aurait si bien fonctionné, rendant ainsi plausible la thèse du parti présidentiel ? De l’autre côté, l’opposition ou ce qui lui reste de substantielle, après la décantation, s’arcboute à exiger l’invalidation de tout le scrutin, elle introduira des recours dans ce sens. Si on se réjouit qu’elle ait choisi les voies légales de recours, il est à craindre que les événements ne prennent une tournure non souhaitée au terme de l’arrêt de la cour suprême. Sans vaticiner, il n’y a pas à vasouiller, il est difficile de penser un seul instant que tout le scrutin sera annulé, tout ou une partie des circonscriptions pointées même par la communauté internationale oui, mais tout le scrutin, c’est un peu fort que le roquefort. Les sacrifices et le chemin de croix pour en arriver là, se passent de tout commentaire. A la suite de la décision de la cour suprême, le centre des regards changera de gravité pour se porter sur l’opposition, elle dira en ce moment la voie qu’elle voudra emprunter et avec tout un pays. A elle et plus globalement à toute notre classe politique de choisir entre la voie du pari de l’avenir avec l’espoir d’améliorer ce qui a été fait et celle du chao. C’est une certitude ex cathedra, ces élections ont connu leur lot d’insuffisances et de défaillances, loin de nous l’idée de nous contenter du minimum, mais rien qu’à observer les scores réalisés par les principaux partis de l’opposition, à contrario d’autres cieux, il y a de quoi espérer à une proche aube nouvelle de la démocratie en guinée, il faut passer ce cap…