La réalisation du projet d’exploitation de Simandou, un minerai de fer, considéré comme une des plus importantes mines dans le monde, reste pour l’heure, le principal sujet d’actualité en Guinée.
Alors que la révision des conventions relatives à l’extraction des gisements, sous le CNRD, a permis le démarrage immédiat des travaux, des voix s’élèvent pour dénoncer plusieurs anomalies, en ce qui concerne la signature de celles-ci.
Ce samedi 30 novembre 2024, le parti MoDel a longuement passé au crible, les contours de ce Méga Projet.
Le manque de transparence dans l’élaboration des conventions, décrié par le MoDel
Dans un long exposé, le leader de cette formation politique a soulevé un certain nombre de failles, dans la démarche des militaires au pouvoir, qui, selon lui, n’ont pas le mandat de réaliser un tel projet.
« Le Simandou : c’est une question sensible. Une autorité de transition n’a pas vocation à engager la Guinée sur projet d’envergure, comme le Simandou », souligne tout d’abord Aliou Bah, qui dénonce l’opacité dans laquelle les dirigeants actuels se sont embourbés.
« Et nous l’avons dit ici, c’est l’objet de l’assemblée générale. Nous avons fait un exposé détaillé sur tout ce qu’il y a eu comme insuffisance par rapport au Simandou (la procédure, l’opacité qui a caractérisé la signature des conventions, les renégociations qui ont été faites). Les structures qui travaillent là-dessus ne sont pas habilitées, tels que le comité stratégique qui siège à la présidence, qui ne peut pas avoir mandat de traiter, de renégocier sur le Simandou, étant donné que la commission titre et convention et la commission technique sur les mines, qui sont des commissions spécialisées au ministère des mines, doivent traiter ce sujet-là et porter des avis pour le gouvernement, qui doit en discuter en conseil des ministres, avant que cela ne vienne à la Cour Constitutionnelle, pour vérifier la constitutionnalité des engagements. Également, pour que cela puisse passer au niveau du CNT, et ce travail se fera jusqu’au Journal Officiel de la République », a fait remarquer Aliou Bah.
« Et le fait d’avoir caché aux guinéens le processus de révision de ces conventions depuis 2021: que nous ne soyons pas capables de consulter ce qui a été signé à travers le Journal Officiel et le site du ministère des mines, étant donné qu’il est clairement indiqué dans le code minier guinéen et dans les conventions internationales sur la transparence dans les industries extractives qu’aucune convention ne peut être signée de façon confidentielle. Elle ne doit pas rester confidentielle. Les Guinéens ont droit à l’information et à la parole par rapport aux ressources qui leur appartiennent. Donc vous avez vu un ensemble de vices, un ensemble d’inquiétudes par rapport à ce projet Simandou. Et nous dénonçons la politisation outrancière du projet, parce que parler de Simando 2040, afficher cela partout dans le pays, et faire croire que c’est la clé du paradis pour les Guinéens, c’est irresponsable parce que c’est mensonger », a-t-il fustigé.
Le MoDel révèle une réduction considérable des avantages du projet
D’après Aliou Bah, le manque de professionnalisme conforté par le désir de duper la population, a réduit considérablement, les avantages liés à l’exploitation du minerai de fer (Simandou).
« Par le fait de l’empressement, de l’amateurisme, des calculs politiciens, en rapport avec l’utilisation politique du Simandou, la propagande autour de ça, nous avons perdu le port en eau profonde, qui devait se faire avec une jetée de 18 kilomètres sur la mer, pour créer un port commercial dans la zone de Forécariah, précisément à Moribaya. L’utilisation dit multi usage du train, ça ne peut pas être le cas, parce que le tracé, c’est le long de la frontière. Ça ne passe pas par les villes. Il n’y a personne qui peut s’embarquer dans un train, pour aller être débarqué à 80 kilomètres d’une ville, comme Mamou ou Kindia. C’est des illusions ! Ce n’est pas vrai ! Le fait que les communautés perdent l’opportunité que les compagnies s’engagent à signer des contrats, pour développer des plans au niveau local, pour pouvoir les aider dans la compensation, la préservation de l’environnement et le développement communautaire, ceci aussi n’existe pas dans ces conventions », a déploré le jeune leader au micro de mosaiqueguinee.com.
« Le fait que la Guinée aussi ait renoncé au projet d’aciérie, qui allait nous permettre de faire de la transformation locale. Et en lieu et place, nous allons mettre des barges qui sont des plates-formes de chargement et de déchargement de la production de Simandou. Ce qui veut dire que l’aciérie qui avait été prévue dans la convention de base, ne va pas exister. Donc nous n’allons pas exporter des produits transformés, mais plutôt, nous allons reproduire ce qui a été fait dans le cadre de la bauxite à Boké, déclarée zone économique spéciale, où il y a plus de 14 entreprises presque chacune a un port. Ils sont en train de détruire systématiquement l’environnement, c’est cette même menace qui pèse dans la zone de Forécariah aujourd’hui, où la pêche artisanale, l’environnement sont menacés », poursuit-il.
Selon Aliou Bah, dans les 15 prochaines années, la Guinée ne pourra gagner que sur le plan fiscal.
Cependant, le cadrage fiscal sur le projet Simandou, reste également inaccessible, regrette-t-il.
« C’est devenu un secret à la présidence de la République, étant donné que sans cadrage fiscal, nous ne pouvons pas projeter le pays sur le plan budgétaire et économique. Ça veut dire que ce sont des informations essentielles que le public doit avoir, que les dirigeants doivent nous donner pour que chacun de nous puisse faire, un arbitrage, une analyse et se projeter. Nous ne participons pas au financement, parce que nous n’en avons pas les moyens en tant que pays. Le cadrage financier international : ce sont des banques qui sont sollicitées dans des conditions que nous ignorons. Et comment ces banques vont arriver ? Comment cela va être financé ? Et finalement, qu’est-ce que nous aurons là-dedans ? Il y a plus de questions que de réponses sur le Simandou. Alors, c’est pourquoi nous disons attention ! Il ne faudrait pas que les gens suivent aveuglement un slogan, et qu’ils se mettent à le chanter partout, comme si c’est la clé du paradis. Ce n’est pas vrai », a martelé le président du MoDel.
Aliou Bah lance donc un défi au gouvernement, celui de faire une sincère communication sur le contenu des conventions signées, en rapport avec l’exploitation de Simandou.
Hadja Kadé Barry