Lancé en grande pompe en 2011 par le ministre Bantama Sow, le projet EJAG semble avoir fait four. En témoigne le fait que les jeunes ou groupements de jeunes devant en bénéficier en soient toujours à attendre ce qui leur a été promis : des tracteurs, des motoculteurs, des intrants…
Cela fait donc deux ans que ledit projet, pourtant destiné à soutenir pas moins de 100 groupements de jeunes agriculteurs soit un total de plus de 2000 jeunes, peine à démarrer.
Le projet visait à appuyer ces groupements leaders de jeunes agriculteurs en les dotant d’engins, d’engrais, de semence et de petits matériels agricoles, sans oublier leur formation aux techniques culturales, tout cela sous forme de crédit remboursable.
Mais comme on le dit, l’enfer est pavé de bonnes intentions. Tout cela n’est plus aujourd’hui que de la poudre jetée dans les yeux de ces jeunes que le président de la République voulait encourager à s’intéresser à la terre. Tout porte à croire que le projet a fini en eau de boudin. Il semble que le chef de l’Etat n’en serait même pas informé. On continuerait à lui faire accroire que les groupements ont reçu les engins et les intrants qu’il leur a offert et que tout va pour le mieux dans le meilleur des mondes. Encore, les artifices de notre administration tatillonne, bureaucratique et corrompue sont passés par là.
Que sont-ils devenus les 100 engins agricoles ?
Il y a 4 mois, à en croire le porte-parole des soi-disant bénéficiaires dudit projet, César basé à Kissidougou, le ministre Bantama Sow les a assurait que les 100 engins composés de 25 tracteurs et 75 motoculteurs étaient garés au garage du gouvernement.
Seulement voilà, cela dure deux ans que les groupements n’ont pas reçu les tracteurs ni les motoculteurs. Pourtant au lancement du projet, les clés des engins avaient remises aux bénéficiaires avec la promesse que les engins lourds allaient être acheminés jusqu’à eux. Pour les tracteurs, on s’en tient à ce qu’a dit Bantama Sow aux jeunes agriculteurs, pour les motoculteurs, ils seraient eux stationnés dans les chefs lieux des régions. Pendant ce temps, les soi-disant bénéficiaires continuent d’honorer les contrats qui les lient à des propriétaires terriens.
Quid des enjeux du projet ?
C’est peu de dire que ce projet en valait la chandelle. Sa mise en œuvre devait constituer une formidable opportunité de promotion de l’emploi rural (création de plus de 3000 emplois temporaires et 300 emplois permanents), ce qui signifie par ricochet lutte contre la pauvreté en milieu rural et frein à l’exode rural.
En outre, à terme, ce projet devait permettre la production de plus de 12.500 tonnes de riz paddy par an en moyenne, en raison 5 tonnes par hectare pour 25 tracteurs au cas où chacun d’eux mettait en valeur 100 hectares au minimum.
Il faut rappeler pourtant que ceux qui devaient bénéficier des tracteurs et de tous les autres accessoires, avaient été triés sur le volet sur la base de critères assez sérieux : capacité d’avoir 100hectares de terres cultivables au moins, preuves et dossiers de l’existence du groupement, background…
Et pour monter à quel point le chef de l’Etat attachait de l’importance à ce projet, il aurait, à travers un courrier officiel, donné instructions au ministère du budget afin qu’une ligne budgétaire y soit consacrée. Toujours est-il que le projet n’a toujours pas démarré. A qui la faute ?
Les soupçons de blocage s’orientent vers tous les départements ministériels concernés (agriculture, jeunesse, finances et budget), surtout le dernier cité, c’est-à dire le budget. De sources concordantes, il semble que le projet est piétiné à la direction nationale du budget. Des cadres de cette division et d’autres des autres ministères continueraient à saboter le projet pour n’y avoir aucun intérêt : ni parents concernés ni peau de vin reçu.
Affaire à suivre !
Aboubacar Diallo