En Guinée, l’amertume est que l’on préférerait déposer, en cérémonie solennelle, mille gerbes de fleurs sur votre tombe, plutôt que de vous offrir, de votre vivant, une petite rose, en guise de mérite de ce que vous êtes.
C’est le moment d’offrir une petite rose méritée à l’honorable Aboubacar Sylla, quand ceux qui ne l’ont ni connu ni approché, le condamnent d’avoir rejoint la cause qui en vaut, aujourd’hui la peine, tant les espoirs suscités au sein de cette opposition dite républicaine, se sont mués en illusions, pour bien des alliés de Cellou Dalein.
A part ceux-là qui continuent de se faire tondre pour que leur laine serve à confectionner une couverture au grand allié. La constitution d’un cabinet de complaisance, autour de soi, n’aura fait que pousser les plus engagés et les plus loyaux de cette alliance de circonstance à se dégager d’une emprise devenue un engrenage encombrant.
Dès lors, Aboubacar Sylla et Mouctar Diallo n’y avaient plus leur place. La politique n’est pas un dogme où il faut se confiner dans une conviction religieuse, surtout, lorsque celui aux côtés duquel l’on se bat reste manifestement indifférent aux efforts de ses tout premiers compagnons.
Aboubacar Sylla n’est plus à présenter, mais pour témoigner de ce qu’il vaut, il me semble normal de dire deux mots de ce pionnier de la libéralisation des ondes en Guinée, une occasion inattendue, à l’époque, qui a beaucoup contribué à la démocratisation qui suit toujours son cours.
Aussi, devrait-on rappeler que c’est le journal L’Indépendant qui est le tout premier organe de presse à avoir livré ses premières parutions au public guinéen, sevré d’informations et abreuvé de rumeurs, auparavant.
Entre autres postes occupés par Aboubacar Sylla, il est à noter que l’homme, pour ses compétences avérées, fut secrétaire général du ministère de la communication, avant de se voir nommer ministre du même département, plus tard.
C’est à ce poste qu’il va redynamiser et restructurer le quotidien national HOROYA, installer et renforcer les radions de proximité, dans les régions du pays, sans compter la formation du personnel relevant de son département.
Député à l’Assemblée Nationale sous le régime Condé, les circonstances le conduiront à se faire classer dans une opposition républicaine où il aura joué son rôle avec détermination, aux côtés du Président de l’UFDG imbu d’une certaine autorité qui rendait la cohabitation difficile avec ses premiers alliés, réduits à n’être plus que de simples sujets acquis à sa cause plutôt que des partenaires libres et respectés.
La rupture se fera d’elle-même, parce que le chef de file de l’Opposition, en aura donné la bonne occasion. L’honorable Aboubacar Sylla le signifiera à son grand, allié, avant de reprendre ses distances et son parti politique, l’UFC, en main.
L’appel du pouvoir Condé l’arrachera de l’encombrant stress qu’il avait subi des années durant dans une opposition figée sur des positions qui en expliquent tous les échecs. Le fondateur du Groupe de Presse L’Indépendant/Le Démocrate, l’Institut d’où est sortie la crème de la Presse guinéenne, a saisi la main tendue du président Condé qui l’a nommé à la tête du ministère des transports.
Cette marque de confiance, Aboubacar Sylla l’a mérité. L’objectif de tout homme politique conséquent étant moins de rester figé dans une opposition politique inféconde et inflexible que de servir son pays, quel que soit le régime politique en place. C’est un choix partagé par d’autres leaders, avant lui, qui occupent, aujourd’hui, de hautes fonctions dans l’administration publique. Il ne restera plus qu’à souhaiter bonne réussite à Aboubacar Sylla.
Thierno Dayèdio Barry