Siéger ou boycotter, dilemme cornélien pour une opposition elle-même écartelée mais jalouse d’une cohésion qui commence à prendre des coups. A mesure que le temps des consultations internes à la base s’étire, le suspense se prolonge. Mais déjà des discours de certains ténors de cette opposition transparaissent des signaux d’un fléchissement.
Elle a beau se voiler la face, elle a beau multiplier les parades et user comme elle sait bien le faire, des artifices de la Com pour sauver le décorum, rien n’y fait, elle ne fera pas indéfiniment mystère de son malaise, de son essoufflement, cela se sait, cela se lit sur son visage, cela se lit entre les lignes. Elle cogite et consulte, elle s’interroge et se concerte, face au mur du dilemme à laquelle elle est venue toute seule se cogner la tête. Avait-elle besoin de cela ? Avait-elle besoin d’emprunter ce chemin d’écoliers ? Non ! Mais avait-elle le choix ? Oui, mais ! La margoulette usagée par de longs et intenses mois de rhétorique guerrière, semble se casser désormais contre le réverbère d’un traquenard dans lequel elle s’est laissé tomber toute seule, les mains et les pieds joints. L’opposition dite républicaine puisque c’est d’elle qu’il s’agit chichiteuse à souhait affiche une gueule enfarinée, les cris d’Orfraie poussés par elle à un rythme trépidant voici bientôt trois ans semblent l’avoir époumonée. Il n’y a pas que ça, la vérité c’est qu’elle est en quête d’un nouveau discours, d’un discours à la mesure de la nouvelle donne. C’est vrai qu’elle semble un peu surprise par le minimum de sérieux qui a finalement entouré les dernières élections, elle semble surprise d’autant plus que la fraude qu’elle s’imaginait grande, le déluge jaune qu’elle redoutait, ne se sont guère produits comme elle le craignait. Elle avait pourtant prédit le pire, la grande magouille, la grosse tricherie, le grand vol des suffrages des guinéens au profit du parti au pouvoir, elle bâtit son discours trois ans durant sur cette dénonciation préventive, elle ne rata aucune occasion pour chauffer à blanc l’esprit de ses militants, elle annonça même un scénario catastrophe, mais mais, certes, loin de nous toute idée de délivrer un satisfécit à la CENI, loin s’en faut, les manquements et couacs qui ponctuèrent ces élections se passent de tout commentaire, mais faut-il pour autant cracher sur les résultats qu’elle a accouchés ? Il n’y a aucune gloire à tirer comme le fait pourtant le professeur président du fait que cette opposition ait pu méritoirement s’adjuger autant de sièges de députés au terme de cette joute électorale, il y a plutôt des enseignements à en tirer. Mais il faut le reconnaître, en la matière, tout n’est point à jeter, loin s’en faut. D’où le casse-tête de notre opposition dite républicaine. Dites moi il y a quelle intelligence à laisser 47 sièges vides pour les deux principaux partis de cette opposition? Ce n’est pas tant le nombre que le prix payé pour l’arracher. Au nom de toutes les vies humaines ôtées, au nom de tout le sang versé, au nom de tous les sacrifices consentis, il faut aller siéger. Mais question comment faire passer une pilule si dorée soit-elle mais qui a été longtemps amère ? C’est là le nœud gordien à trancher.
Mais cela se sent, c’est dans l’air, Cellou Dalein ne fera pas durer indéfiniment le suspense, il a déjà donné le ton en attendant de convaincre les grands déçus de ces législatives qui sont toujours sur leurs grands chevaux. Cellou comme Alpha Condé est un fin limier en politique, il sait aussi que 2015, c’est maintenant, il faut y aller à rangs serrés, ça pourrait se révéler payant, le test est prometteur, la claque infligée au camp d’en face à Conakry est peut-être annonciatrice d’une aube enchanteresse, qui est une cruche ? Pas en tout cas lui, lui il sait où il va, aux militants de lui en faciliter la tâche !