« Préfet zéro, Maire zéro ; fini le mensonge, nous avons faim ; Président zéro, Alpha zéro, Alpha zéro », ce sont les cris de détresse et de colère des populations de Fria qui siégeaient lundi et mardi à la préfecture pour réclamer de meilleures conditions de vie. Parmi elles, Hawa Camara, une manifestante assise sur le sol, accuse le préfet d’avoir payer des jeunes pour leur maltraiter : « Ils sont arrivés à 5 heures du matin pour nous dire que le préfet leur a payé deux millions pour agresser. Ils ont affirmé, puisque vous avez envies des hommes, c’est pourquoi vous passez la nuit devant la préfecture. Ils voulaient nous agresser sexuellement et ils voulaient tuer la jeune fille, comment cette jeune fille s’appelle d’ailleurs, N’Nayi « ».
Le départ du préfet du Fria et la reprise du travail à l’usine, c’est que réclament les femmes. Aissatou Fofana, mère de 4 enfants, a tout abandonné pour se présenter ici. Elle exige le paiement des arriérés de salaires des travailleurs de l’Usine : « Ils nous ont agressé et nous ont jeté des pierres. Il n’y a pas ce que nous n’avons pas subi. Qu’il nous débarrasse de ce préfet ici. Qu’il fasse que le travail reprenne, que les travailleurs entrent en possession de leurs salaires. C’est ce que nous voulons. Nous voulons que les travailleurs soient payés »
Aissatou Diallo, en état de famille avancée, est parmi les manifestantes. Par manque de moyens financiers, ses enfants ne vont plus à l’école. Depuis quelques mois, elle dit mendier pour avoir quoi manger. Elle s’inquiète pour son accouchement : « Moi, mes enfants étaient inscrits dans une école privée, nous les avons tous retirés. Nous n’avons plus rien. Nous sommes obligés de sortir mendier. Nos maris sont tous morts. Moi qui vous parle, je suis enceinte. Mais si le travail ne reprend pas à l’usine, j’ai peur de ne pas achever cette grossesse. Je vous jure, au nom de Dieu, nous sommes tous fatigués ».
En début de semaine, des groupes de femmes avaient barricadé l’entrée et la sortie de la ville de Fria. Elles réclamaient le redémarrage de l’usine et le départ du Préfet.
Bah Sékou