L’annonce faite par l’opposition républicaine est présentée comme si un suspens venait d’être levé après les élections législatives du 28 septembre dernier. Durant près d’un mois, elle a fait languir la presse et les acteurs sociaux sur une décision qui, somme toute, était bien prévisible. On aurait mal compris qu’elle boude le parlement pour lequel les opposants à Alpha Condé ont sacrifié tant d’efforts et de sacrifices, quelques fois humains.
Ils ont souhaité un scrutin transparent et crédible, ont dénoncé ce qu’ils ont considéré comme des irrégularités appelant à annuler l’ensemble des élections, critiqué une cour suprême dont l’arrêt rendu dans le cadre du contentieux électoral leur a semblé un déni de justice. Finalement, ils ont réagi comme on le prévoyait. Les opposants guinéens prouvent encore combien ils nous prennent pour des dupes. Tout ce manège pour quel résultat in fine ? Allez comprendre à quoi ont servi tous ces atermoiements au lendemain du 15 novembre dernier.
On ne semble pas saisir au sein de notre classe politique la notion de temps. Avec toutes ses querelles politiciennes stériles, la Guinée perd du temps. On ne sait pas aller à l’essentiel. On aime bifurquer par tous les chemins pour revenir à la fin vers celui qu’on a longtemps boudé. Les guinéens savent que ce parlement nouvellement élu n’est pas une panacée. Mais ils comprennent bien que son installation peut amener à sortir du débat purement électoraliste et de lutte de pouvoir, du moins pour une courte période, et à entraîner ce débat vers des questions essentiellement portées sur le développement de ce pays. Il y a un ras-le-bol général qui nous consument chacun, qui est l’expression d’une agonie insoutenable dans laquelle nous plongent ceux qui sont sensés tenir nos destinées en mains.
Certes, nos députés, pour peu qu’ils soient assez « honorables », peuvent porter assez hauts, face à l’exécutif, notre souci de sortir de la misère dans laquelle végètent une bonne partie de nos concitoyens. Ils ont ce pouvoir de débattre de ce qui est primordial, essentiel, pour ceux qui manquent d’infrastructures scolaires, de centres de santé adéquats, de routes, de marchés pouvant assurer leurs échanges commerciaux. Ils peuvent orienter les actions du gouvernement vers les priorités parmi les plus « prioritaires » de nos besoins de développement.
Nos mines aiguisent les convoitises des géants miniers du monde. Personne ne peut ignorer la concussion, la corruption que peuvent entrainer l’examen des conventions minières. Mesdames et Messieurs les « honorables » députés protégez nos intérêts, ceux des guinéens avant tout. Que votre mandat ne soit pas une aubaine, mais un sacerdoce que vous avez à mener à bien. Ne vous laissez pas corrompre, que vos compromis ne servent que les intérêts de vos électeurs.
Abdourahamane Diallo