La Guinée connait depuis quelques années une dégradation très avancée de son écosystème forestier. Conséquence : une pluviométrie en baisse, des températures généralement élevées et des cours d’eau en voie de disparition. Face à cette dégradation de l’écosystème, le Ministère de l’Environnement et du Développement Durable a, sous le leadership de la Ministre Louopou LAMAH, souscrit à la restauration du couvert végétal à travers une politique de reboisement qui s’étend sur l’ensemble du territoire national.
Dans un entretien qu’il a accordé à Mosaiqueguinee.com, le conseiller en charge du développement durable Paul Kimahévé GUILAVOGUI a précisé qu’à l’occasion de la campagne de reboisement 2022, placée sous le slogan »un guinéen, un arbre planté et protégé« , le département a, de façon technique, planifié cinq activités :
- La collecte et la consolidation des données sur le terrain sur les sites dégradés, les plants en pépinières et les acteurs à impliquer ;
- L’information et la sensibilisation des populations ;
- Le reboisement proprement dit des sites dégradés ;
- L’entretien et la protection des sites reboisés ;
- Le suivi et l’évaluation de la mise en œuvre des activités de la campagne.
« Parmi ces cinq activités qui avaient été programmées, la consolidation des données sur les sites à reboiser, les personnes à impliquer et la situation des plants est achevée, la campagne d’information et de sensibilisation a été déclenché, le reboisement, dans le cadre du BND est complètement achevé sur le terrain, les actions d’entretien et de protection n’ont pas encore commencé », a mis en avant Paul Kimahévé GUILAVOGUI.
En ce qui concerne le suivi et l’évaluation, le conseiller a souligné qu’il a été fait à la base par des directeurs préfectoraux de l’environnement et du développement durable et qu’une mission nationale d’évaluation sera déployée sur le terrain : « Pour cette année, le département a planifié le reboisement de 1 000 hectares à l’échelle nationale dans le cadre du BND. Ces 1000 hectares sont répartis dans les 33 préfectures, les 5 communes de la capitale et la sous-préfecture de Kassa. C’est au titre du Budget National du Développement. Mais au-delà du BND, d’autres projets et programmes pilotés par le Ministère de l’Environnement ont des programmes de reboisement. Il y a des entreprises et sociétés minières qui font du reboisement. C’est toutes ces activités qui vont être capitalisées et vont faire l’objet d’un rapport de la campagne de reboisement 2022 », a-t-il martelé.
Et d’ajouter : « Techniquement, si nous prenons les 1000 hectares que nous avons planifiés, avec un écartement de 2×2, un hectare va prendre 2500 plants. Si nous prenons les 1000 hectares, cela correspond à 2 500 000 plants. Nous avons aussi mené une campagne d’information et de sensibilisation où nous avons demandé à chaque guinéen de planter au moins un arbre et de l’entretenir. Si nous prenons l’efficacité de cette campagne, on peut dire qu’on peut avoir près de 6 000 000 de plants presque reboisé » a précisé le conseiller GUILAVOGUI.
D’après lui, les ONG ont été fortement associées à cette campagne de reboisement. Après le travail de collecte réalisé sur le terrain, les données ont permis de savoir, par région et par préfecture, quelles sont les ONG qui existent à la base.
« Nous avons eu un répertoire d’ONG qui s’élevait à près de 224. Maintenant sur la base d’éléments et des critères bien précis, nous avons sélectionné et retenu pour tout le processus, 172 ONG et entreprises au compte du BND », a-t-il expliqué.
A l’en croire, le choix des ONG est un facteur de réussite dans un processus de reboisement.
« L’un des critères avait été, la présence de l’ONG à la base. Pour reboiser à Mali, c’est les ONG évoluant dans cette préfecture qu’on a choisies. Le département a fait en sorte que les ONG sélectionnées soient près des sites de reboisement. Par rapport aux critères de sélection des ONG, l’expérience en matière de reboisement a été mise en avant. Car il y avait des ONG qui avaient participé à des campagnes de reboisement, elles avaient de l’expérience, il y avait aussi la disponibilité des plants : il nous a été donné de constater que des ONG avaient pris le soin de produire elles-mêmes des plants. Pour les encourager dans ce processus, il fallait les sélectionner pour utiliser ces plantes », dit-il.
Plus loin, il dira que les services déconcentrés ont été impliqués dans cette campagne. A cet effet, ce sont les inspections régionales des huit régions administratives, les directions préfectorales, les chefs section et les cantonnements forestiers à la base qui ont été impliqués : « Leur rôle, on le situe à deux niveaux : le premier, ces services techniques déconcentrés ont eux-mêmes réalisé des opérations de reboisement sur la base des termes de référence qui ont été approuvés par la direction nationale des forêts et faune, des superficies leur ont été octroyées et ils ont été les opérateurs directs de ce reboisement sur le terrain », a martelé le conseiller de la ministre.
Le second, il a été confié aux entreprises et ONG les opérations de reboisement. Dans ce processus de reboisement piloté par ces ONG, les services techniques déconcentrés ont joué un grand rôle. Et dans un premier temps, il a été question de remonter les informations sur les ONG existantes : « ce sont eux qui ont été chargés de montrer à chaque ONG ayant bénéficié d’un contrat, les superficies et les domaines où ils devaient réaliser ces opérations de reboisement. Ils ont également été chargés de suivre l’évolution de ces ONG sur le terrain à travers des fiches techniques élaborées à cet effet. Ils ont fait ce travail mais il en reste encore », signale-t-il.
Parlant des plants déjà mis en terre, M. GUILAVOGUI a indiqué qu’en cette période de pluie, le problème n’est pas si grand. Cependant, il souligne que dans un temps proche, il va falloir protéger ces plants contre les feux de brousse et les animaux.
Enfin, il a salué l’implication des inspecteurs régionaux dans le processus de reboisement : « cette année, ils étaient au centre de la campagne. Les termes de référence qui ont été élaborés par région comportait à l’intérieur le volume de travail que devait réaliser chaque préfecture. Si je prends l’exemple de la région de Mamou, les directeurs préfectoraux avaient exprimé le nombre de superficie qu’ils devraient reboiser. Ces superficies leur ont été octroyées. Donc ce sont ces directeurs préfectoraux qui ont travaillé avec les inspecteurs de la région de Mamou, pour concevoir les termes de référence des opérations de reboisement devant être pilotées par les services techniques. C’est eux qui ont assuré le processus de mise à disposition des ressources à la base. Ils ont réalisé un travail important dans le processus », a conclu le conseiller en charge du développement durable de la ministre de l’environnement et du développement durable, Paul Kimahévé GUILAVOGUI.
Revenant sur le budget de la campagne de reboisement de cette année, le chef de la Division des Affaires Financières du Ministère de l’Environnement et du Développement Durable a indiqué que cette activité est une initiative présidentielle. Selon lui, les allégations selon lesquelles il y aurait eu un plafonnement à hauteur de 16 milliards de guinéens, sont contraires à la réalité.
« Il y a eu une lettre de cadrage budgétaire qui a fixé un montant lié à la campagne de reboisement 2022 à 14 647 089 803 Gnf (quatorze milliards six cent quarante-sept millions quatre-vingt-neuf mille huit cent trois de francs guinéens). Ce crédit est inscrit au chapitre « transferts courants à d’autres budget » dont l’orientation des ressources est déterminée par le choix de l’ordonnateur de crédit par un arrêté signé par le Ministre du Budget référencé A/2022/1165/MB/SGG portant dépenses de transfert de crédit budgétaire accordé à l’Agence Guinéenne de l’Evaluation Environnementale (AGEE) qui a son compte ouvert à l’Agence des Dépôts du Trésor », a précisé Ahmed Sékou Mara.
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