Alors de passage dans la préfecture de Boké, en marge d’une crise qui avait secoué cette préfecture, le Chef de l’Etat avait promis de donner à la jeunesse, 70 camions, pour permettre à cette couche sociale, de n’être pas laissée pour compte de l’exploitation minière.
Mais, depuis ce jour, aucun acte allant dans le sens de la matérialisation de cette promesse présidentielle, n’a été posé ni par Alpha Condé lui-même ni par le gouvernement.
Dans la ville de Boké, les principaux concernés, en tout cas ceux interrogés par notre rédaction, se disent ne pas être étonnés par cet état de fait, car, selon eux, le président est un habitué des promesses qu’il ne tient jamais pour la plupart.
Selon le 3ème vice-maire de la commune urbaine, qui était alors membre actif pour la résolution de cette crise, cette promesse était une initiative personnelle du président de la République.
Il devrait, à son avis, être aussi capable de la matérialiser, puisqu’il n’était pas obligé de s’engager.
« Le jour où le président l’a dit, cela ne figurait même pas dans notre mémorandum qu’on lui avait remis. Mais on avait bien accueilli la nouvelle, car on s’est dit que cela pouvait nous aider à booster l’employabilité des jeunes. Mais depuis lors, on a rien vu. C’était des annonces, certainement pour apaiser les esprits, mais honnêtement, il n’y a pas d’effet. C’est déplorable. Quand un président s’engage de la sorte et ne respecte pas ses engagements vis-à-vis de sa jeunesse…, c’est déplorable », estime Mamadou Chaffaye Diallo, élu communal et membre du CPD.
Plus d’une dizaine de sociétés minières opèrent, à ce jour, dans la zone de Boké.
Selon le code minier, les emplois qui ne demandent pas de compétences préalables, sont réservés aux mains d’œuvre locales. Ou encore, à compétence égale, la main d’œuvre locale devrait être priorisée.
Aujourd’hui, rien qu’en traversant la ville dans la journée, l’on se rend compte que la jeunesse de Boké est loin d’être une priorité dans ces entreprises minières.
Au-delà de la non employabilité, en tout cas en grand nombre, de cette jeunesse dans les sociétés minières, Monsieur Diallo Chaffaye affirme que des jeunes sont persécutés voir même emprisonnés, pour le simple fait de demander l’application des dispositions de la loi.
« La jeunesse de Boké est aujourd’hui marginalisée, ségréguée et persécutée. Persécutée pour la simple raison de revendiquer ses propres droits en se référant au code des collectivités ou au code minier, ils sont persécutés. Ils sont parfois arrêtés et emprisonnés. Réellement, ils n’ont aucun moyen de recours. C’est pourquoi souvent quand il y a des émeutes, ces émeutes deviennent très violentes. (…), tous les droits humains sont aujourd’hui bafouillés dans nos préfectures (droits à l’eau, au courant électrique, ainsi de suite). L’exploitation minière qui s’opère aujourd’hui à Boké, c’est une catastrophe. C’est dommage pour cette ville. Personne ne souhaiterait vivre une telle vie en ce 21ème siècle », a-t-il flingué.
Au-delà de polluer la nature et l’environnement des pauvres citoyens de Boké, l’exploitation minière expose ces gens à des risques de maladies.
Selon notre interlocuteur, les maladies comme le choléra et d’autres de cette nature, sont présentes dans plusieurs localités de la région de Boké.
Il affirme, par ailleurs, que plusieurs jeunes avaient été formés à travers leur initiative après la compensation, mais, regrette-t-il, les sociétés minières n’ont jamais accepté ces jeunes même pour les stages, à plus forte raison pour les emplois.
MohamedNana Bangoura, Envoyé spécial