Décédé le 11 janvier dernier, l’ancien Directeur du protocole d’État Mamady Sinkoun Kaba a reçu ce jeudi 16 janvier 2025, de ses proches et anciens collaborateurs, les derniers hommages avant de rejoindre sa dernière demeure. À la faveur d’une cérémonie funèbre organisée à l’hôpital de l’amitié Sino-guinéenne, anciens collaborateurs, membres de la famille, amis ou simples connaissances se sont mobilisés pour témoigner, célébrer et rendre un dernier hommage à celui qui fut proche collaborateur de l’ancien Président Alpha Condé.
Dans les témoignages à la tribune réservée à cet effet, tous se sont accordés à décrire et reconnaître les qualités d’homme d’État que le défunt a incarné, son talent à résoudre les problèmes, à se mettre au service d’autrui et surtout, sa grande qualité de partage. Abdoulaye Sinkoun Kaba, jeune frère de Sinkoun Kaba est, dans sa prise de parole, revenu sur les valeurs que lui a transmises sont défunt frère.
Il dira, dans ce sens, que son grand frère lui a toujours dit « qu’il faut agir pour le pays et ne faire que ce qui est bon pour la Guinée ». Au sujet du poste de Directeur du protocole d’État qu’il a occupé, Ibrahima Sinkoun a soutenu que « Mamady n’était pas comme les autres Directeurs du protocole car si vous vouliez voir le Président Alpha Condé, s’il le pouvait, il le facilitait ». « Mamady voulait aider. Il nous a confié quelque chose auquel il tenait, qui est sa mère », a-t-il ajouté.
Les anciens collaborateurs de Sinkoun Kaba sous le règne d’Alpha Condé reconnaissent les qualités de celui qui avait des solutions à tout et qui trouvait toujours des mots adéquats « pour trouver des solutions à des problèmes ». Alpha Ibrahima Keïra, ancien ministre de la sécurité et de la protection civile au temps d’Alpha Condé se souvient, par exemple, que « Mamady avait du talent, il était très courtois et savait donner la direction du vent, en temps de trouble ».
Poursuivant, il ajoutera que la mort de Sinkoun Kaba « est une lourde perte pour notre administration. ». « Il aurait pu nous ouvrir encore des portes aujourd’hui. Il faut retenir qu’il était bon et qu’il ne pouvait pas faire du mal à quelqu’un. Il avait le sens du partage. Ce n’était pas un politicien », a-t-il ajouté.
L’ancien parti au pouvoir était fortement représenté à cette cérémonie funèbre. Au nom du PRG Alpha Condé, l’ancien ministre Marc Yombouno a rassuré la famille Sinkoun, du soutien de la famille politique de celui-ci. Reconnaissant, plus loin, que « Mamady Sinkoun Kaba n’a pas été politique mais stratège politique », Marc Yombouno ajoutera qu’il « a été un homme qui a servi tout le monde, qu’il a aimé le Pr Alpha Condé et celui-ci l’a considéré comme son fils ».
« C’est Sinkoun qui nous a permis de pouvoir traduire au Président ce que nous avions à cœur. Il a aimé le Président et lui a permis de comprendre beaucoup de choses que d’autres protocoles n’ont pas fait. Il a incarné la dignité, il a respecté le serment. Il suivait tous les samedis les assemblées du RPG », a-t-il ajouté en substance.
L’unanimité de la bonté de Sinkoun Kaba se dégage même au sein des formations politiques qui ont été, autre fois, les farouches adversaires du RPG auquel il a appartenu, par défaut. La voix de l’UFDG qui a envoyé une forte délégation à cette cérémonie a été portée par Elhadj Douma, responsable des Fédérations de l’extérieur de ce parti. Celui-ci, dans son intervention, est également revenu sur les qualités humaines de Mamady Sinkoun Kaba.
Il dira, dans ce sens, que l’ancien Directeur du protocole d’État « avait le sens de la responsabilité et savait se détacher de sa formation politique en des moments d’inquiétude, pour apaiser ».
Alpha Boubacar Bah qui fût responsable de la communication de l’UFDG se souvient de Sinkoun comme celui-là « qui a facilité la libération de beaucoup de prisonniers politiques ». Il invitera, poursuivant, ceux qui dirigent le pays aujourd’hui et ceux qui souhaitent le diriger, « à prendre l’exemple sur Sinkoun Kaba » dans leur agissement.
L’oraison funèbre de Mamady Sinkoun Kaba a été portée par l’un de ses plus proches collaborateurs quand il était Directeur du protocole d’État, à savoir l’ancien ministre Secrétaire général de la Présidence Naby Youssouf Kiridi Bangoura. Très ému au point de pleurer à chaudes larmes, Kiridi a soutenu que « Sinkoun a marqué sa génération et la vie de beaucoup de cadres de notre pays ».
« Par la scolarisation heureuse qu’il a eue en Normandie à l’école des Roches, il a été confronté à l’apprentissage direct et aux évaluations directes dans plusieurs langues en même temps. Cela faisait de lui un polyglotte qui ne maîtrisait pas moins de 5 langues internationales, dont l’arabe. Sinkoun parlait aussi le Wolof, le Soussou, le malinké parlait le peul. Il avait ce don-là d’avoir capté de ses voyages et des déplacements de la famille, l’essentiel de ce qui peut unir la culture et les hommes, à savoir la langue. (…). Sinkoun Kaba ne voulait pas être Directeur du protocole, il voulait aller à l’ambassade au Canada (…) mais il a accepté et sincèrement, il a été le fils du Président et le Président a été un père bienveillant pour lui et tout ce qui était compliqué avant, devenait simple parce que de toute façon on disait à Sinkoun, dès que le Président est prêt, informe-nous, dès que le Président est debout, donne-lui ce dossier, il y a tel qui veut voir le Président. Il a rendu le travail du cabinet 50 fois plus facile qu’il n’était avant son arrivée à ce poste », a-t-il ajouté.
Par ailleurs, Kiridi a reconnu que Sinkoun « a été vraiment le facilitateur, le soutien et le protecteur de la fonction présidentielle pendant tout le temps qu’il a passé à cela ».
Après les hommages, le corps a été conduit à la mosquée Kébéya de Colèyah où une foule a prié sur le corps avant de rejoindre sa dernière demeure au cimetière de Cameroun
MohamedNana BANGOURA