Nafiou Diallo, communément appelé doyen de la presse est un journaliste guinéen, Directeur de publication de Focus Magazine et du journal le Carrefour est aujourd’hui atteint de cécité.
Après des consultations sur le plan national et même au Mali, il s’est avéré en 2007, qu’il souffre d’un glaucome qui a atteint un stade avancé et nécessite une intervention chirurgicale.
Cela fait plusieurs années à ce jour, que la président de la République a promis à cet homme, une assistance médicale et même une évacuation en France, afin d’opérer ses yeux et lui permettre de récupérer la vue.
Visiblement en détresse, Nassiou Diallo dit avoir sollicité l’aide de plusieurs ministres de la République et même des personnes de bonne volonté pour lui venir en aide, mais beaucoup sont restés insensibles à sa situation.
Dans cette interview accordée à notre rédaction, notre confrère explique son calvaire et lance un cri de cœur à l’endroit des autorités.
Mosaiqueguinee.com : monsieur Nafiou Diallo, vous êtes journaliste aujourd’hui atteint d’une maladie qui nécessite une évacuation à l’étranger. Dites-nous, quelles sont les démarches que vous avez effectuées pour votre prise en charge ?
J’ai été atteint d’un glaucome. Ce glaucome s’est signalé en 2007. En 2008, le ministre Tibou, alors ministre de l’information a mis la main en poche pour m’envoyer à Bamako. Il a été suivi par Aboubacar Sylla à ce poste. Celui-là aussi l’a emboîté le pas. Ce sont ces deux ministres qui ont fait face à ma maladie. Aujourd’hui, ma maladie est au seuil, il a atteint son dernier degré. J’ai besoin d’une assistance. On m’a assuré que si je bénéficie d’une évacuation en France, je pourrai récupérer un œil sur les deux. L’actuel président de la cour des comptes aussi, Mohamed Diaré n’a pas négligé mon cas, depuis que ma maladie a commencé. Le président de la fédération guinéenne de football, Antonio Souaré m’a aussi porté secours. Depuis l’apparition de ma maladie qui est aujourd’hui à un stade élevé, j’ai cherché à ce que certains ministres puissent m’aider pour une assistance médicale et une évacuation à l’étranger.
Le président Alpha Condé avait pourtant promis de prendre en charge votre évacuation en France lors d’une rencontre avec les hommes de médias. Qu’en est-il ?
Oui ! Le jour que le président de la République a reçu les journalistes, il a clamé devant tout le monde mon mérite et mon passé avec lui. Il a mis en exergue ma bravoure. Il a même promis sur place qu’il m’enverrait à l’extérieur, pour une assistance médicale auprès d’un de ses camarades de promotion qui est en France. Il a donc demandé à Tibou de le rappeler après son retour du Japon. Moi je crois que, c’est Dieu qui n’a pas accepté encore qu’il me vienne en aide. Par contre, certains de ses ministres ont même refusé de me recevoir.
Parmi eux, il y a Kiridi Bangoura, ministre secrétaire général à la présidence de la République. J’ai voulu le rappeler pour le faire savoir qu’il s’agit du journaliste dont le président a vanté les mérites. Il m’a coupé en me demandant de laisser tomber tout ça, de lui ce que je veux lui dire. Je lui ai aussi répondu que je n’ai rien à lui dire. Il a rétorqué en me disant de ne plus l’appeler, de s’adresser prochainement à son chargé de la communication. Jusqu’à présent, je ne suis pas parvenu à l’avoir. (…). Les membres du gouvernement que tu as autour d’Alpha Condé actuellement sont inaccessibles et insensibles aux cas sociaux, à l’exception de quelques-uns. Si non, un ministre de la République qui voit un journaliste malvoyant, souffrant, devrait se gratter et lui venir en aide. Mais ils ne le font pas. Quand j’échange avec eux, dès que je décline mon identité, ils me disent automatiquement de m’adresser à leurs chargés de com. Pour eux, c’est pour demander de l’argent, non. Quand je m’adresse aux chargés de la communication, c’est ridicule, écœurant. Ces chargés de la communication, pour la plupart, ne sont pas des professionnels. Ce sont des gens qu’on a ramassés n’importent où, pour les amener là. Ils constituent des rideaux de fer pour leurs patrons. Le cas de la caisse nationale de sécurité sociale en est une illustration parfaite. Malick Sankon, c’est un Monsieur qui est prompt à aider quelqu’un, a venir en aide aux nécessiteux, mais son chargé de la communication, le nommé Cissé est insensible. Il n’accepte pas qu’on accède à Malick. Je sais si je le rencontre, il trouvera une solution à mon problème, il est profondément humain. Au ministère de l’éducation nationale, c’est un professionnel qui est le chargé de la communication, un confrère même. Mais, il ne m’a pas permis de rencontrer le ministre pour faire passer un marché. C’est gravissime. Par contre, des ministres comme Ismaël Dioubaté du budget, Lansana Komara de l’enseignement technique, qui ne m’ont connu ni d’Adam ni d’Ève, m’ont bien reçu et écouté. Recevoir un malade et accepter de l’écouter l’aide à guérir. Au-delà de ceux cités, ce sont mes parents qui pensent à moi, notamment Lounceny Nabé qui m’assiste régulièrement. Mais je te jure, le ministre de la communication, j’ai tout fait pour le rencontrer, je ne parviens pas. Là-bas même, à la place du charger de la communication, c’est la secrétaire du ministre qui me dit d’attendre qu’ils vont me rappeler, chaque fois. Et pourtant, c’est de son département je relève. Le Directeur national des douanes a pris une fois mon appel, mais il m’a dit de ne plus l’appeler et de s’adresser à son charger de la communication. Dr Mohamed Diané qui me connaissait très bien, vient aussi de me recevoir, depuis qu’il est ministre. Mais là, ça va. Il m’a bien reçu et écouté. (…).
Vous vous êtes adressé aux personnes de bonne volonté, notamment KPC ou Antonio ?
J’ai écrit à la fondation KPC, mais je suis resté sans avoir de suite. J’ai rencontré une fois Antonio, il m’a écouté et bien accueilli. Mais, en réalité, je n’aime plus aller dans ces milieux de gens haineux, comme à la caisse nationale de sécurité sociale.
Que demandez-vous aujourd’hui au président de la République ?
Si j’ai la chance de rencontrer le président de la République, je lui dirai combien je suis nécessiteux. Il faut qu’il me vienne en aide. Je lui demande de me recevoir. Je lui dirai aussi de ne pas reconduire cette équipe, car elle ne l’aide pas. Il n’a qu’à mettre aussi des personnes sensibles aux cas sociaux. On parle aujourd’hui d’ANIES. Mais c’est une agence qui ne pense pas aujourd’hui à nous journalistes qui sommes souffrants. L’agence est dirigée par une belle dame, mais qui s’en fou de nous. Et pourtant, on entend ses actions jusqu’à l’intérieur du pays. Mais je crois que c’est la faute au premier ministre, j’en prends les responsabilités. C’est lui qui refuse que ces gens sillonnent les quartiers de Conakry, pour voir les vrais nécessiteux pour être aider. Même en cette période d’épidémie, on fait des dons de kits et autres, mais c’est seulement Espace Fm qui a pensé à moi en me donnant du riz. Je demande au président de la République, de voir notre cas. Nous avons besoin de son aide.
Interview réalisée par MohamedNana BANGOURA