Devenue ces derniers jours l’épicentre des violences interethniques, la ville de Macenta a enregistré des dizaines de morts, suite à des affrontements sanglants.
Aux dernières nouvelles, 17 victimes de ces douloureux événements ont été toutes enfouies dans une fosse commune, au centre urbain de N’zérékoré.
Joint à cet effet par notre rédaction, ce samedi 02 janvier 2021, le président de l’ONG « Avocats Sans Frontières » a vigoureusement condamné ces actes qu’il juge scandaleux.
Pour Maître Christophe Labilé, l’État est en train de manquer à son rôle régalien, celui de protéger son peuple.
« Tout cela peut se résumer en un seul mot, c’est l’impunité. Les crimes se commettent, on ne punit pas les auteurs, les co-auteurs et les commanditaires, c’est ce qui encourage d’autres à en commettre. C’est dangereux aujourd’hui, dans un pays, en ce sens que, pour rien, deux communautés peuvent se lever l’une contre l’autre, ça dégénère, les gens se tuent sans même savoir pourquoi ils le font, parce que simplement on dit c’est telle ethnie, on est obligé d’aller comme ça, à tue-tête, ça, c’est parce que l’État a failli à une responsabilité de protéger les personnes et leurs biens », a-t-il dénoncé avant de déplorer le comportement des autorités face au traitement des différents dossiers judiciaires.
« Les problèmes, il y en a dans les tous les pays du monde, mais la façon dont on gère nos problèmes en Guinée laisse à désirer. Nous défenseurs des droits de l’Homme, nous dénonçons toujours, nous demandons à ce qu’il y ait des enquêtes et que les auteurs soient punis. Mais, j’ai l’impression que nous prêchons dans un désert, parce que toutes les fois qu’il y a eu des violences, on a ouvert des enquêtes, mais, nous n’avons jamais eu la conclusion de ces enquêtes-là. C’est déplorable! Et puis on fait du deux poids deux mesures. Les cas qui arrangent ceux qui nous gouvernent, on fait une accélération effrénée inimaginable, on est même allé jusqu’à dire des arrestations préventives. On a connu cela ici, quand il s’agissait des manifestations du FNDC. Donc, pourquoi ne pas aussi faire dans les autres cas? C’est déplorable d’autant plus qu’on nous dit que nous sommes dans un État de droit, alors qu’on a tout sauf un État de droit, c’est-à-dire le comportement dans un État de droit. C’est vraiment déplorable qu’on puisse endeuiller des dizaines de familles en cette période de fin d’année », a regretté le président de l’ONG « Avocats Sans Frontières ».
Pour cet activiste des droits humains, les autorités guinéennes devraient plutôt prendre à bras-le-corps la situation, en vue d’éviter le pire.
« Si l’État ne se lève pas, ne prend pas sa responsabilité, nous irons toujours de mal en pis », a-t-il fait remarquer.
Hadja Kadé Barry