Le 15 avril 2021, Fatoumata Yarie Camara remporte la médaille d’argent lors des qualifications des jeux olympiques de Tokyo. La compétition s’est déroulée au Maroc, à El Jadida. La guinéenne a battu lors de son premier combat une égyptienne, puis une algérienne, avant de perdre face à une tunisienne en finale. Cette qualification intervenait cinquante-deux ans après celle acquise en 1968 avec le syli sénior à Mexico.
29 juin 2021, au cours d’une conférence de presse, Ben Daouda Nassoko, le secrétaire général du Comité national olympique et sportif guinéen, nous apprenait que notre pays s’apprêtait à participer aux 32ième Jeux Olympiques prévus du 23 juillet au 08 août à Tokyo au Japon. Avec cette fois-ci, une qualifiée en lutte moderne et quatre invités. On y apprenait également que la délégation guinéenne, composée de dix-huit personnes, quittera Conakry dans la deuxième quinzaine du mois de juillet pour Tokyo.
22 juillet 2021, à deux jours du début des jeux et à la surprise générale, un communiqué de Sanoussy Bantama Sow, le ministre des sports, repris par l’ensemble de la presse mondiale, nous apprenait que notre pays renonçait à participer aux JO de Tokyo à cause du Covid-19. « En raison de la recrudescence de variants de la Covid-19, le gouvernement, soucieux de préserver la santé des athlètes guinéens, a décidé avec regret l’annulation de la participation de la Guinée » pouvait-on lire dans le dit communiqué.
Le lendemain, 23 juillet 2021, sur intervention du président de la république, le Professeur Alpha Condé, le ministre Sanoussy Bantama Sow, revenait sur sa décision. « Le gouvernement, après l’obtention de garanties des autorités sanitaires, donne son accord pour la participation de nos sportifs à la 32e Olympiade de Tokyo », a-t-il annoncé dans un autre communiqué.
Selon le célèbre journal sportif français, l’équipe, une source proche du gouvernement aurait pour sa part évoqué des problèmes financiers pour justifier le renoncement de notre pays. « Le dossier a été surfacturé, voilà pourquoi le ministère ne peut pas payer », aura-t-elle confié à l’AFP, sous le couvert de l’anonymat, sans plus de détails.
Déjà en 2019, la presse nationale guinéenne nous informait que le ministère des Sports dirigé par Sanoussy Bantama Sow, avait engagé des dépenses astronomiques pour la Coupe d’Afrique des Nations de football en Égypte. Alors que l’équipe nationale de Guinée n’était pas encore qualifiée pour les huitièmes de finale, plus de 62 milliards de francs guinéens ont été dépensés par le ministère des Sports, selon des documents obtenus après des investigations au ministère du Budget et au ministère des Finances. Rien que pour le transport, l’État a payé un total de 31 210 496 000 francs en faveur de l’agence de voyages SMC Négoce, choisie en vertu d’un marché gré à gré par le ministère des Sports.
Chaque fois qu’une délégation sportive doit représenter notre pays à l’extérieur, il y a problème : notre drapeau national est toujours souillé par des actes de corruption, de faux et usage de faux ou d’improvisation suicidaire. Monsieur le ministre des sports qu’est-ce qui ne va pas dans votre département ? Avant « gouverner autrement » et après, c’est pareil au même ? Faut-il encore le président de la république, le Professeur Alpha Condé, comme à l’accoutumé, pour intervenir et nettoyer les écuries d’Augias du sport en Guinée ? Trop c’est trop. Expliquez-vous clairement ou démissionner. Expliquez-vous, vous et les responsables du Comité national olympique et sportif guinéen. Et dites-nous, pourquoi nos 5 athlètes n’ont pas pu participer à leurs jeux à temps. Pourquoi ce sont toujours les sportifs guinéens qui ont des problèmes ?
Participer aux Jeux Olympiques, à ces jeux Olympiques, était un rêve pour eux. Mamadou Samba Bah (judo) et Fatoumata Lamarana Touré (natation) ne connaîtront pas cette joie à Tokyo. La nageuse cache difficilement sa déception : « Je suis triste parce que ça fait quatre ans que je fais des sacrifices en poursuivant un rêve, faire un podium aux JO. Ce rêve est brisé. Ça me touche beaucoup. Les sacrifices que j’ai pu faire n’ont pas été récompensées. Cela va rester longtemps dans les mémoires. Je vais vivre avec. Je vais me relever. Ce n’est pas fini ». Comment peut-on être plus méchant ? Ne peut-on pas enfin gouverner notre sport autrement ?
Ousmane Boh Kaba