Face à la presse ce jeudi 26 août 2021, le professeur de sociologie à la retraite et proche collaborateur de Sékou Touré, M. Ismaël Condé est revenu sur la journée historique du 25 août 1958, les discours tenus et les conséquences qui ont suivi pour la Guinée.
Pour lui, la date du 25 août est une date historique. D’ailleurs pendant la première République, selon lui, cette date était commémorée dans tout le pays.
« Le 25 août est une date célèbre dans notre histoire, c’est une grande date. Avant aujourd’hui, c’est-à-dire avant le coup d’Etat militaire du 3 avril 1984, cette date était commémorée dans tout le pays. Cependant, des guinéens qui ont partagé l’esprit du 25 août, qui ont été les partisans du 25 août, le célèbrent encore. C’est pourquoi, à chaque fois que cette date arrive, ces guinéens se recueillent à la mémoire de ceux qui ont combattu pour le PDG et à la gloire des artisans de notre indépendance. Aujourd’hui, ils ne sont plus nombreux ceux qui ont voté le NON ou ont battu campagne pour le NON », a-t-il expliqué d’entrée.
Pour ce révolutionnaire, les putschistes d’avril 1984 se sont comportés comme les impérialistes qui ont tenté d’effacer d’un revers de la main, toute l’histoire de la Guinée.
À l’en croire, cette campagne de calomnie qu’on appelle aussi l’effacement mémoriel, vise à ce que la Guinée ne produise plus de héros.
« Comme dans la logique de tout coup d’Etat, les putschistes du 3 avril 1984 se sont mis à déformer notre histoire, à la vider de son contenu riche, à la calomnier. Ces déformations et ces calomnies sont allées jusqu’à proposer dans un document officiel, que les dates glorieuses (25 août, 28 septembre, 2 octobre, 22 novembre) soient plutôt les jours de repentance, c’est-à-dire de regret douloureux. C’est surtout sur la jeunesse que s’exerce cette campagne de déformation. Elle vise à ce que la Guinée ne produise plus jamais des Hadja Mafori Bangoura, n’enregistre plus jamais les Saïfoulaye Diallo, Sékou Touré, etc. Cette campagne, les sociologues l’appellent l’effacement mémoriel. C’est-à-dire, l’effacement pur et simple de notre histoire comme le colonialisme l’a fait après sa victoire sur la résistance de nos grands parents. Parce qu’à l’école coloniale, on présentait la résistance comme étant des roitelets qui n’ont rien été. (…). En réalité, les pays qui ont voté le NON en 1958 sont loin derrière nous, c’est cela la vérité. Nous avons été unis nous guinéens, comme un seul homme. Ce qui a n’a pas été le même cas pour le Sénégal et autres. Nous avons lancé pendant la révolution, les vraies bases du développement », a-t-il conclu sur ce sujet.
Au sujet du multipartisme qui serait un problème pour la Guinée aux yeux de certains observateurs, le sociologue a soutenu feu Général Lansana Conté qui a affirmé à l’avènement de la démocratie, qu’il ne fallait avoir seulement que deux partis politiques dans le pays.
MohamedNana Bangoura