En Guinée, les personnes à mobilité réduite sont presque laissées pour compte.
Souvent considérés comme des bon en rien, les handicapés sont obligés de recourir à la mendicité pour subvenir à leurs besoins.
Une ONG dénommée Solidarité Internationale Koundouwaka SIK a été créé à cet effet par l’artiste musicien Abraham Sonty.
A travers cette organisation humanitaire, l’artiste compte désormais contribuer à la réinsertion sociale des personnes handicapées.
Dans un entretien qu’il a accordé à notre rédaction, le concepteur de »Pompe à eau » est revenu sur les raisons de la mise en place de son ONG ainsi que son combat en faveur des personnes handicapées en Guinée.
Lisez plutôt !
Mosaiqueguinee.com : Bonjour. D’où est parti l’idée d’investir dans l’humanitaire et qu’est ce qu’on peut mettre à votre actif ?
Abraham Sonty : L’idée est partie du triste sort réservé aux handicapés. Ils sont relégués au dernier plan (…). Depuis 2010, j’investis dans l’humanitaire. En 2013, grâce à une amie américaine Charolles, on a distribué plus de 516 fauteuils roulants à toutes personnes handicapées de Guinée, à hauteur de 3 milliards GNF. Au début de la Covid-19, j’avais distribué des kits sanitaires à la cité solidarité, j’ai également eu à financer la formation de beaucoup de handicapés. Avant je ne voulais pas m’afficher, mais les gens m’ont dit de mettre mon influence et ma personnalité en avant pour mettre en place mon ONG. Cette fois-ci, je compte m’impliquer corps et âme pour changer la vie des handicapés.
Quel regard portez-vous sur la situation des handicapés en Guinée ?
Les handicapés sont laissés pour compte et abandonnés par tout le monde, même par leurs propres parents, personne n’a besoin d’eux. Pire, on ne cherche même pas à savoir s’ils ont des potentialités ou pas. Alors que parmi eux, il y a des intellectuels, des hommes et femmes de métier. Malheureusement, ils sont abandonnés et ils se sentent laisser pour compte, il sont frustrés. C’est pourquoi ils sont nerveux. Aujourd’hui ils ont besoin d’être rassurés, entourés, encadrés, et conscientisés.
A travers votre ONG SIK comment comptez-vous sortir les personnes handicapées de la mendicité et de l’extrême pauvreté ?
Il faut qu’on les considère, qu’ils sentent qu’ils ne sont pas abandonnés et qu’ils ne sont pas seuls. Et mon ONG Solidarité Internationale Koundouwaka » sera à leur côté. Je vais à chaque fois organiser des évènements et activités en leur nom pour les accompagner. Je vais les conscientiser, leur donner des formations, encadrer leurs enfants. Il faut qu’il y ait des structures autour d’eux pour les accompagner et les gérer. Je veux être utile à mon pays en m’impliquant dans la réinsertion sociale et professionnelle des handicapés parce que moi même je suis handicapé. Et moi je suis fier d’être handicapé (…). Aujourd’hui on m’appelle pied magique. Il y a d’autres personnes valides qui veulent être comme moi aujourd’hui. Alors qu’ils sachent que leur handicap n’est pas une fatalité. Je leur demande d’accepter leur handicap et de chercher à en tirer profit. C’est pourquoi je compte venir auprès du gouvernement pour qu’on se donne la main dans l’intérêt des handicapés de notre pays.
Comment mobiliserez-vous les fonds pour pouvoir atteindre vos objectifs ?
Étant handicapé je suis déterminé à les aider à ma manière à travers mes tournées et je me battrai dans ce sens c’est pourquoi le slogan : un cœur pour les autres. Des tournées dans les huit régions administratives du pays sont prévues à cet effet, cette année.
Avez-vous le soutien du gouvernement guinéen dans ce sens ?
Le gouvernement guinéen est obligé de nous accompagner, c’est son devoir, pourvu que le projet que nous lui présentons soit sérieux, ambitieux et prometteur. Et ce gouvernement qui est en place est prêt à nous accompagner parce que les handicapés ne sont autres que nos enfants, nos frères et sœurs… Et J’ose vous dire que le gouvernement est plus prêt que nous, à ce jour.
Quel délai donnez-vous aux guinéens pour sortir les handicapés de la mendicité ?
Je donne une année au maximum pour sortir les handicapés de la rue. Je demande aux autorités de m’accorder juste une année avec toutes les chances de réussir ma mission et je vous assure que toute la Guinée va être fière des handicapés guinéens.
Quel appel avez-vous à l’endroit des bonnes volontés ?
J’invite les bonnes volontés et toute autres personnes soucieuses du sort des personnes handicapées de se joindre à notre combat. Afin qu’ensemble, nous puissions rendre les handicapés heureux, en changeant leur image. En Europe les personnes handicapées ont beaucoup plus de privilèges que les autres.
Je vous remercie !
Interview réalisée par Alhassane Fofana