En prélude de la célébration de la journée internationale tolérance zéro contre les mutilations génitales féminines, l’UNICEF en collaboration avec le secrétariat général aux affaires religieuses, les communautés à la base et les leaders religieux, sensibilise sur les enjeux liés à ce phénomène pourtant très pratiqué encore en Guinée.
Ce vendredi 4 février et après d’autres quartiers de Conakry, l’UNICEF, ces acteurs ont échangé avec les populations de Ratoma. L’objectif consiste à faire en sorte de contribuer à l’atteinte de l’objectif de zéro MGF en 2030.
« Cette campagne de sensibilisation se situe dans le cadre de la célébration de la journée internationale tolérance zéro aux mutilations génitales féminines prévue le 6 février prochain. Depuis le 4 février dernier, on l’a démarrée en organisant des débats dans les quartiers entre les leaders religieux et ensuite, entre les communautés et les religieux sur le fondement religieux ou non des MGF. Parce que, parmi les raisons que les communautés avancent pour justifier la pratique, c’est de dire que c’est la religion qui le recommande. (…). L’objectif est d’atteindre l’élimination de la pratique des MGF dans le pays ou aider à faire baisser afin d’atteindre l’objectif de zéro MGF en 2030 dans le monde. Sur le terrain, on remarque qu’il y a des pour et des contre. Mais c’est petit à petit car c’est des pratiques ancestrales qui se sont enracinées pendant des centaines d’années », a affirmé Abdoulaye Baldé, spécialiste de la petite enfance au bureau de l’UNICEF Conakry en charge des pratiques néfastes.
Au cours de cet échange à la maison des jeunes de Ratoma, des messages utiles ont été passés. Selon Aboubacar Sidki Nabé, Directeur général adjoint du bureau de stratégie et développement du secrétariat général aux affaires religieuses, ces messages sont compris par le public cible et estime qu’ils seront mis en exécution sur le terrain.
« Nous sommes ici ce matin dans la commune de Ratoma pour conférer avec les communautés à la base et leurs leaders religieux (musulmans et chrétiens) sur la nécessité d’abandon des mutilations génitales féminines au regard des conséquences que cela cause à la junte féminine surtout sur le plan sanitaire. Comme vous le savez, la mutilation crée d’énormes problèmes aux femmes surtout dans le cadre de la santé de la reproduction, les infections et même la stérilité. Le rôle du secrétariat général aux affaires religieuses est de veiller de telle sorte que la population soit une population saine car une population saine est une population qui peut enclencher la croissance et le développement dans le pays. Nous pensons que le message est passé », a-t-il rassuré.
Présente à cette journée d’échanges, M’Mah Labass Sylla a conseillé ses sœurs, d’abandonner les mutilations génitales féminines car, selon cette victime des MGF, cette pratique rend la femme faible pendant l’acte sexuel et provoque aussi les règles douloureuses.
« L’excision est une affaire qui me concerne directement. Ce que j’ai subi avec l’excision joue jusqu’à présent sur ma santé surtout au moment de l’accouchement. Lors de ma première grossesse, le médecin était étonné et a affirmé que c’était grave pour ma santé et ma reproduction. (…). Je conseille donc aux femmes d’abandonner la pratique de l’excision. L’excision ne rend rien à la femme, elle provoque plutôt des problèmes chez la femme. L’excision rend la femme faible au moment des rapports sexuels, lui donne des règles douloureuses et beaucoup d’autres conséquences au moment de l’accouchement », a-t-elle lancé.
Cette première étape de la campagne va concerner, selon Abdoulaye Baldé de l’UNICEF, un quartier par commune à Conakry. Après la célébration de ladite journée le 6 février prochain, elle s’étendra dans les autres quartiers.
MohamedNana Bangoura